L’audience de l’affaire entre Etoile Filante de Garoua et la FIFA s’est tenue ce mercredi comme prévu au Tribunal Arbitral du Sport à Lausanne en Suisse. Le président du club de Garoua nous explique les enjeux de cette audience et évoque les solutions de sortie de crise à la Fécafoot.
Comment s’est déroulée l’audience au Tas portant sur l’affaire Etoile Filante de Garoua contre la Fifa, hier 17 mai 2017 ?
L’audience s’est déroulée en toute sérénité. La FIFA a beaucoup plus insisté sur des questions de procédure. Nous avons pu restituer au juge Pierre Muller le contexte dans lequel tous ces litiges sont nés et nous avons surtout insisté sur l’attitude de la FIFA qui continue de violer ses propres statuts au Cameroun et de bafouer son principe le plus sacré, à savoir, la non-ingérence des tiers dans les affaires d’une association nationale. Nous avons atteint le but recherché dans la mesure où l’arbitre unique nous a confirmé qu’il avait désormais une compréhension beaucoup plus claire des faits. Il ne comprenait pas par exemple comment un autre club du nom d’Etoile Filante de Garoua a pu être créé en 2015 et recevoir l’agrément du Ministre des Sports et l’Education Physique.
A quand la prochaine audience au Tas sur cette affaire ?
Il n’y aura probablement pas une autre audience. Le juge Pierre Muller nous a informés qu’il rendra dans les jours qui viennent une sentence sur toutes les questions de procédure soulevées par les avocats de la Fifa.
Le Tas a désigné un juge unique Pierre Muller, pour connaître de cette affaire. Ne redoutez-vous pas le fait que cela ressemble à la dernière procédure contre la Fécafoot où Bernard Foucher a mis assez de temps pour rendre son verdict alors que Tombi A Roko continuait à mener ses activités ?
Nous espérons vivement que les choses se passeront différemment. Dans cette procédure à laquelle vous faites allusion, nous sommes convaincus que justice n’a pas été rendue et que d’autres intérêts ont pu prévaloir. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons saisi le Tribunal fédéral suisse pour contester la sentence rendue par le TAS le 27 février 2017, malgré le fait qu’elle ait confirmé la nullité du processus électoral qui avait conduit M. Tombi A Roko à la tête de la FECAFOOT.
Quelles sont les chances d’Etoile Filante dans cette procédure contre la Fifa ?
Si on juge sur la base du droit, nous sommes confiants. Il est évident que les Lions Indomptables n’ont pas été engagés par la FECAFOOT dans cette compétition, M. Tombi A Roko, n’ayant aucun pouvoir pour le faire. Nous pensons que les Lions Indomptables pourront disposer d’une seconde chance en rejouant leurs matches contre l’Algérie et la Zambie dans le cadre du dernier tour éliminatoire de la Coupe du Monde 2018. Comme vous le savez, dans la situation actuelle, le Cameroun a seulement 10% de chance de se qualifier pour cette Coupe du Monde.
Pendant que cette procédure est en cours, Etoile Filante de Garoua, à travers son président que vous êtes, fait partie des personnes invitées par la Fifa à une réunion le 08 juin prochain. Serez-vous présent à cette réunion ?
Nous avons fait part, par écrit, à la Secrétaire Générale de la FIFA de nos réserves depuis le 8 mai courant et nous attendons sa réponse. Pour nous, convier M.Tombi A Roko et M. Blaise Moussa à cette réunion constitue déjà une violation des statuts et règlements de la FIFA. L’article 19.3 des statuts dispose que la FIFA ne reconnaît pas l’exécutif non élu d’une fédération. Et comme vous le savez, M. Tombi n’a pas été élu puisque l’annulation de son élection est devenue définitive depuis Le 10 décembre 2015 et que cela a été confirmé par le TAS. À ce stade, je ne peux donc pas vous dire si je serai présent ou non à cette réunion organisée par la FIFA.
Si vous y allez, pensez-vous que la Fifa puisse régler définitivement cette crise à la Fécafoot à l’issue de cette rencontre ?
En tant qu’instance faîtière du football mondial, c’est sa responsabilité de trouver des solutions. Mais on voit bien que jusqu’ici, la FIFA a contribué à compliquer la situation au Cameroun en cherchant à tous les prix à imposer certaines personnes à la tête de notre fédération. Nous croyions que cette tendance à vouloir à tout prix assujettir les dirigeants des fédérations nationales des pays en développement était propre à M. Blatter. Ce n’est malheureusement pas le cas, son successeur poursuit les mêmes objectifs.
Si vous n’y allez pas finalement, ne pensez-vous pas qu’en tant que membre de cette association, vous aurez commis une erreur ?
L’erreur est humaine. Tout le monde peut en commettre. Mais j’ai toujours mis en avant les intérêts de notre football et de ses vrais acteurs. S’il arrive que je ne fasse pas le déplacement de Zurich le 8 juin prochain, ce serait certainement dans le souci de préserver les intérêts de ce football. C’est une responsabilité à prendre et j’assumerai pleinement. Exiger comme préalable le strict respect des décisions rendues par les juridictions compétentes n’est pas une demande exagérée à notre sens.
Que faut-il faire pour que le football camerounais sorte définitivement de cette crise qui dure depuis 2013 ?
C’est pourtant très simple. Le jour où chacun prendra conscience que les lois et les règlements sont faits pour être respectés et qu’en cas de non-respect chacun s’expose à des sanctions, on sera sorti de l’auberge. Malheureusement, aujourd’hui, certaines personnes pensent être au-dessus la loi et se permettent tout, en commençant par le ministre de tutelle qui a pourtant la responsabilité première de veiller au respect de la loi qui gouverne le fonctionnement du sport au Cameroun.
Propos recueillis par Achille Chountsa