Président de Panthère Security fille de Ngaoundéré, il tente de passer au scanner la nouvelle saison de football féminin lancée il y a un mois à Yaoundé. L’homme évoque également l’épineux problème du difficile accompagnement de cette discipline par les sponsors et les mécènes.
Sous quel signe avez-vous placé cette édition 2016 du championnat de football féminin ?
C’est sous le signe de la consolidation des acquis. Au moment où nous mettions sous pied cette équipe, c’était une curiosité pour ceux qui connaissent les habitudes des musulmans. Dieu merci avec le temps, Panthère Security a réussi à s’imposer. Et nous continuons dans cette lancée.
Trois journées après le démarrage, comment appréciez-vous le niveau de la compétition ?
La compétition est d’un bon niveau. Le nivellement est à tous les niveaux sur le plan technique. Il ne faut pas se limiter aux scores qui sonnent comme la suprématie de certaines équipes sur d’autres que non. Donnons nous rendez-vous à la fin de la saison et vous verrez que le football féminin a gagné en maturité avec en prime moins de déchets mais plus d’envie de démontrer que tout est possible lorsqu’on y met de la volonté..
Une équipe qui a pour base la région du Nord et qui doit constamment disputer des matchs dans la région du Centre, ça doit être onéreux. Comment faites-vous pour supporter les charges lorsqu’on sait que vous n’avez pas de sponsors ?
Nous faisons beaucoup de sacrifices pour être là. Vous-mêmes vous voyez la peine qui est la nôtre. Nous n’avons pas de sponsor. Notre double objectif est : entretenir nos jeunes compatriotes afin qu’elles puissent exprimer leur talent. Le football aujourd’hui c’est un métier. Donnons à chaque citoyen la possibilité de vivre de son art. Enfin, nous voulons encourager toutes les actions de notre Fédération. En retour, nous souhaitons qu’on prenne particulièrement en compte nos doléances. Qu’on sache que nous dépensons plus que les autres. Donc, dans le cadre des subventions, la commission se penche singulièrement sur notre cas.
Croyez-vous vraiment que la revalorisation de la subvention de la Fécafoot qui passe de 65 à 72 millions de Fcfa pourra contribuer à redorer le blason du football féminin au Cameroun ?
Non ! Cette subvention est vraiment petite pour ce football qui est un élément d’avenir. Nous espérons que la Fédération va le faire avec le temps. C’est un nouvel exécutif qui est là. Il a besoin d’un peu de temps.
Quels sont les véritables problèmes que vous rencontrez au quotidien dans la gestion de cette équipe qui est quand même quatre fois champion national ?
Nous avons besoin d’argent et d’accompagnement par les sponsors. Il faudrait en plus un calendrier qui nous stresse moins. Ce sont des joueuses qui aiment la carrière qu’elles ont embrassées. Cela demande en retour que nous prenions soin d’elles et qu’au moins le minimum leur soit accordé.
Un championnat sans les équipes du Littoral, n’est-ce pas un championnat au rabais ?
De l’absence des équipes du Littoral, nous sollicitons l’indulgence des nouveaux dirigeants fédéraux afin de les réintégrer. Certes il y’a eu une distraction dans la réaction des dirigeants de ces clubs. Mais comme on dit en Afrique, « on ne jette pas le bébé avec l’eau du bain ». Des départs des joueuses, il faut dire que cela fait partie du cycle normal des sportifs. Rien n’est définitif. En sont en pleine mutation. En retour, il nous revient de trouver les joueuses aussi talentueuses que celles qui sont parties.
S’il fallait faire des suggestions dans le sens de l’amélioration du football féminin au Cameroun, que proposeriez-vous ?
Que les annonceurs, en tenant compte des performances de nos sélections nationales nous accompagnent. Le Cameroun aujourd’hui fait partie des meilleurs pays du monde. La Fédération entend d’ailleurs donner une nouvelle impulsion à cela. Raison pour laquelle il y a eu un partenariat avec la fédération japonaise de football, l’une des meilleure du monde. Cette année, les Lionnes cadettes vont jouer la Coupe du monde en Jordanie alors que notre pays organise la CAN senior. Ce sont des moments de visibilité qui doivent être exploités.
Entretien avec Christou DOUBENA