DAKAR, Sénégal – Le pays de Léopold Sédar Senghor aurait-il perdu de son hospitalité légendaire? Peut être que oui. La délégation Camerounaise s’est vue jetée dehors hier soir aux alentours de 15 h 30 min par le directeur de l’hôtel Faidherbe où est logé PWD de Bamenda. Un « casse tête chinois » pour le chef de mission qui de sa carrière d’administrateur n’avait jamais connu un voyage aussi périlleux. Une situation difficile pour Alain Defrasne Djeumfa le plus jeune entraîneur du Cameroun engagé dans une compétition Africaine qui se bat bec et ongle pour calmer ses joueurs fous furieux et dans tous leurs états. Le coach et son capitaine nous ont fait part de leur état d’esprit.
Pendant que certains joueurs de PWD de Bamenda étaient sortis en ville aux alentours de 14 h à la recherche d’un restaurant Ghanéen afin de pouvoir déguster leur célèbre plat de ” Wata Foufou ” qui leur manque tant, les “Abakwa boys” étaient très loin de se douter que de retour, leurs valises les accueilleront sur le hall de l’hôtel. La mine serrée et le regard dur, le directeur de l’hôtel semblait rester ferme sur sa décision: ” A.S Douanes et la Fédération sénégalaise de football ne veulent plus couvrir les frais de votre séjour …” lâche t-il.
Un casse tête pour le chef de mission lui aussi dans la même galère que les joueurs. Buma Alexander l’adjoint D’Issa Bongam (président de PWD) dans tous ses états se devait donc de trouver au plus vite une solution. La première idée fut la recherche d’un hôtel très moins cher pour sauver les meubles. Une tache que Camfoot se chargera d’exécuter sans se faire prier. Vers 17 h le chef de Mission Mr Tadjoré, Mr Buma Alexander et ANGELA la trésorière de PWD se rendront illico au bureau de la Fédération Sénégalaise de football. De retour à l’hôtel où l’équipe était toujours sans domicile fixe, le chef de mission calmera les esprits en confirmant aux joueurs qu’une solution a été enfin trouvée avec la Fédération Sénégalaise de football: ” Nous remonterons nos valises à l’hôtel mais le nombre de chambres sera réduit. PWD de Bamenda payera une partie des frais pour le restant des jours avant notre départ samedi matin et la FEDE Sénégalaise payera l’autre…” C’est ainsi que les joueurs ont été repartis à 4 par chambre au lieu de 2 comme avant. Quant à la restauration, Mr Buma Alexander le président adjoint et la trésorière de PWD remettront à chaque joueur une petite somme d’argent pour la ration journalière. Une aide qui ne pourra évidemment servir que hors du très coûteux restaurant de l’hôtel. Vous avez dit mission impossible !
L’entraîneur de PWD face à Camfoot
Alain Defrasne Djeumfa: Bonsoir!
Camfoot.com: Quel sentiment vous anime dans cet imbroglio?
A.D.D: Je ne saurai quoi dire. Nous étions tranquillement couchés quand la direction de l’hôtel nous a dit de plier bagage. Je crois que c’est à la direction administrative du club et la fédération Sénégalaise de vous apporter plus d’éclaircissements là dessus.
Camfoot.com: Vous et vos poulains aviez été embarqués dans ce qu’on appellera une mission impossible. Non seulement vous arrivez le jour du match, en plus vous êtes menacés d’éviction de l’hôtel.
A.D.D: Comme vous avez pu le constater, ça pas été facile pour nous. Déjà nous avons quitté Bamenda le vendredi très tard pour arriver à Douala aux environs de 9 H du matin. Malgré toutes ces difficultés les gosses ont eu de la détermination au vu de tout ce qu’endure le club depuis fort longtemps. Mais la fatigue aidant et le carton rouge reçu infligé à un de mes joueurs en début de seconde période ont coupé court nos espoirs de qualification. A l’issue de la première mi-temps nous étions 0-0, mais à 20 mn de la fin du match nous avons encaissé trois buts. Donc ça été vraiment difficile pour nous. Aujourd’hui nous avons été menacés par le directeur de l’hôtel de libérer les lieux. Dieu merci tout est enfin rentré dans l’ordre je me dois de calmer les gosses qui sont fous furieux. Mais bon c’est ça la vie d’un coach.
Camfoot.com: Revenons un peu sur le match de samedi. Disposiez-vous au moins de tous vos éléments ?
A.D.D: Non pas du tout. PWD évolue depuis le début de la coupe avec seulement 16 licences CAF. Aujourd’hui nous avons dans le groupe deux blessés. Je disposais en tout d’un effectif de 16 joueurs. Plusieurs de nos titulaires ne possédant pas de licences CAF n’ont pas pu faire le déplacement sur Dakar. Mais si nous avions traversé cette étape des 8èmes de finale, toutes ces licences allaient être octroyées aux autres joueurs.
Camfoot.com: Hors mis la fatigue, il y a quand même eu de petits problèmes tactiques. Du côté des gradins où vous purgiez votre sanction suite au carton rouge reçu au match aller, quelque chose n’a pas fonctionné ?
A.D.D: C’est vrai que tout n’a pas fonctionné comme je voulais car il fallait apporter pas mal de modifications tactiques. Nous avons quatre joueurs qui n’ont pas joué à leur poste habituel, donc il fallait tout faire pour les adapter à leur nouveau poste ce qui n’est pas du tout aisé à ce stade de la compétition et vu le fait que nous jouons à l’extérieur. Mais bon les gosses ont donné le meilleur d’eux-mêmes. Le football est parfois comme ça, nous continuerons à travailler pour des lendemains meilleurs.
Camfoot.com: PWD qui a connu une très belle saison l’année dernière est actuellement classé 7è sur 8 en Championnat. Qu’est-ce qui explique cette chute libre du club phare de Mezam ?
A.D.D: C’est une très longue histoire s’il faut entrer dans les détails. Mais pour être simpliste, je dirai que nous avons débuté le championnat avec pas mal de difficultés de tout ordre. Nous avions un effectif de 17 joueurs et parfois nous étions obligés d’aligner des blessés pendant des matchs. Mais actuellement nous sommes entrain d’étoffer notre effectif et depuis quelques temps les choses commencent à s’arranger. D’ici peu PWD reprendra très certainement du poil de la bête et il faudra compter avec nous pour la phase retour.
Camfoot.com: Coach vos poulains connaissent actuellement une crise financière interminable et paraît-il qu’ils ne sont pas payés depuis pas mal de temps. Vous qui servez de lien entre les dirigeants du club et les joueurs comment vivez vous cette situation ?
A.D.D: Il est vraiment très difficile d’entraîner les joueurs et de les gérer dans une situation pareille. Parfois nous sommes obligés de modeler les séances d’entraînement. La performance d’une équipe étant le résultat de plusieurs paramètres notamment physique, tactique et surtout psychologique, il est difficile et voir impossible pour un entraîneur d’atteindre tous ses objectifs. Surtout si tous ces paramètres et surtout le psychologique ne sont pas rassemblés. Mais en tant que grand frère nous essayons de leur dire qu’ils ont un avenir à préparer et qu’il ne faille pas qu’ils baissent les bras. Mais espérons toujours que les dirigeants se battront pour sauver le club.
A.D.D: Pour ça je suis en contact avec le Président Issa Bongam qui je peux vous assurer fait beaucoup pour cette équipe. Je lui tire déjà un chapeau là dessus. Mais vous savez gérer une équipe tout seul n’est pas du tout facile; une équipe qui plus est engagée en compétition africaine. Son représentant, Mr Buma Alexander qui est ici avec nous, fait aussi de son mieux mais cela ne suffit pas. Nos équipes manquent cruellement de sponsors. Donc toutes les élites de la Mezam devraient mettre la main à la pâte pour soutenir le club.
Camfoot.com: Nous avons là une information que nous avons reçue de source sûre. Vous avez parait-il été contacté par les dirigeants d’un club huppé de la première division Sénégalaise pour entraîner leur équipe ?
A.D.D: Alors là vous êtes finalement au courant de tout. C’est vrai que j’ai été approché par des dirigeants d’un club d’ici qui m’ont fait des propositions mais rien n’est encore ficelé. Je verrai. Pour le moment mon objectif c’est de relancer PWD de Bamenda en championnat le reste on verra après.
Camfoot.com: Un dernier mot?
A.D.D: Vraiment bravo! Moi je suis habitué à Camfoot car j’avais déjà été interviewé par votre collègue de Douala. Vous faites beaucoup pour le football camerounais. D’ailleurs avant notre match aller contre l’A.S. Douanes à Douala, je n’avais aucune idée de notre futur adversaire. C’est grâce à votre article « PWD watch out » que j’ai eu une idée de ce que A.S. Douanes disposait comme effectif et internationaux. Vous voyez qu’en plus de nous donner des informations à chaud vous nous supervisez d’une certaine façon nos futurs adversaires. Les clubs n’ayant pas les moyens d’envoyer des gens superviser des adversaires sur place. Merci à votre équipe et pour tout ce que vous faites pour nous durant notre séjour ici.
Camfoot.com: Merci Coach.
Le capitaine de PWD face à camfoot
Andongcho Mathew: Evening
Camfoot.com: Do you speak French ?
A.M: I speak French just a little but I can understand it.
Camfoot.com: It doesn’t matter I ‘m gonna help you.
A.M: Ok let’s go.
Camfoot.com: Certainement très déçu après votre défaite et le voyage périlleux ?
A.M: Ah oui c’est pas facile du tout. Nous en avons déjà tout vu avec PWD, là c’est la totale. Non seulement nous étions arrivés le jour du match mais nous n’avions pas pu dormir pour au moins récupérer. En plus le climat d’ici est très chaud, mais c’est la vie d’un footballeur, nous n’avons pas le choix.
Camfoot.com: Capitaine dites nous exactement la situation que vous vivez au sein du PWD de Bamenda. Paraît-il que vous n’êtes pas payés depuis longtemps ?
A.M: Nous avons de gros problèmes financiers. Imaginez vous que nous n’avons ni de salaires ni même de prime de match en championnat comme en coupe de la CAF. Vraiment le moral est très très bas compte tenu du fait que cette situation ne fait que perdurer. Dieu merci le chef de mission qui a fait le déplacement avec nous a exigé qu’on nous paie la prime de ce match et chacun de nous a reçu une somme de 100 000 francs CFA.
Camfoot.com: Avez-vous les nouvelles de votre Président Issa Bongam ?
A.M: Pour ma part en qualité de capitaine et parlant au nom de mes coéquipiers nous ne savons pas qui gère l’équipe. Parfois on nous laisse entendre que le Président a téléphoné, mais financièrement nous n’avons que des promesses.
Camfoot.com: Si tous vos coéquipiers restés au pays au Cameroun pour divers problèmes avaient été là, auriez vous ramené un bon résultat de Dakar ?
A.M: Oui bien sûr. Si nous avions été au complet nous pouvions réaliser un exploit ici. Mais compte tenu de la situation financière du club, certains joueurs n’ont pas de passeport et d’autres pas de licences CAF. Mais c’est un problème de l’exécutif car nos dirigeants actuels ne mettent pas de minimum d’argent dans le club. Pourtant il y aurait un peu d’argent dans les caisses du club mais les dirigeants crient toujours galère.
Camfoot.com: En qualité de capitaine de cette équipe, de temps en temps vous causez avec vos coéquipiers, que pensent-ils de cette situation. Allez vous supporter cette crise jusqu’à la fin du championnat ?
A.M: Je passe tout mon temps à leur demander de supporter, c’est comme ça le football, mais là ils sont à bout et très découragés car les promesses de nos dirigeants ne tiennent toujours pas. Pire, la majorité des joueurs m’ont laissé entendre qu’une fois au pays, ils déserteront les séances d’entraînement et les prochain matchs jusqu’à ce que leur situation s’arrange. Mais j’essayerai toujours de les convaincre de ne pas se décourager. Cependant je crains que cette fois mes arguments ne soient pas solides. Il est quand même difficile d’admettre qu’un Président de club disparaisse depuis plus d’un an et ne fasse même pas le moindre signe de vie à ses joueurs. L’année dernière nous nous sommes battus pour qualifier le club en coupe de la CAF, mais jusque là nos efforts ont été vains. Vous voyez à quel point c’est difficile.
Camfoot.com: Donc depuis votre qualification en coupe de la CAF vous n’avez rien reçu ?
A.M: A part les 100 000 F CFA, après l’insistance du chef de mission. Nous n’avons reçu aucun radis, même pas les primes d’entraînement.
Camfoot.com: Merci et bon courage
A.M: Merci à vous autant.
Propos recueillis par Louis ABONDO à Dakar
