La 11ème journée du championnat camerounais qui s’est jouée le week-end dernier remet sur la sellette les difficultés qui sont le lot quotidien du football camerounais et ouvre la porte à plusieurs interrogations. Pourquoi la 11ème journée s’est -elle jouée en trois jours ? Le match Union -Sable sera-t-elle à rejouer ? Où va l’argent de la subvention de la Fecafoot ? Qu’est-ce qui explique l’impressionnante ascension de Mount Cameroon ? Pourquoi les « africains » sont sur le grill ?
Pourquoi la 11ème journée s’est -elle jouée en trois jours ?
La majorité des duels se sont déroulés dimanche comme c’est la tradition. Par contre, les « africains », au regard des coupes africaines qui se jouent le week-end prochain ont vu leurs rencontres programmées vendredi (union) et samedi dernier (coton). Ce qui fait que la 11ème journée s’est étalée sur trois jours. Le match Union -Sable ne s’est d’ailleurs pas joué pour une « une mauvaise programmation » de l’avis de Tamo Yérima, vice-président de Sable, qui déclare que ce « match doit être à rejouer, sinon… ». L’Union quant à elle, joue son match de coupe de la Caf contre Kwara United ce mercredi à Illorin (Nigeria). Ceci à cause de l’élection présidentielle qui est programmée ce dimanche au Nigeria. Un contre temps et désagrément (pas à l’avantage de l’Union) qu’on ne peut observer qu’en Afrique. Aux dernières nouvelles Union a été battu de justesse au Nigéria (3-2), donc éliminé après le 1-1 du match aller à Douala.
Pour preuve, le premier tour de l’élection présidentielle qui se déroule en Français ce même dimanche 22 avril ne va empêcher aux français d’aller se délecter des rencontres telles que Auxerre – Lyon ou encore le match au sommet Saint-Etienne – Bordeaux. On n’est pas dans le même contexte socio-politique, c’est évident.
Le match Union -Sable sera-t-il à rejouer ?
À Douala, certains fans estiment que les trois points du match non joué contre Sable est déjà puisque gagné par forfait. À Bafoussam et à Batié, on pense tout simplement que le match doit être à rejouer. Alors qu’on en est à ergoter, sans fin, sur ce sujet, Tamo Yérima, vice-président de Sable se confie à camfoot.com avec un ton autant dur que sentencieux : «j’ai faxé la lettre à la Fécafoot le 11 avril (deux jours le jour du match pour signifier l’incapacité du club à se déplacer à temps sur Douala)…. Puisqu’elle n’a pas répondu, je suppose qu’elle a répondu à mes doléances » et de conclure sec : « Le club doit continuer le championnat puisque je sais que le match Union-Sable, c’est un match à rejouer. Au cas contraire, nous allons abandonner le championnat ». Une patate chaude venue des terres fertiles des hauts plateaux qui atterrit sur la table de la Fécafoot, en état de grâce depuis, depuis le mois de mars, après la dernière assemblée générale de l’institution.
Où va l’argent de la subvention de la Fecafoot ?
Si les présidents de l’association des clubs de première division (Acpd) n’ont pas obtenu les 100 millions de Fcfa par club et par an qu’ils avaient exigés de la Fécafoot au compte de la subvention du football camerounais, ils ont, sur le fil, obtenu la promesse de payement d’un « bonus » de 10 millions sur les 8 millions de subvention du partenaire MTN, ce qui fait un total de 18 millions par club. La fédération avait avancé la somme de 5 millions comme acompte sur la subvention promise par club. Moins de deux mois après le déblocage de ces fonds, la subvention aux clubs de D1 fait déjà des gorges chaudes. La première alerte est venue de Sable ou le président aurait immédiatement empoché la subvention pour « amortir les investissements par lui consentis par lui jusque-là ». L’affaire prend d’autres tournures puisque Modeste Kammogne, qui avait pris la barque du club vient de rendre son tablier parce qu’ulcéré par des accusations de détournements de fonds. Auparavant, International Lion Ngoma, nouveau promu en D1, survit sans son président depuis environ un mois, qui de l’avis de certaines élites, aurait détourné la subvention de la Fécafoot allouée au club. Autant de bruits de casseroles qui emmènent à poser une question : si la subvention allouée par la Fecafoot ne va pas aux joueurs (les véritables destinataires de ces fonds), où va-t-elle finalement ?
L’impressionnante ascension de Mount Cameroon
Le gagnant de la 11ème journée qui s’est jouée le week-end dernier est sans conteste Mount Cameroun qui s’est hissé à la deuxième marche du podium avec 21 points (juste un point derrière le leader Cotonsport), grâce à six victoires (une prouesse que le club est seul à avoir réalisée avec Cotonsport), 3 nuls et seulement deux défaites. Un parcours impressionnant qui mérite qu’on tire un coup de chapeau au coach Etienne Sockeng et ses poulains. On se souvient qu’à la veille du démarrage du championnat, Mount Cameroun était relégué en D3. Conséquences, les barons ont fuit le club. Lorsqu’une semaine plus tard, le club est réhabilité, le coach Sokeng est obligé de composer avec une équipe très jeune issue pour la majorité du Centre de formation du club dont la moyenne d’âge est de 18 ans. Entre temps, le président Calvin Foïding, l’unique sponsor du club, après avoir entendu les critiques qui venaient de toute part, a intégré plusieurs chefs traditionnels (Sa majesté Endeley entre autres), notables et fils du Sud-Ouest, les fruits commencent à abonder. S’il faut reconnaître le mérite à l’équipe technique dirigée par Sockeng, la stabilité managériale qui s’impose peu à peu, beaucoup y voit dans ce succès la bénédiction des dieux du Mont Cameroun qui ont exaucé la prière des chefs traditionnels Bakwéri, les autochtones de la région.
Les « africains » sur le grill
Cette semaine est celle de tous les dangers pour les clubs camerounais engagés en compétitions africaines. Les trois ambassadeurs camerounais (Cotonsport, Union de Douala et Astres) sont, au regard des scores du match aller, en ballottage défavorable. Ces clubs, sur le grill, ont intérêt à se surpasser pour se qualifier pour les ¼ de finales, histoire d’entretenir l’espoir des fans. Car si en championnat, seul Cotonsport est le seul « africain » qui tire son épingle du jeu, Union se retrouve au ventre mou du championnat (7è sur 18 clubs avec 15 points et un match en retard), Astres quant à elle est très mal loti à la 11è place (son plus mauvais rang depuis son accession en D1) avec 13 points et un match en retard. Toute chose qui montre que les « africains » devraient déjà penser à l’après compétitions africaines.