Rencontré à la veille du match Libéria-Cameroun comptant pour la 4ème journée des éliminatoires de la Can 2008, l’ex gardien de buts international, aujourd’hui entraîneur national des gardiens de buts du Cameroun et de l’Espanyol de Barcelone était à la parade, prêt à répondre à toutes les questions, sans tabou tant que les choses restaient sur le terrain du football.
Les qualités des deux principaux gardiens des Lions, son activité en Espagne, ses projets pour une véritable pépinière de gardiens de buts au Cameroun, le choix du futur sélectionneur, les pistes de relance du football au Cameroun, les raisons de son éloignement du pays… Tout y est passé. Tommy est resté ouvert et détendu durant l’entretien, sortant parfois de sa surface de réparation, intervenant de manière musclée en dégageant aux poings, l’ancien ballon d’or d’Afrique se prononce sur les sujets brûlants de l’actualité du football camerounais dans une interview à bâtons rompus.
En dehors des matches des Lions indomptables, l’on ne vous voit pas trop au Cameroun…
On ne me voit pas parce que pendant l’été, j’anime des stages pour jeunes gardiens de buts. Ce qui fait que cela me prend le temps de mes congés pour pouvoir venir au Cameroun. C’est vrai que cela fait quand même quatre années que je n’ai pas passé deux à trois semaines au Cameroun. Peut-être que, cette fois, ce sera la bonne.
Le Cameroun ne vous manque-t-il pas ?
Le Cameroun ne me manque pas si je dois travailler. De même que si je dois venir au Cameroun avec un but précis, je viendrai avec plaisir. Mais s’il faut venir pour ne rien faire, vraiment, le Cameroun ne me manque pas. Parfois, il y a trop de choses choquantes au Cameroun. C’est pourquoi je préfère rester où je gagne mon petit pain.
Quel genre de choses vous choquent-elles?
Le non respect des personnes me fait mal parce que parfois, on est accusé sans raison. Ceux qui racontent ces choses-là ne prennent même pas souvent la peine de se rapprocher des personnes concernées avant de débiter leurs inepties. Ce sont des attitudes qui me choquent terriblement, même lorsqu’il ne s’agit pas de moi. J’ai de la peine pour les personnes calomniées qui sont au Cameroun.
Y a-t-il un cas spécifique au cours duquel vous avez été mis en cause?
Quand les Européens sont à la tête de la sélection nationale de football, vous n’entendrez jamais qu’ils ont pris de l’argent auprès des joueurs pour les sélectionner. Mais dès qu’il s’agit des nationaux, au moindre problème, à la moindre incompréhension, on avance l’argument pécuniaire en premier. Pourtant, Dieu seul sait que quand nous prenons des décisions, c’est avant tout dans l’intérêt de la nation.
Il y a quelque temps, des gens ont dit que si Charles Itanje n’est pas venu en sélection nationale, c’est parce qu’il ne m’avait pas donné de l’argent. Quand je pense comment j’ai dépensé mon argent pour que ce gardien de buts puisse venir au Cameroun… (Silence). Je payais mon transport de ma poche pour aller rencontrer le joueur afin de le convaincre de venir jouer pour nous. Parfois, c’est moi qui supportais les communications. Je vous raconte tout cela pour dire que je travaillais pour le pays. Je n’étais pas rémunéré. Mais cela n’a pas empêché que des gens me calomnient, que l’on dise que Itanje n’est pas venu au Cameroun par ma faute et cela parce qu’il ne m’a pas donné de l’argent. Cela fait très mal quand on entend ce genre de choses. A la limite, c’est blessant voire même humiliant. C’est pourquoi je préfère rester là où l’on a du respect pour moi, et entendre aboyer les loups très loin.
Comment s’est déroulé le dernier stage des Lions indomptables qui a eu lieu à Bruxelles ?
Le stage s’est très bien déroulé et dans de bonnes conditions. Chacun y a mis du sien. Le premier jour, nous avons juste eu un problème de froid. Par la suite, le climat s’est apaisé. Et nous avons profité pour travailler sur le gazon synthétique. Car c’était d’ailleurs là le but premier de ce stage organisé en Europe, alors que nous devions jouer en Afrique. Même si la surface n’est pas la même que celle sur laquelle les Lions vont jouer. Ce qui fait qu’aujourd’hui [samedi, 2 juin 2007], nous serons obligés de tout recommencer à zéro : nous adapter à une nouvelle pelouse. La pelouse de Monrovia est de première génération, alors que celle de Bruxelles est de la dernière génération. Ce qui signifie qu’elle est beaucoup plus moderne que celle d’ici [Monrovia].
Comment s’effectue la sélection des gardiens de buts en équipe nationale ?
Normalement, elle devrait se faire sur la base des éléments d’appréciation que nous avons de chacun de nos gardiens de buts. Malheureusement, ce n’est pas le cas. D’où l’idée de pouvoir connaître mieux bon nombre de gardiens de buts, pas seulement ceux évoluant en Europe. Je pense que les gardiens de buts qui restent à la maison [au Cameroun] sont ceux qui ont besoin de beaucoup plus de temps de travail. Ceux qui jouent à l’extérieur, avec leur club, ont un travail beaucoup plus approfondi. Ils bénéficient en outre de structures adéquates. Ce qui n’est pas le cas des locaux. C’est pourquoi, je pense qu’ils méritent d’être plus souvent suivis et avec beaucoup d’intérêt.
C’est ainsi que m’est venu l’idée de faire des stages, non pas seulement pour les gardiens de buts qui sont déjà en équipes nationales seniors, mais pour ceux qui sont dans les équipes nationales inférieures et pour les gardiens de buts qui aspirent à intégrer une sélection nationale de football. Ces stages seront également l’occasion de susciter des émulations. Au cours de ces stages, il ne s’agira pas seulement pour moi de transmette ma méthodologie aux gardiens de buts pendant un temps, mais de travailler avec des entraîneurs qui pourront, à leur tour, continuer le travail débuté.
Ces stages auront lieu au Cameroun ou à l’étranger ?
Pour que les charges ne pèsent pas, il serait mieux que ces stages se déroulent au Cameroun. Si on demande à les effectuer en Europe, ils coûteront beaucoup plus cher. Et nous ne sommes pas certains de pouvoir réunir les moyens nécessaires pour cela. L’idéal serait donc qu’ils aient lieu au Cameroun.
C’est une réflexion que vous mûrissez ou alors vous avez déjà pris des contacts avec des autorités camerounaises compétentes?
Je n’ai pas pris contacts avec les autorités compétentes. Mais j’ai tenté de voir avec des structures qui sont prêtes à nous aider dans le cadre du sponsoring. Je profite également pour lancer un appel à l’aide. Un tel projet ne dépend pas que de moi, mais davantage de ces partenaires-là.
Je tiens à ces stages-là, non pas parce que je voudrais pouvoir transmettre une méthodologie de travail. Mais il se trouve que le gardien africain, et camerounais en particulier, doit améliorer sa technique, parce que nous sommes déjà athlétiques. D’où l’intérêt de travailler notre point faible, la technique.
Habituellement, ce ne sont qu’Idriss Carlos Kameni et Souleymanou Hamidou que vous appelez en équipe nationale seniors…
(Sourire)… Mon idée est de commencer à préparer déjà la relève. On ne peut pas dire que ces deux gardiens sont éternels. Nous avons joué, puis nous avons passé la main. Et ils [Idriss Carlos Kameni et Souleymanou Hamidou] sont venus. Il faut déjà commencer à faire travailler ceux qui ont envie de le faire. Ce qui m’a suggéré de connaître mieux les gardiens de buts qui sont au Cameroun. Ce n’est qu’à partir de là qu’on peut avoir une bonne base de données de joueurs. Ce qui fera qu’à un moment donné, on pourra alors envisager, si l’on le souhaite, changer de gardiens de buts. Puisqu’il faudrait que dans une équipe, tout le monde mérite sa place. Que les uns et les autres aient les mêmes chances de se défendre, et de montrer ce dont ils sont capables.
Ne serait-ce pas un moyen, pour vous, de rattraper votre méconnaissance des gardiens de buts locaux du fait de votre éloignement…
C’est vrai (sourire)… Tout peut être compensé si nous avons une bonne équipe de travail. Dans mon club [Espanyol de Barcelone], nous avons atteint le stade où, même si je ne suis pas là aujourd’hui, le travail continue parce qu’il y a une donnée de travail. Donc les encadreurs savent ce qu’ils doivent faire, quand il faut le faire, selon que je sois là ou non. Vous me diriez qu’il s’agit d‘un club professionnel où l’on retrouve des entraîneurs de gardiens de buts et des assistants. Mais l’important est qu’ils mettent en place une méthodologie de travail commune de manière à poursuivre, même en l’absence de l’entraîneur des gardiens de buts principal, un travail débuté. De même qu’ils peuvent faire autre chose qui est prévu dans le programme de travail qu’ils connaissent.
C’est à cet esprit d’équipe que je voudrais qu’on arrive au Cameroun. Ainsi, les uns et les autres pourraient être informés sur qui joue bien, qui est en forme, qui ne l’est pas. Et pour y parvenir, il faudrait effectuer des stages une fois par mois. Ou alors profiter des regroupements des Lions indomptables pour pouvoir intégrer un ou deux gardiens de buts afin que je puisse travailler avec eux de façon continue.
Qu’est-ce qui fait la spécificité de Kameni et de Souleymanou ?
Ce sont deux gardiens de buts complètement différents. Chacun a sa qualité première. Certes, il y en a un qui profite du fait d’être avec moi toute la saison. C’est ainsi que je le fais progresser en fonction de ce que j’attends de lui. Il a un talent pur. L’autre, c’est quelqu’un qui est parvenu à force de travail. Il a dû travailler très dur pour se hisser au meilleur niveau.
Toutefois, je pense que dans le football ceux qui ont le talent pur peuvent se démarquer plus facilement que ceux qui n’en ont pas et qui doivent travailler pour y arriver. Souley appartient à ce deuxième groupe. C’est un bon gardien. Il donne un bon rendement, quand on le lui demande. On ne peut pas s’en plaindre.
Vous travaillez avec eux en fonction de leur capacités et lacunes ou alors le programme de travail est le même pour tous les deux ?
Le programme de travail est le même pour tous les deux. On ne peut avoir un programme de travail spécifique avec un gardien de buts que si on le suit toute l’année durant. De même, que si besoin est, on pourrait alors changer ledit programme suivant les lacunes du gardien de buts que l’on a aperçu durant le championnat ou durant l’année. Par exemple, j’ai travaillé avec Carlos durant toute l’année afin de faire de lui un libéro en quelque sorte de l’équipe. C’est un aspect tactique ignoré de nombre de personnes. En outre, il a travaillé avec moi la relève car, il y a une façon spécifique pour un gardien de buts de se relever du sol, en tournant tout autour de lui. Durant un mois à Bamako, après les entraînements, Carlos avait 15 à 20 minutes pour pouvoir s’améliorer. Même si c’est par ailleurs vrai qu’il est un produit fini.
Je dois cependant avouer que l’on ne vient pas en équipe nationale pour apprendre, mais pour donner un rendement, faire un bon résultat. C’est également vrai qu’on peut s’améliorer à travers un aspect théorique ou en s’affranchissant d’une décision mal prise. De même qu’une bonne lecture du jeu permet encore de s’améliorer beaucoup plus rapidement. En effet, un conseil donné peut aider le gardien de buts à s’améliorer. De même que quand on commet une erreur, on cherche à s’améliorer, à aller de l’avant.
Qu’est-ce qui explique le fait que le Cameroun possède de bons gardiens de buts, mais qui ne parviennent cependant pas à percer à l’étranger?
C’est tout ce que je vous ai dit plus haut. La bonne lecture du jeu et les aspects techniques et tactiques sont très importants pour un gardien qui veut réussir. Si ces trois éléments fondamentaux ne sont pas respectés, vous ne pouvez pas jouer en élite parce que votre jeu comportera beaucoup de lacunes. Il y a en effet de nombreux jeunes [gardiens de buts] camerounais qui sortent [de leur dernier rectangle]. Ils ont pris cette décision de sortir, peut-être parce qu’ils lisent bien le jeu. Mais personne ne leur a appris cela. Et tout cela se travaille dès le bas âge. Ce n’est pas lorsque vous allez arriver en élite que vous allez l’apprendre. Il y en a qui le font, naturellement, parce qu’ils sentent le jeu. D’autres, par contre, ne le font pas parce qu’ils ne sentent pas ce geste ou alors ils ne l’ont pas travaillé bien avant. Et lorsque demain, vous allez prendre la décision de devenir professionnel, vous ne pourriez pas vous en sortir, car votre jeu sera fait de plein de déchets. En ce qui me concerne, je ne pourrai pas retenir un gardien de but qui n’est pas technique et athlétique.
Le championnat d’Espagne s’achève bientôt. Qu’allez-vous faire après ?
Le championnat d’Espagne s’achève exactement dans deux semaines. Nous prenons les congés le 18 juin. Après, chacun ira se reposer. Je voudrais remettre le compteur à zéro. Cette année, je vais faire exception, je ne vais pas animer mon stage de fin de saison. Je suis donc obligé de remettre les compteurs à zéro, puis reprendre les entraînements le 18 juillet 2007. Sauf si on me demande de m’occuper de toute la base, c’est-à-dire à partir des jeunes jusqu’aux professionnels… Pour le moment, ce ne sont que des projets.
Parlez-nous de ces camps d’entraînements que vous animez pendant les vacances. Il s’agit de quoi ? Qui y prend part ?
Comme le nom l’indique, il s’agit des camps d’entraînement comme tous les autres. Ils se déroulent en France, en Espagne… Bref, partout, sauf chez nous [au Cameroun]. C’est vrai que s’il faut organiser un camp d’entraînement pareil chez nous, il faut des gens préparés pour cela. Moi, j’anime un camp destiné uniquement aux gardiens de buts, qui ne viennent pas que de la Catalogne, mais de toute l’Espagne. Ils sont répartis en trois camps qui ont lieu durant les mois de juin, juillet et août. Ce n’est pas une occupation ; mais c’est avec grand plaisir qu’on anime lesdits camps. Surtout quand on voit comment les jeunes ont soif de recevoir les enseignements que nous leur dispensons.
Le Cameroun recherche un entraîneur sélectionneur. N’êtes vous pas intéressé?
Non. Cela n’a jamais été ma vocation. Celle d’entraînement de gardien de buts est également une vocation, et c’est la mienne. L’équipe du Cameroun cherche un entraîneur. Il y a tellement de choses à demander au Cameroun que je ne sais pas si on pourrait me les donner.
Par exemple ?
(Hésitation)… S’il m’arrivait d’être entraîneur-sélectionneur, même si je pense par ailleurs que cela ne m’arrivera jamais, la première des choses qu’on devrait me demander est de venir m’installer au Cameroun. C’est avec plaisir que je reviens toujours. Mais… (Hésitation), je ne suis pas tenté d’être entraîneur national. La position dans laquelle je me trouve en ce moment est telle que je me sens très bien dans mon rôle, que je me contente des seconds rôles. J’ai toujours été quelqu’un de l’ombre. Et durant toute ma carrière, bien qu’en étant dans l’ombre, j’ai toujours cherché à être efficace. Etant la personne de Jules [Frédéric Nyongha, l’actuel sélectionneur par intérim], je préfère être derrière et essayer de l’accompagner dans cette aventure passionnante. Quitte à ce qu’on dise le contraire après. Mais pour nous, le plus important, en ce moment, est que le Cameroun puisse se qualifier. Et après, qu’ils [le ministère des Sports et de l’Education physique et la Fédération camerounaise de football] prennent la décision qu’ils veulent : nous confirmer ou alors prendre quelqu’un d’autre. L’essentiel aura été fait : que le football camerounais puisse recommencer à revivre car c’est important.
Pour vous, quelles sont les bases d’une relance du football camerounais ?
Les bases sont au Cameroun. Beaucoup de personnes pensent que c’est en équipe première, un avis que je ne partage pas. Celui qu’on nommera entraîneur-sélectionneur du Cameroun devra avoir sa base au Cameroun car c’est là-bas qu’il y a le travail. Il devra travailler avec les jeunes et les locaux afin d’avoir une base de joueurs. Je crois que c’est là où le bât blesse. De nos jours, un entraîneur doit avoir une base de trente joueurs avec qui il travaille. Les réunir au moins une fois par an puisque nous sommes en train de préparer le mondial 2010. Si nous ne le faisons pas, nous allons être pris de cours. Et je crois même que c’est déjà le cas. C’est pourquoi il faut faire vite. Je crois qu’à partir de là, le football pourrait revivre. On ne pourra pas compter éternellement sur les joueurs professionnels.
Est-ce que le football camerounais peut revivre uniquement parce que l’équipe nationale seniors fait des résultats ?
Non, et c’est justement ce que je suis en train de dire : le football camerounais ne va revivre que si 30% au moins de joueurs de l’équipe nationale sont des locaux. A partir de là, les joueurs qui évoluent encore au Cameroun seront emmenés à travailler parce qu’ils sauront qu’on peut également les appeler en sélection nationale. Ce qui aura pour incidence de relever les compétitions locales.
Par contre, tant que l’on a 100% de joueurs de l’équipe nationale qui viennent d’Europe, tous les jeunes qui sont au pays seront tentés de s’expatrier parce que sachant que ce n’est que par là qu’ils pourraient avoir la chance d’être convoqués chez les Lions indomptables. C’est la raison pour laquelle nous assistons à ce désir impérieux des jeunes footballeurs de s’expatrier. Même s’ils ne sont pas toujours talentueux.
Une fois de plus, celui qui aura la charge de la sélection nationale devrait s’atteler à changer cette image-là qui voudrait qu’on n’appelle que des professionnels en équipe nationale. L’avantage d’avoir cette base de trente joueurs locaux lui facilitera la tache lorsqu’il voudra monter l’équipe première. Il y aura déjà une symbiose entre le technicien et les joueurs qui sauront ce que l’entraîneur pense et attend d’eux. Ce qu’ils mettront plus aisément en pratique. Cette politique a l’avantage de faciliter la tache à tout le monde.
La Fécafoot, dans son processus de recherche d’un entraîneur sélectionneur, a exclu les locaux parce que, dit-elle, ils n’ont pas de personnalité. Qu’en pensez-vous ?
En ce qui me concerne, je ne manque pas de personnalité. Quand j’ai à prendre une décision, je la prends sans état d’âme. Je crois que dans mon rôle actuel j’ai de la personnalité. Et personne ne peut me dire que ce n’est pas le cas parce que quand j’ai eu à lancer Carlos Kameni contre le Brésil lors des Jeux olympiques de 2000 à Sydney, de nombreuses personnes n’ont pas approuvé mon choix au départ. Mais je l’ai fait. C’est un petit exemple que je prends, mais il illustre mieux ce que c’est avoir de la personnalité.
Imaginez-vous souvent gagner votre vie ailleurs que dans le football ?
Mon monde c’est le football. Quand on arrête de jouer à 35 ans, et que cela vous a tellement coûté car vous avez travaillé dur pendant toutes ces années, il est difficile de gagner sa vie ailleurs que dans le football. Et lorsque vous avez la chance, comme moi, de rester dans le milieu après votre carrière et surtout d’y bien gagner votre vie, ce n’est pas évident d’aller voir ailleurs.
Le problème qui se pose avec les footballeurs africains et camerounais en particulier, c’est que quand ils n’ont pas réussi de l’autre côté [à l’étranger], ils ne sont pas préparés à retourner au pays. Même si je dois dire aussi que notre société est pour beaucoup dans cette conception-là. Car, partir équivaut à réussir. Et quand vous ne réussissez pas, il faut être fort moralement pour être prêt à supporter les railleries des frères et amis. Quant à moi, je pense que je vais finir dans le football parce que c’est mon monde.
Entretien mené à Monrovia, par Bertille M. Bikoun