Suite à notre dossier « les footballeurs Camerounais à l’heure de la communication (1) », nous avons tendu notre micro à un des champions Olympiques de Sydney. Serge Branco puisqu’il s’agit de lui revient sur les raisons de la création de son propre site internet. Le sociétaire du Krylya Sovietov Samara revient également sur « l’affaire Bikey » qui a fait la une des journaux Russes et Britanniques pendant la période des transferts.
Camfoot.com: D’où vous est venu l’idée de créer un site Internet ?
Serge Branco: L’idée de créer un site Internet m’est venue spontanément. Je recevais beaucoup de courrier dans les différents clubs où j’ai eu à évoluer. Il y a beaucoup de personnes qui me posent des questions sur ma carrière sportive et ma vie en club. Et comme je ne peux pas répondre à tous le monde faute de temps, je me suis dit qu’il fallait trouver une solution. Ce n’est pas évident d’être actif sur le terrain et répondre à toutes les exigences de ceux qui aimeraient avoir plus d’informations sur moi. Je trouve ceci personnellement fatiguant. Puisque je pense qu’il est de mon devoir de donner des informations sur ma vie sportive, j’ai donc décidé de mettre sur pied ce site qui me permet de répondre directement aux questions de tous. Il faut dire également que l’idée a vraiment mûri quand j’ai rencontré un compatriote qui administre le site d’un autre international Camerounais.
Camfoot.com: Et après avoir mis ce site sur pied, avez-vous l’impression de vivre à présent une communion entre ce public et le joueur que vous êtes ?
Serge Branco: Bien sûr, je reçois le courrier de partout, les gens m’écrivent des quatre coins de la planète. Ce que je trouve vraiment impressionnant, il m’arrive de recevoir des mails des pays comme le Soudan, la Chine et même des pays éloignés de nous comme la Nouvelle-Zélande. Il y a par mis qui m’encourage, certains me disent que j’ai le meilleur site. C’est flatteur, mais le plus important à mes yeux est de donner toujours une image avec des informations actuelles pour que le contact reste entre ceux qui nous regardent et nous. Je remarque par exemple que si tu es international et que tu ne disputes pas les compétitions comme la Coupe du monde ou la Coupe d’Afrique des nations, les médias Africains ne font pas de toi un joueur important même si tu es dans un grand club et que tu as des mérites qui te font jouer comme titulaire. Ce que je trouve dommage, car les amoureux du football aiment bien avoir les informations sur tout le monde sans aucun préjugé. C’est pourquoi un média comme le votre est à féliciter, car il y a beaucoup de fans qui n’ont la possibilité de regarder les grandes compétitions qu’à la télé et je trouve aussi important qu’ils aient l’actualité des autres footballeurs qui ne sont pas forcement avec l’équipe nationale.
Camfoot.com: Est-ce que le choix d’un site n’est pas tout simplement la conséquence d’un effet de mode ou alors vous vous dites je me mets en parallèle avec l’évolution des nouvelles technologies … je joue ce soir et à la minute d’après tout le monde peut-être au courant de mon rendement et de ma performance sur le terrain ?
Serge Branco: Je pense que c’est pour se mettre en parallèle avec l’évolution de l’information et tout simplement communiquer avec le public que j’ai accepté faire ce site. Il ne faut pas aussi cacher que ça permet de se mettre en valeur. Je connais beaucoup de footballeurs talentueux qui n’ont pas pu percer et d’autres moins talentueux qui ont des bons agents qui les mettent en valeur et qui percent. Je pense en toute honnêteté qu’il faut savoir vendre son talent. C’est exactement le cas d’un mec qui va faire la cour à une fille, il doit bien se mettre en valeur si non il n’est pas accepté.
« Je ne pense pas qu’on va jouer et foot et aller à l’école «
Camfoot.com: Vous êtes sans ignorez qu’il y a encore beaucoup de footballeurs Camerounais qui n’ont pas de site Internet et certains n’hésitent pas à refuser le micro tendu quand ils ne prononcent pas au total 2 phrases. Pensez-vous qu’en plus d’être joueurs les footballeurs devraient apprendre à communiquer avec la presse ?
Serge Branco: Rire … Je ne pense pas qu’on va jouer et foot et aller à l’école, c’est compliqué. Je n’ai jamais été par exemple un fan des cahiers. Je crois que ça dépend de l’éducation de tout un chacun, du caractère personnel, du cadre de vie dans le quel on a grandit c’est tout un mélange. Nous sommes tous des footballeurs, mais avec des éducations différentes. Il y a ceux qui avant d’être joueurs ont été sur les bancs. Les mentalités vont bientôt changer. J’ai des amis qui sont par exemple actif à l’équipe nationale et qui sont surpris d’être moins à la une dans les journaux que d’autres. Je dis tout simplement qu’il n’est pas nécessaire de fuir des journalistes qui ne font que informer le public qui ne demande que ça. Et quand je leur dis aussi que grâce à mon site tout le monde peut avoir des informations sur moi ils sont intéressés. Il y a plein qui m’ont déjà demandé le contact de celui qui travaille sur le mien. Ils le disent, mais sont-ils vraiment prêts à faire le dernier pas ? C’est ça le problème. Il y a déjà la volonté, mais à chacun ses motivations.
Camfoot.com: Est-ce que le fait d’hésiter à faire le dernier pas se réside dans le manque de volonté ou alors la méconnaissance de son importance ?
Serge Branco: Je pense qu’il y a un peu des deux. Ceux qui défendent actuellement le drapeau national se disent qu’ils sont à la une et donc pas important. Certains qui ont été veulent le faire pour tout simplement se montrer. Je suis contre ces positions car je pense qu’un site est fait pour donner des informations exactes et répondre aux questions des fans et des médias. Comme je vois ai dit au départ, je recevais beaucoup de courrier, depuis que j’ai mon site je reçois plus de mails. Et les jours où j’ai le temps, je m’assois devant mon ordinateur et je réponds moi-même à tous ces mails et minimum une fois la semaine.
Camfoot.com: Eto’o disait par exemple il y a 2 ans qu’il ne veut un site Internet par ce qu’il ne veut pas étaler sa vie privé. Un site veut-il dire ouvrir les portes de sa maison ?
Serge Branco: Il y a vie privée et vie privée. Ce que tu es réellement, peu de gens le savent. Avec les nouvelles technologies, il difficile de dire qu’on ne veut pas voir étaler sa vie privée. Je connais par exemple par la presse la vie de certains milliardaires Américains, des Basketteurs Allemands, Français et bien d’autres. Je pense qu’au lieu de laisser la place aux suspicions et des ragots, c’est mieux de prendre les devants pour dire ce qui est vrai … que ce soit dans son métier ou alors dans sa vie privée de footballeur. Je précise bien vie privée de footballeur ce qui n’a rien à voir avec ce qui se passe dans nos maisons. En fait, un site est fait pour communiquer d’abord avec ses fans. C’est plus comme il y a 20 ans où on pouvait dire du n’importe quoi aux camerounais. Tout le monde peut trouver les informations sur le net. Rassurez vous je ne reçois pas que des messages doux … il y a des insultes, des critiques. On ne peut pas empêcher les gens de penser ce qu’ils veulent et surtout que les critiques sont importantes pour nous. Quand on me pose une question sur ma famille, si je veux je réponds, si non je ne dis rien quand je ne juge pas nécessaire de donner une réponse.
« Le racisme est un cas général en Europe »
Camfoot.com: Avant de nous quitter, j’aimerais bien qu’on revienne sur ce qui a été l’affaire Bikey en Russie. Il a fait la une des journaux en dénonçant le racisme dont il a été victime. Il a cité des exemples de violences sur des joueurs Africains. Que s’est-il vraiment passé ? La Russie est-elle devenue un enfer ?
Serge Branco: Je comprends Bikey. J’essaye d’être avec ce qu’il a dit et en même temps contre. Je vais m’expliquer. Je crois que c’est son manque d’expérience en Europe qui explique cette situation. Avant d’arriver en Russie, il n’a pas eu à disputer d’autres championnats européens. Il m’a dit qu’il était dans les jeunes de l’Espanyol à Barcelone. Donc ça véritable expérience professionnelle a commencé ici. Contrairement à des joueurs comme moi qui ont connu les différents niveaux dans d’autres championnats. En Allemagne, j’ai été en quatrième et troisième division. Quand j’arrivais dans certaines villes, on me jetait des peaux de bananes, on me sifflait comme un singe. Personne n’en parle, car c’est à un niveau inférieur loin de la Bundesliga. Regardez en Italie, regardez en Espagne avec Eto’o … la Russie n’est pas un cas à part. Il faut le dénoncer, mais ne pas faire croire que la Russie est un enfer. Il y a par exemple Tchuisseu qui est là depuis plus de 9 ans et ne se plaint pas. Car je discute avec lui, il ne me donne pas l’impression de quelqu’un qui est prêt à partir de là. Je suis en Russie depuis 2 ans, Angbwa est arrivé cette année et il est autant que moi épanoui. Ce sont des exemples positifs. Il y a aussi des choses à dénoncer comme partout ailleurs. Depuis que je joue en Russie, je n’ai jamais eu de problème sauf contre une équipe de St Petersbourg où le racisme n’est plus un secret pour personne. Le racisme est un cas général en Europe. Par rapport à la grandeur du pays, je pense que c’est même moins répandu que dans le reste de l’Europe.
Camfoot.com: Ces déclarations ont-elles un lien avec la situation qu’il vivait ces derniers temps dans le lokomtiv de Moscou ?
Serge Branco: C’est vrai qu’il a eu un problème dans son équipe. Ce qui lui a valu une suspension. Il a été envoyé jouer avec les amateurs. Et il s’est longtemps entraîné avec la réserve. Je comprends qu’il ait été sur la colère avant de faire ces déclarations. Il m’a expliqué les raisons de sa suspension et je crois qu’il a voulu plus parler de son cas personnel que celui de nous tous. Je pense que c’est ce conflit qu’il a amplifié par le problème de racisme. Les joueurs en majorité de couleur noire ne sont pas des africains. Ils sont en majorité d’Amérique du sud et ne disent pas qu’il n y pas le racisme … au contraire, ils le disent comme partout ailleurs. La Russie a sa mentalité spécifique. Il ne faut pas s’attendre que ce soit comme l’Europe ou comme l’Asie, c’est un mélange. Moi-même j’ai eu des problèmes au départ. Après une saison, je me suis mis au rythme de ce pays. Au départ on se dit que c’est un pays de fou … mais quand tu t’adaptes il devient merveilleux.
Camfoot.com: Dans la presse Anglaise il a par contre fait allusion à un joueur Camerounais victime de violences physiques. Pouvez vous nous donner le nom de ce dernier ?
Serge Branco: Je crois que Bikey aurait du donner un nom. Comme ça les journalistes auraient directement demandé à celui-là ce qui s’est effectivement passé. Quand il parle de joueurs Camerounais, on se sent tous concerné. J’ai parlé avec Tchuisseu qui est là depuis longtemps, il se sent aussi concerné et pourtant il n’a jamais été victime de violence. Puisqu’il n’a pas donné de nom, on ne peut pas savoir. Quand les Russes me demandent si c’est moi la victime, je dis tout de suite non et Tchuisseu non plus. Je pense que ce n’est pas le plus important. Le racisme existe partout et il faut le dénoncer, mais ne pas faire croire que la Russie est un enfer froid, car son championnat est nettement supérieur à celui de beaucoup de pays d’Europe.
Camfoot.com: Ce qui veut dire que ces déclarations peuvent faire peur à ceux qui pensaient y venir ?
Serge Branco: Je pense que ce n’est pas une bonne chose pour ceux qui veulent venir pour y jouer. En Russie il y a un bon championnat. Il est plus élevé que les championnats Portugais, Suisse et même Belge. Il n y a qu’à regarder les performances en coupes européennes. Les gens pensent par exemple qu’on joue dans le froid. En hiver c’est la trêve. Et en plus – ça va vous amusez, mais – ceux qui veulent se remplir les poches peuvent passer par ici car le salaire est versé net sans impôts. Je ne veux pas polémiquer, on n’a pas discuté de ça, mais je pense que Bikey a eu un problème personnel avec son club.
Il m’arrive parfois de dépiter de nombreuses phrases pour dire une seule chose … depuis ta disparition subite, les mots me manquent pour traduire ma stupéfaction. Quand j’ai commencé ce dossier sur « les footballeurs Camerounais à l’heure de la communication », tu as été le premier à me donner ton point de vu et à me promettre quelques photos révélatrices. J’ai mal de voir en longueur de journée tes images défiler devant moi me rappelant que vanité des vanités, tout est vanité. Quand je pense que tu n’as décidé d’assister au match qu’à la dernière minute et qu’au lieu de rentrer sur Bafoussam lundi matin, tu prévoyais le faire la veille (Dimanche soir) … je ne peux que crier à la cruauté du destin. Si Jeune et déjà si loin de nous tu nous manqueras à jamais Kisito. Bye Bye Kingamat, nous continuerons à ouvrer pour ta passion qui était le football. Que la terre de nos ancêtres te soit légère.