Les 300 gendarmes et policiers requis par les responsables de l’université de Soa ont été très vite débordés. A l’annonce de l’arrivée du pichichi de Barcelone, les étudiants ont investi la cour du campus, de l’entrée principale à la salle des actes.
Lorsque le footballeur est arrivé, le protocole a été très vite dépassé, au point où c’est en faisant des coudes que le recteur lui-même a pu accueillir le héros du football à l’entrée du rectorat. Il fallait que les hommes en tenue brandissent les matraques pour empêcher que cette foule n’envahisse les services du rectorat pour retrouver Eto’o et le recteur dans son bureau.
Pour sa sortie des bureaux du recteur, le protocole a utilisé une porte dérobée, qui l’a conduit vers le parking où était garé le véhicule de Jean Tabi Manga, dans lequel Eto’o s’est engouffré pour atteindre enfin la salle des actes. Mais la foule d’étudiants hystériques a campé devant la salle des actes où le goléador camerounais devait recevoir un prix de l’émergence sociale et professionnelle, décerné par l’université de Yaoundé II.
A la fin des cérémonies, l’excitation des étudiants a failli tourner en émeutes. Restées jusque-là très « démocratique », les forces de l’ordre ont cette fois-ci frappé. Ce qui a davantage révolté les étudiants devenus assaillants autour du véhicule d’Eto’o. Bousculades violentes puis des projectiles qui ont atterri sur le pare-brise arrière du véhicule 4×4 du champion camerounais et l’ont brisé.
Quelques étudiants ont encore reçu des coups de fouet mais aucune arrestation n’a été opérée par les forces de l’ordre qui sont reparties, alors que les étudiants se plaignaient de n’avoir pas pu toucher leur idole de footballeur. Eto’o est venu à Soa, à l’invitation du Club universitaire des amis d’Eto’o (Cause) et du recteur de l’université, le Pr. Jean Tabi Manga. Depuis plusieurs mois ce club a engagé des discussions avec la Fondation Samuel Eto’o , au sujet du parrainage de certaines activités dudit club au sein de l’université de Yaoundé II.
Cette convention a été signée ce jeudi, 28 juin, entre le recteur et le footballeur, en présence du ministre des Sports, Augustin Edjoa et de son homologue de la Jeunesse, Adoum Garoua. D’autre part, l’université a donc décerné au footballeur, le Prix ingenium, qui veut désormais récompenser à Soa, les citoyens camerounais qui émergent dans les domaines de la science, des arts et du génie personnel.
S’exprimant sur le choix de Samuel Eto’o, Jean Tabi Manga révèle que ce prix vise à « secouer la morosité d’une jeunesse qui doute, qui se sent bloquée par la mondialisation, qui recherche des repères, des modèles de réussite ». Eto’o pour lui est « un modèle d’exemplarité dans la conscience de nos jeunes. Je voudrais leur dire, poursuit-il, que des Eto’o, on peut en trouver partout, chacun dans son domaine et qu’il n’est pas nécessaire de quitter le continent africain dans des conditions hasardeuses pour réussir ».
Ce vendredi, l’université de Yaoundé II poursuivra sa semaine de l’étudiant citoyen, par l’inauguration de nouveaux bâtiments devrant abriter les salles de cours et les bureaux d’enseignants. Mercredi, l’université a célébré « la journée de l’étudiant sportif et acteur culturel ». Le Pr. Tsafack Nanfosso (l’un des plus jeunes agrégés de cette université) et le chef d’entreprise Jacques Bimai, ont abordé la question de l’émergence des Camerounais, en droite ligne de cette formule (Emergence) chère à Jean Tabi Manga.
Venant Mboua