Au vu du large traitement qu’a accordé la presse camerounaise au précieux arrêté du ministre des Sports et de l’éducation physique, nommant, lundi dernier, le nouvel entraîneur sélectionneur des Lions indomptables, on peut dire qu’elle n’a pas dormi. Et pour cause, il y avait évènement. L’attente avait été longue, très longue même pour une équipe qui nourrit des grandes ambitions. Les journalistes sportifs camerounais, dans l’ensemble, n’auront pas été vraiment surpris, ni du choix d’Arthur Jorge, ni du jour de publication de l’arrêté.
Ce d’autant que, dans son édition du jour-J, le quotidien gouvernemental, donc très proche de « dieu », avait déjà annoncé que ce n’était qu’une affaire de quelques heures. Et à 13 heures, au journal parlé du poste national, la nouvelle tombe. Et fait, le lendemain, les choux gras de la presse nationale…
« C’est lui ! », indique le quotidien La Nouvelle expression à l’ouverture de son édition du mardi 11 janvier. Comme pour illustrer la grande photo portrait qui barre sa Une. Un monsieur moustachu, visiblement très sérieux. Le journal de Sévérin Tchounkeu s’exclame: « Arthur Jorge, enfin ! », le nouveau sélectionneur des Lions indomptables du Cameroun. « Les tractations ont duré. Les noms ont été avancés. Le Portugais a raflé la mise », écrit Martin Camus Mimb, dans sa page 3.
La même photo est visible à la Une du quotidien Cameroon tribune, également aux premières pages des quotidiens privés Mutations et Le Messager, et de l’hebdomadaire Global football qui y ont adjoint les images des autres célébrités, dans diverses contenances, qui vont accompagner le technicien portugais, à savoir Jules Frédéric Nyongha, l’entraîneur adjoint n°2, Yannick Noah, le conseiller et Patrick Mboma Dem, le médiateur. L’entraîneur adjoint n°2, Raoul Aguas n’est visible nulle part dans la presse camerounaise.
C’est donc, titre le journal de Puis Njawé, « La nouvelle équipe ». « 55 jours après le limogeage du technicien allemand Winfried Schäfer, l’encadrement technique des ions indomptables a été pourvu de nouveaux hommes », constate Le Messager en page 10, qui a joint au téléphone Jules Frédéric Nyongha, le nouvel entraîneur adjoint n°2. « C’est un plaisir de revenir.. », répond l’ex coach de Racing à Honoré Foimoukom.
Le premier quotidien privé camerounais relate l’ambiance de la veille au ministère des Sports et de l’éducation physique. A en croire Mutations, la cellule de Communication, située au sous-sol de ce ministère, a été plus visitée que d’habitude et, surtout, les agents en services se sont montrés plus disponibles qu’on ne le croyait. « Un fait rare ici, car d’habitude, pour avoir une information, il faut faire preuve de patience. (…) Après l’information donnée au journal de 13 h sur le poste national de la Crtv, les reporters des divers organes de presse se sont tous rués au ministère, comme des abeilles vers leurs ruches », raconte Priscille G. Moadougou. Chaque journaliste qui y venait en ressortait avec les biographies des nouveaux élus. Celles d’Athur Jorge et de Jules Frédéric Nyongha ont été largement publiées.
Les objectifs assignés par la tutelle à la nouvelle équipe dirigeante ont été bien relayés par les médias. Et dans leur intégralité par le quotidien gouvernemental Cameroon tribune. Il s’agit surtout « de qualifier l’équipe nationale du Cameroun à l’issue de la phase retour des éliminatoires couplées Can et coupe du monde 2006 ». La tâche ne sera pas aisée. Et les médias semblent le reconnaître.
« Le Cameroun qui a un retard de 4 points sur le premier au classement n’a plus droit à l’erreur. Il doit dès le mois de mars prochain gagner toutes les confrontations de deuxième tour s’il veut aller en Allemagne », conditionne Daniel Atangana en page 8 du millième numéro de Dikalo. Le journal spécialisé parle alors d’une « Mission Kamikaze ». Le nouvel entraîneur des Lions montre-t-il le chemin du succès? », s’interroge Global football. D’emblée, les profils des hommes nommés font l’affaire.
« Un géant du banc de touche »
« Pour une fois, du moins on est en droit de l’espérer, on ne parlera pas d’un entraîneur anonyme à la tête des Lions indomptables. A 59 ans (il est né en 1946, un 13 février comme Paul Biya), le curriculum vitae de Arthur Jorge, même élagué, ne tient pas sur moins d’une page », écrit Junior Binyam dans Mutations. Pour La Nouvelle expression, « L’évocation du seul nom d’Arthur Jorge dans les milieux du football fait frémir. Cet homme à la moustache qui rappelle fort bien Führer, affiche toujours une mine sévère, qui en dit long sur ses méthodes. Ce Portugais de 61 ans est réputé très rigoureux et, surtout, très sévère vis-à-vis des stars ».
On lit également en page 15 du journal de Martin Luther Dongkeng : « Il a déjà la réputation nécessaire, homme de poigne et de personnalité, rigide et méticuleux. On se souvient qu’il écarta de son onze type, George Weah alors qu’il était au sommet de son art et ceci, à la surprise de tous.» Global football ajoute que « le nouveau sélectionneur devra aussi donner la chance aux joueurs locaux jusqu’ici lésés. Pour cela, il devra résider au pays afin de mener une prospection profonde et sans équivoque. Ce qui lui permettra d’entamer le chantier tant souhaité de la relève et de la synchronisation dans le suivi et la progression échelonnée à partir des sélections inférieures.»
Bien vu, Cameroon Tribune parle de « Lions: Le Nouveau départ ». Makon ma Pondi écrit alors : « Il lui appartient désormais de prouver sur le terrain qui est véritablement l’homme de la situation. En d’autres termes que le Cameroun, en s’attachant ses services, a misé sur le bon cheval ». Mais dans Mutations, E. Gustave Samnick accuse : « …pour donner les meilleures chances à la nouvelle équipe technique d’atteindre les objectifs à elle assignés, il aurait sans doute fallu la désigner plus tôt. Le mystère dont l’on a voulu entourer cette nomination du successeur de Winfried Schäfer est tout simplement désolant. On ne peut pas nourrir de grandes ambitions pour une équipe nationale et la laisser ainsi en vadrouille pendant près de deux mois », lit-on en page 13. Et c’est de ce point de vue que le titre du quotidien de la Place Repiquet à Yaoundé est pertinent : « Nouveau staff : Peuvent-ils sauver les Lions ? ». That’s the question.
Kisito NGALAMOU, ngalamou@camfoot.com