Voilà à nouveau les Lions Indomptables. Cette fois, ils sont en route pour la Libye. Une route qui, nous l’espérons, conduit à une autre victoire. Une victoire qui, nous l’espérons également, balaiera les doutes, confirmera les espoirs et ouvrira un peu plus largement les portes qui donnent accès aux stades d’Egypte et d’Allemagne. Sur du papier, la Libye ne devrait pas, pour le Onze national camerounais, constituer un obstacle insurmontable.
Nous savons tous que le football africain et international n’est plus ce qu’il était. Surtout, il n’est plus l’apanage ou le jeu confisqué de quelques nations seulement. » Il n’y a plus de petites équipes « , a-t-on pris l’habitude de dire, pour avertir les soi-disant grandes formations que chaque match est devenu un piège dangereux pour tout le monde et que, concernant les résultats des rencontres, les » surprises » sont désormais tellement nombreuses qu’elles ne surprennent vraiment plus. Bref ! par rapport à ce que nous prenions hier pour les faits constants, le football n’a plus pour compagne la logique élémentaire ; plutôt, c’est dans l’inattendu, l’inconcevable et la sensation forte qu’il se taille à présent les empires de sa noble incertitude. Prenez la Coupe d’Europe qui est en train de se jouer. Le Portugal de Figo et de Pauleta partait grandissime favori devant la modeste Grèce dont personne ne se rappelle, à ce niveau de la compétition, le moindre exploit significatif. Et pourtant !…
La conclusion se tire d’elle-même, quand on revient au match que nos Lions Indomptables vont livrer le week-end prochain face aux Libyens : la victoire paraît facile ; mais, il faudra faire attention ; il faudra soigner la plus grande vigilance. Tout complexe de supériorité est à bannir absolument. Au contraire, il faudra s’appliquer, en puisant dans son bagage technique, son expérience et son courage ; il faudra également s’appliquer dans le respect de l’adversaire et des règles du jeu. Surtout et en tout, il faudra garder toute sa sérénité.
On pourrait, à juste titre, se demander pourquoi on devrait répéter ces choses presque évidentes que les Lions Indomptables, vieux routiers des stades, sont censés connaître parfaitement. La réponse va chercher dans deux sens. D’abord, répéter aux élèves les leçons qu’ils croient déjà avoir apprises et assimilées n’est pas mauvais du tout. Au contraire, c’est une méthode d’enseignement que les pédagogues recommandent vivement. Ensuite, n’oublions pas que le onze national camerounais et, avec lui, l’ensemble du football camerounais sortent à peine d’une situation tumultueuse dont les conséquences auraient été, si les choses en étaient restées là, d’une ampleur catastrophique. Du reste, il n’est pas évident que cette zone de turbulence soit déjà définitivement derrière nous. Toutefois, on note la volonté affirmée, aussi bien de la part des pouvoirs publics que de celle des acteurs principaux que sont les joueurs et leurs encadreurs divers, d’assainir notre football et de faire triompher sa seule cause véritable ; cette volonté l’emporte nettement aujourd’hui sur des passions, sur des considérations extra-sportives et sur d’autres querelles byzantines.
Il est donc important aujourd’hui, pour les Lions Indomptables, de retrouver leur pleine sérénité. Le temps des diversions est terminé. De la sérénité, les coéquipiers de Song Bahanag ont grandement besoin. Car, contre les Eléphants de Côte d’Ivoire ou contre les Phararons d’Egypte, tous les deux beaucoup plus coriaces (sur du papier) que les Béninois, le moindre cafouillage, sur le terrain ou dans l’organisation générale, pourrait se payer au comptant. Et lourdement.
Patrice ETOUNDI MBALLA