» La vie continue « . En trois mots, en une phrase lapidaire, le président de la Fecafoot, Iya Mohamed, a tiré leçon de l’élimination inattendue des Lions Indomptables. Avec réalisme. Avec dépit aussi. Bien évidemment, les responsables du football camerounais comme les supporters de l’équipe nationale savaient depuis longtemps qu’après le match de dimanche dernier, la vie devrait inéluctablement continuer. Avec espérions-nous, la présence des Lions Indomptables en phase finale de la Coupe du monde 2006 en Allemagne.
Maintenant que la vie compétitive du football mondial va continuer sans eux, il n’est pas trop tôt pour les patrons du football national de se mobiliser d’ores et déjà pour d’autres perspectives d’avenir.
Il y a, bien entendu, l’avenir proche. Il concerne la phase finale de la coupe d’Afrique des Nations 2006 en Egypte pour laquelle le Cameroun est qualifié. Avec quelques autres » grands » éliminés de la course vers la coupe du monde, comme les Super Eagles du Nigéria ou les Bafana Bafana d’Afrique du Sud, sans oublier le pays organisateur, à savoir l’Egypte, les Lions Indomptables y seront parmi les favoris. Au moins sur le papier. Le rendez-vous nécessite toujours une préparation adéquate tant sur le plan technique, culturel qu’administratif, pour créer et maintenir un climat de sérénité, faire mieux connaître le Cameroun et mettre l’équipe à l’abri de querelles voire de sanctions évitables comme ce fut le cas au Mali avec les maillots démembrés ou la tenue Uniq-T. L’heure n’est donc pas à la démobilisation . Tout au contraire !
Il y a aussi l’avenir moins proche. L’autre phase de la coupe du monde senior, vers laquelle le Cameroun ferait bien de lorgner d’ores et déjà qui se déroulera en 2010, dans cinq ans, sur le continent Africain, en Afrique du Sud. Point n’est besoin d’être devin ou sélectionneur pour avancer sans risque de se tromper que dans cinq ans, nombre de joueurs des Lions Indomptables ne seront plus au top de leur niveau ou par la force de l’âge auront raccroché. Comment ne pas penser dès lors à la prospection ? Parmi ceux qui font parler aujourd’hui les Lions Indomptables et qui évoluent dans les championnats professionnels en Europe ou ailleurs figurent des anciens joueurs des écoles camerounaises de footbball à l’instar d’Eto’o Fils ou de clubs juniors dont disposait il y a quelques années chaque équipe de première division. Comment découvrir et former d’autres talents, dans un contexte où les championnats de jeunes, juniors et cadets, sont négligés ou oubliés ? Moins spectaculaire et sans doute moins » payant « , le travail de prospection participe de la construction de l’avenir.
L’autre grand chantier à partir duquel le football camerounais doit rebondir est celui des infrastructures. Ce n’est pas nouveau de le dire. Tout le monde en parle depuis des années, des ministres en charge des sports aux responsables de la Fecafoot en passant par la presse et le public : la notoriété du foot camerounais est inversement proportionnelle à la qualité de ses stades. C’est un paradoxe connu. Les annonces faites par la Fécafoot d’achat de terrains à Mbankomo ou à Odza ont suscité jusqu’à présent de vains espoirs. Les cinq prochaines années pourraient, pourquoi pas, donner le temps pour ouvrir le chantier d’un ou plusieurs grands stades modernes de football dans la capitale avec le concours de pays amis et de la FIFA. La prospection, l’encadrement des jeunes et la construction d’un stade moderne sont deux chantiers mobilisateurs qui contribueront à une meilleure image du football camerounais. A l’heure du football spectacle, les résultats sont les fruits d’un travail multipolaire et efficace à long terme.
ESSAMA ESSOMBA