Le 9 juillet dernier, alors que se déroulait le dernier acte de la coupe du monde 2006 en Allemagne, la plupart des pays se projetaient déjà vers 2010 et l’Afrique du sud, théâtre de la prochaine coupe du monde de football. Dans les états-majors, on a commencé à définir des stratégies et à concevoir des programmes pour faire bonne figure en Afrique du Sud.
Les différentes sélections nationales, tirant les leçons de leur participation ou non à la 18e coupe du monde, ont déjà mis le cap sur 2010, avec le choix des personnes en charge de mener à bien cette mission. C’est ainsi qu’on a enregistré un grand mouvement sur les différents bancs de touche, autant au sein des équipes qui ont flambé en Allemagne que chez celles qui y ont déçu. Certaines nation, qui n’ont pas pris part au Mondial allemand, ont elles aussi annoncé la couleur. Quid du Cameroun ? Silence radio et clair-obscur.
Depuis le 26 mai dernier, date de leur dernière sortie à Rotterdam lors d’un match amical perdu (0-1) face aux Pays-Bas, les Lions Indomptables n’ont guère fait parler d’eux. Certes, le sélectionneur national par intérim, Jules Frédéric Nyongha, a organisé deux sessions de regroupement au Cameroun avec, d’une part, des joueurs professionnels (de seconde zone ) et, d’autre part, avec quelques joueurs du terroir. L’objectif était, disait-il alors, de faire une revue des effectifs pour les échéances à venir. L’initiative du technicien camerounais bien qu’ayant reçu le soutien du ministère des Sports et de l’Education Physique, ne semble pas avoir laissé des traces. En tout cas, pendant que le coach par intérim s’évertuait à entretenir la flamme, on recherchait en coulisses, (à la Fédération camerounaise de football et au MINSEP), le successeur d’Artur Jorge sur le banc de touche des Lions Indomptables. Depuis plusieurs mois en effet, des noms de techniciens circulent pour prendre le relais du Portugais : Robert Nouzaret, Freddy Smets, Enzo Scifo, Richard Towa, Jean Paul Akono, Manga Onguené, Jean Pierre Sadi, Franco Baresi, etc. Et c’est dans cette atmosphère que le débat sur la nationalisation du poste de sélectionneur a resurgi. Ici et là, les langues se délient. Ainsi, des joueurs parmi les plus en vue des Lions Indomptables, Rigobert Song, Geremi Njitap, et surtout Samuel Eto’o Fils, se sont épanchés sur la question. Et d’une manière générale, ils semblent disposés à travailler sous les ordres d’un entraîneur national.
Ce débat n’est pas une nouveauté sur la scène nationale. Et il a tendance à occulter les problèmes les plus urgents de l’équipe nationale du Cameroun tels qu’ils sont apparus à la faveur des éliminatoires couplées CAN/Coup du Monde 2006. Rien ne sert en fait de discourir sur l’identité du sélectionneur, s’il n’a pas une mission précise, et si on ne sait pas vers quelle direction on s’achemine. Jusqu’ici, en tout cas, le rendez-vous des éliminatoires de la coupe d’Afrique des nations 2008, qui débutent le 4 septembre prochain, semble avoir été perdu de vue. Visiblement, les erreurs du passé n’ont pas laissé de traces dans les esprits.
Du moins sur le débat qui intéresse la plupart des gens, à savoir : la désignation d’un entraîneur et particulièrement d’un technicien camerounais. Il est bon de rappeler que Jules Nyongha, Jean Manga Onguéné, Jean Paul Akono, Léonard Nséké, Raymond Fobété ont déjà dirigé les Lions Indomptables. Dans le contexte actuel, la question de la compétence des nationaux ne semble pas se poser a priori. On s’interroge davantage sur les moyens (salaires, pouvoirs de décision..) dont ils disposeraient en comparaison avec ceux des expatriés. Dans le même ordre d’idées, la question traditionnelle est celle de l’autorité que les nationaux auraient sur les joueurs. Par ailleurs, la plupart des techniciens nationaux dont les noms reviennent dans les couloirs ont déjà été plus ou moins aux affaires. Avec des résultats mitigés. Cet état des choses donne à réfléchir. Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, la question de la nationalité du futur coach des Lions Indomptables est subsidiaire. Il est plus important que son action s’intègre dans un projet global, avec des objectifs précis et des moyens conséquents. 2010, première coupe du monde de football sur le sol africain peut d’ores et déjà servir d’objectif à atteindre. Et le compte à rebours est lancé.
Simon Pierre ETOUNDI