La première partie du procès s’est ouverte le jeudi 09 juillet à Yaoundé. La victime s’appelle Georges Mandjeck, international espoir Camerounais du Vfb Stuttgart (première division Allemande). Sans ressemblance aucune avec le footballeur, voici comment un arnaqueur a emprunté son identité pour dérober de l’argent à quelques honnêtes citoyens de la capitale politique. Le récit d’une histoire rocambolesque qui s’apparente visiblement à un film de science fiction.
Il ne se doutait de rien en se rendant comme d’habitude au centre d’entraînement du vfb Stuttgart. Et pourtant, Georges Mandjeck va recevoir un coup de fil de la direction administrative des équipes nationales. Au bout du fil, on lui rappelle qu’il y a une dame qui réclame la rondelette somme de 900 000 de nos francs (CFA) qu’il aurait emprunté pendant son séjour « Yaoundéen ». Un appel téléphonique qui va précèder celui d’un des médecins des lions indomptables faisant également allusion à une plainte pour escroquerie. On n’avait sûrement pas calomnié notre international espoir comme dans le procès de Joseph K. (Franz Kafka ndlr) ; et pourtant, sans avoir rien fait, le voici au devant de la scène pour défendre son image et son intégrité morale en partie mise à mal par un gangster au col blanc. Pour des raisons de sécurité, nous allons appeler notre « fey man » Simon Timplar.
« Je veux que justice soit faite ». Un vœu légitime qui masque à peine l’amertume et l’angoisse qui se cachent dans la voix ferme du quart de finaliste des derniers jeux olympiques de Beijing. Une chasse à l’homme qui lui aura coûté la moitié de ses vacances au Cameroun. Heureusement pour lui, l’arnaqueur se trouve actuellement hors d’état de nuire dans les geôles de la prison centrale de Nkondengui.
Le lion rapporte toujours gros
Simon Timplar est un jeune homme qui connaît tout sauf la peur. Issu d’un des milieux les plus défavorables de Yaoundé, la misère a trouvé en lui un de ses avantages à savoir : lui enlever la crainte du bandit. Les idées ne manquent pas dans son caverne cérébrale. Sa spécialité ; se faire de l’argent rapidement sans « effort ». Dans un pays où seul le football fait encore rêver, il ne lui restait plus qu’à jouir des retombées des performances de nos internationaux. Pas besoin de chirurgie esthétique pour embrasser dans un calibrage parfait la peau de sa victime.
C’est en Décembre qu’il a commencé son forfait. Pas un hasard puisque c’est une période pendant laquelle les footballeurs professionnels sont en vacances au pays. « Les gens ont cru qu’il s’agissait de moi » s’étonne encore stupéfait Georges Mandjeck avant de renchérir : « Il est moins grand que moi, plus costaud et plus clair. Nous n’avons rien en commun et même que ce n’est pas mon numéro de passeport.» C’est dire que le mode opératoire de Simon Timplar était parfaitement étudié. Des arguments et un champ d’activité qui ne laissait planer aucun doute chez personne. Sauf évidemment son goût très poussé pour les loisirs nocturnes. Il montrait en guise de caution à ses victimes un passeport (N° 0318032746) portant le nom de Georges Mandjeck, se présentant au passage comme footballeur professionnel et buteur aux derniers jeux olympiques de Beijing. Quand on faisait allusion à sa régulière présence au Cameroun et sa physionomie un peu inhabituelle du milieu footballistique, Simon Timplar restait Zen dans son argumentation ; « je suis au pays à cause d’une blessure qui m’empêche de jouer, raison pour laquelle je suis corpulent et moins musclé que d’habitude. » Rappelant au passage à ceux qui ne maîtrise pas la médecine sportive « qu’un professionnel prend rapidement du poids quand il ne joue pas ».
Madame Sylvie Nwet se souviendra longtemps du 10 Janvier 2009, date à laquelle notre Timplar lui empruntera 500 000 de nos francs. La liste est longue et les victimes se trouvent en majorité dans la ville de Yaoundé et Edéa. Pas un hasard quand on sait que le jeune joueur de Stuttgart n’a jamais résidé dans ses 2 métropoles. Quand il lui arrivait de passer à Douala, il ne restait pas plus de 5 jours de peur d’être rapidement démasqué.
La chasse à l’homme
Impossible de faire confiance à la police Camerounaise. Georges Mandjeck va devoir patienter et profiter de ses vacances au pays pour mettre la main sur le « fey man ». Une chasse à l’homme va s’en suivre dans les rues de Yaoundé et de Douala. La police ne se mêlant de l’enquête qu’à coup de désintéressements matériels. Après multiples sillonnements des milieux branchés de la capitale où Simon Timplar aimait déguster du bon champagne en compagnie des amis et de la « bonne chaire », notre international espoir va finalement mettre fin à la cavale de son bourreau qui réside désormais dans les geôles de la prison centrale de Nkondengui. Le mystère autour du montant total de ses forfaits reste entier. Seul le procès débuté le jeudi 09 juillet à Yaoundé permettra d’apporter un peu de lumière sur cette sombre affaire qui, malheureusement n’est pas isolée.
Dans un entretien accordé à la rédaction de camfoot.com (à paraître la semaine prochaine), Georges Mandjeck explique pourquoi il était important de mettre la main sur l’escroc. « Je veux que justice soit faite parce qu’il y a eu confusion sur ma personne. Et même que certains ont pensé que j’étais devenu un abonné des boîtes de nuit, que je ne jouais plus au football et que je m’adonnais uniquement à la fête, contrairement à mes habitudes de casanier. Je veux faire comprendre aux gens qui se sont fait avoir qu’il ne s’agissait pas de moi. »