Patrick Précheur, le tout premier Directeur général de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) a été officiellement installé dans ses fonctions le 14 juillet dernier, lors des travaux du Comité exécutif de l’instance faîtière du football camerounais. C’était l’occasion pour le président Iya Mohamed de la Fécafoot d’appeler la famille du football en particulier et celle du sport en général à apporter leur soutien au Français pour la réussite de sa mission de rendre meilleur la gestion du football camerounais.
Iya Mohamed a toutes les raisons de solliciter les uns et les autres pour un soutien à Précheur car lors de la redistribution des cartes en mai dernier pendant des assises qui s’étaient tenues aux lendemains de l’assemblée générale élective qui lui a permis de rempiler pour quatre nouvelles années, des boucliers s’étaient levés même dans le camp du président Iya, pour s’opposer à la nomination d’un expatrié à la Direction générale de la Fédération, un poste que convoitaient des nationaux dont le profil sied.
A l’argument du salaire mirobolant, de la méconnaissance du terrain et de la désuète « camerounisation » des cadres, Iya Mohamed a opposé l’expérience accumulée par le nouveau Dg dans le monde du football, d’abord comme footballeur professionnel puis comme dirigeant de clubs et de sa position au-dessus des pressions diverses.
Par pudeur Iya n’a pas ajouté ou n’a pas reconnu en public les actes de prévarication de ses collaborateurs qui ont profité de sa confiance et de sa non-présence régulière au siège, notamment dans la délivrance fantaisiste des licences et des lettres de sortie aux footballeurs camerounais en mal de d’expatriation. Il avait même été obligé de changer de poste à une secrétaire de la Fédération qui avait la maîtrise du « dossier ».
La gestion des fonds de la Fécafoot a été le principal motif d’appel à une expertise étrangère. Naguère, elle a fait l’objet de multiples inquiétudes avec des audits itératifs couverts par l’immunité du tenant du poste et la personnalité de Iya Mohammed mais qui ont fini par jeter le discrédit sur la gestion financière de la Fédération.
Des chèques en blancs signés n’ont jamais ou très peu servi à l’usage auquel ils étaient destinés ou ne sont pas entièrement arrivés aux destinataires. Il en est de même des relations avec l’équipementier, le sponsoring et le partenariat avec Mtn et autres collaborations internationales dont les activités n’avaint pas toujours brillé par leur transparence.
Après quelques semaines seulement de fonction, Patrick Précheur a révélé que d’énormes sommes d’argent sont dépensées à la Fédération sans qu’on sache exactement à quelle fin et que l’instance de gestion du football camerounais regorge d’un certain nombre de personnes qui sont payées à se tourner les pouces.
Pendant la conférence de presse qui a suivi son installation, l’ancien footballeur professionnel a reconnu l’ampleur de sa tâche qui représente pour lui un défi excitant et a ajouté : « Je suis heureux de travailler pour le football camerounais et de l’aider à retrouver une image positive ».
Le Directeur Général a fixé sa priorité dans la réduction des dépenses de la Fécafoot et s’attellera d’abord à regagner la confiance des sponsors qui, de plus en plus, reprochent à la Fédération de ne pas honorer constamment ses engagements, ensuite à réorganiser son administration, puis à accroître ses ressources financières, avant de se pencher plus tard, sur l’embarrassante question des infrastructures sportives.
Au-delà des autres considérations, on peut penser qu’il en est bien capable quand on sait que cinq des plus gros sponsors au Cameroun sont des sociétés étrangères dirigées par des expatriés pour la quasi-totalité : Orange, Mtn, Brasseries du Cameroun, Guinness, Pmuc.
Un autre problème auquel il aura à faire face et non des moindres, c’est celui de l’hébergement des équipes nationales de football pendant les stages de préparation. Le 12 juillet dernier, sur décision de justice, les comptes bancaires de la Fécafoot ont été scellés. L’hôtel Makombé qui logeait les Lions indomptables en 1990, réclame à la Fédé 90 millions de Fcfa, une dette (pas la seule) vieille de 15 ans.
Le cas Mokombé ne serait pas un cas isolé puisque depuis le 20 juillet dernier, les Lions indomptables des moins de 20 ans préparent au Centre de formation de Mount-Cameroon football club de Buea le tournoi amical « Milk Cup » auquel ils prendront part en Finlande à la fin de ce mois. On était plutôt habitué à les interner en stages au Centre de formation de Aes-Sonel à Ombe, à une dizaine de kilomètres de Limbe.
L’ancien bailleur aurait refusé le renouvellement du bail du fait des arriérés non épongés par le ministère des sports et de l’éducation physique (Minsep), propriétaire des équipes nationales du Cameroun. C’est à cette tutelle que le président Iya renvoi la balle quant au paiement de la dette de l’hôtel Makombe.
Pour se mettre à l’abri du Minsep mauvais payeur, les dirigeants de Mount-Cameroon ont exigé et obtenu le payement à l’avance d’une somme de 2 millions de Fcfa pour l’utilisation de leurs installations. Du côté du Minsep (Mutations n° 1452) le Directeur des sports Robert Ndjana, allègue que le choix de Buea relève plutôt de la volonté des entraîneurs. Qu’en sera-t-il quant toutes les institutions d’hébergement et de préparation auront des arriérés ou des retards de paiement ?
Ceci montre une fois de plus qu’une parfaite symbiose est absolument nécessaire entre le Minsep et la Fécafoot à travers sont Directeur général (nouvelle donne) pour éviter aux équipes nationales de football certains désagréments.
Patrick Précheur, en plus de prêcher la bonne nouvelle, a deux ans pour bêcher ferme afin atteindre ses objectifs. Et Iya pourra bien être le prophète Mohamed qui a prévu que l’expertise du Français sied bien à la conjoncture. En attendant, Précheur devrait bénéficier d’une présomption de confiance.
Dominique TOUKAS