Le journaliste agressé il y a maintenant une semaine par le goleador Camerounais Samuel Eto’o Fils vient de recevoir les excuses de la part de l’attaquant des Lions indomptables. Il nous parle de sa rencontre avec Eto’o Fils chez l’ancien ministre des sports Philippe Mbarga Mboa qui s’est érigé en médiateur. Le journaliste de la RTS dit avoir pardonné à Eto’o Fils.
Camfoot.com: Comment vous vous sentez une semaine après cet incident avec l’international Samuel Eto’o ?
Philippe Boney: Je continue à suivre le traitement, j’avoue que le plâtre est très désagréable, il est dégueulasse puisqu’il démange d’un côté, et au niveau de l’impact du choc je ressens des douleurs, je continue à suivre le traitement et je pense que d’ici là çà ira
Camfoot.com: Il nous est revenu que vous avez rencontré Samuel Eto’o hier, confirmez vous l’information ?
Philippe Boney: Je la confirme, parce que un grand frère, le ministre Philippe Mbarga Mboa m’a appelé il m’a dit qu’il était avec Samuel chez lui et qu’il souhaitait que je vienne le rencontrer. Je lui ai posé la question de savoir pourquoi venir rencontrer Samuel chez lui, il m’a dit que Samuel voulait me demander des excuses, c’est comme çà que je me suis rendu à son domicile.
Camfoot.com: Et qu’est-ce que Samuel Eto’o vous a dit ?
Philippe Boney: Je suis arrivé chez le ministre Mbarga, Samuel s’est levé, je vous avoue que c’est quelqu’un de très éprouvé, très affecté que j’ai trouvé, presque en larme, il m’a dit, mon frère je ne vais pas te dire tout de suite que je regrette ce que j’ai fait, mais ce qui est arrivé est très malheureux je voudra is que toi tu me prêtes des mots pour que je t’exprime ce que je ressent après cette affaire, la honte qui est la mienne en ce moment, je ne te dirais pas de me pardonner mais sache que si on se retrouve ici, il s’agit bien d’une demande de pardon, je veux que tu me pardonnes parce que je suis mal, effectivement j’ai vu en face de moi quelqu’un qui était mal, quelqu’un qui était sincère, je me dis qu’il a fait amende honorable. Mais j’ai requis de lui une seule chose, j’ai requis qu’il ne limite pas la demande de pardon à mon niveau, qu’il l’étende au niveau de toute la presse parce qu’il n y aura pas d’impact véritable si je lui pardonnais et qu’il continuait à faire l’objet du lynchage systématique de la part de la presse, c’est ainsi bien évidemment qu’il m’a promis qu’il rencontrera le moment venu toute la presse après le match contre l’Ile Maurice et que les relations entre toute l’équipe nationale et tous les journalistes seront aplanies, j’espère qu’il tiendrait à sa promesse.
Camfoot.com: Il n’a pas expliqué devant le ministre Mbarga Mboa ce qui l’a emmené à vous assener ce coup de tête ?
Philippe Boney: Samuel est revenu de long en large dessus, d’ailleurs il s’est appesanti dessus plusieurs fois comme si la première fois qu’il a dit je n’avait pas entendu, il pense que lui et moi nous avons été victime d’un malentendu, surtout d’une mauvaise organisation des différentes structures chargées de gérer le football au Cameroun, il a parlé d’une mauvaise organisation, il a parlé de ce que nous sommes victimes des réseaux d’intérêt égoïstes qui tirent les ficelles dans l’ombre et qui mettent les jeunes au devant de la scène. Il a fortement regretté cela, mais il a tenu à dire qu’il n y a aucun problème entre lui et moi contrairement à ce qu’il a lu dans la presse, pour lui il s’agit simplement d’un mal entendu qui à son avis devait être dissipé.
Camfoot.com: Depuis la sortie de Samuel Eto’o à la CRTV, beaucoup de rumeur d’indemnisation ont circulé, qu’en est-il exactement ?
Philippe Boney: Samuel après notre dialogue, m’a demandé de calculer toutes les dépenses que j’ai déjà engagé pour mon traitement jusque là, ce que je dépenserai et ce que je pense dépenser d’une manière ou d’une autre. J’ai répondu à Samuel que si je devais calculer des choses pour qu’il me paye, c’est que je ne lui ait pas pardonné, je lui ai dit que je te pardonne et qu’il n’est pas question pour moi selon les principes qui sont les miens de prendre quoi que se soit de toi, on s’est séparé sur cette position, mais j’avoue que aujourd’hui Samuel m’a appelé en insistant qu’il voulait suivre mon traitement et qu’il voulait s’occuper entièrement de mon traitement.
Camfoot.com: Depuis cet incident est-ce que quelqu’un de la Fecafoot ou du ministère des sports a engagé des démarches avec vous pour trouver une solution définitive à cette affaire ?
Philippe Boney: Le ministre des sports et de l’éducation physique m’avait appelé le lendemain de l’incident c’est-à-dire le samedi matin, l’ambassadeur itinérant Roger Milla bien évidemment, je les ai rencontré au stade Ahmadou Ahidjo samedi avant le match, le ministre des sports m’a dit qu’il était judicieux que nous trouvions un terrain d’entente de façon amicale, après cela il y a eu un black out total, du côté de la fédération, j’avoue que j’ai dû attendre le quatrième jour pour recevoir un coup de fil du vice-président Dr Francis Mveng et un message sur mon répondeur qui me faisait dire que le président Iya Mohammed avait tenté de m’avoir en vain parce que bien évidemment j’étais très sollicité au téléphone, M Abdouraman le chef de la cellule de communication de la Fecafoot m’a eu quelque temps plus tard pour me dire qu’il compatissait à ce qui m’arrivait et que eux à la fédération cherchait à trouver des voies et moyens pour que nous sortions tous grandi de ce problème.
Camfoot.com: Des rumeurs insistances font état de ce que Samuel Eto’o vous aurait donné le pactole, est-ce qu’on peut savoir effectivement si vous êtes passé à la caisse du Pichichi ?
Philippe Boney: J’avoue que la position que j’ai prise devant Samuel Eto’o est une position d’orgueil, d’honneur et de dignité, ceux qui me côtoient savent que je suis comme çà. Si Samuel m’avait donné le pactole, je crois qu’il serait de mon droit d’avoir le pactole, parce que çà s’appelle le dédommagement, et ceci relève d’une question privée, mais Samuel je lui ai dit et le ministre Mbarga Mboa le médiateur peut vous le confirmer, que je faisais fi de ce qui s’est passé et que la sincérité de mon pardon ne me permettait pas de prendre de l’argent de Samuel, mais il m’appelé aujourd’hui en me disant « s’il te plait je prendrais en compte ton traitement s’il te plait permets moi de le faire ». D’ailleurs il a eu ma femme au téléphone, il a tenu à parler à ma femme, il donné ma position à ma femme, et elle a dit si ton frère t’a pardonné, nous ne restons pas fermés si tu insistes à prendre en charge son traitement voilà nous allons accepter. S’il y a une autre affaire de pactole je ne suis pas au courant, et si pactole il y avait, je crois que çà relèverait de ma vie privée. Parce que Samuel avait le droit de m‘indemniser et cet indemnisation là je ne la publierai pas même si elle arriverait.
Camfoot.com: Que répondez vous à ceux qui pensent que en refusant l’argent de Samuel Eto’o vous ratez l’occasion unique d’être riche ?
Philippe Boney: Certains confrères sérieux avec qui j’ai toujours cheminé ne peuvent pas le prendre ainsi, eux aussi à un moment donné ont eu des altercations avec Eto’o. C’est vrai que cette fois c’est un coup de tête, mais avant çà, vous avez souvent eu des altercations verbales avec Eto’o, mais vous n’avez jamais porté plainte pour injures publiques, vous ne l’avez pas fait pourquoi moi je le ferais ? Je vis dans une modestie dans la quelle je souhaite demeurer, ce n’est pas de cette manière en tout cas que j’entends être riche, ce n’est pas avec ce genre d’argent que je construirais des châteaux, je pense que Dieu me donnera une autre occasion plus saine celle là et juste pour que je construise des châteaux.
Camfoot.com: Pourquoi n’avez-vous pas porté plainte, qu’est-ce que vous avez rencontré comme difficultés pour porter plainte à Samuel Eto’o ?
Philippe Boney: Je n’ai pas rencontré de difficulté particulière, il s’est passé que j’ai eu un retard parce que l’incident a eu lieu en début de week-end, j’ai eu un problème de délivrance de certificat médical, je l’ai finalement retiré seulement mardi alors que l’incident a eu lieu vendredi soir, j’ai déposé le dossier chez mon avocat qui avait déjà rédigé la plainte et comme c’est en soirée que j’ai reçu le certificat médical, j’ai appelé mon avocat pour lui dire qu’il attende que je cherche des photos, j’ai eu les photos chez certains confrères, mais il était tard pour lui de déposer la plainte puisqu’il était 17h, le lendemain, quand il devait déposer la plainte, j’avais reçu un coup de fil du ministre Mbarga Mboa qui m’a dit qu’il souhaitait me rencontrer le lendemain au sujet de cette affaire, c’est alors qu’il m’a rappelé le lendemain dans la soirée pour me dire que Samuel était chez lui et qu’il souhaitait me rencontrer pour me présenter ses excuses.
Camfoot.com: Depuis cet incident avec Samuel Eto’o vous n’êtes plus le même, vous êtes devenu une star comment comptez vous vivre ce nouveau statut ?
Philippe Boney: (Rire) je garde mon statut, celui de journaliste. C’est vrai que depuis le début de cette affaire on me reconnaît dans la rue, on m’interpelle. Mais je considère que c’est un incident malheureux, je ne dois pas profiter d’un incident malheureux pour me faire des galons, on m’a appelé de partout dans le monde, mais je considère cela comme un incident ponctuel, et quand un incident ponctuel passe on retrouve sa lucidité, une lucidité que je n’ai d’ailleurs jamais perdue et je pense que mon cours de vie reste le même.
Camfoot.com: Comment cette affaire a été appréciée dans votre famille ?
Philippe Boney: En même temps qu’ils étaient malheureux que ce soit à moi que le problème arrive en même temps ils se sont dit que cette affaire permettra de résoudre beaucoup de problèmes et de dissiper beaucoup de malentendus. Çà, c’est ma femme qui me l’a dit, et effectivement je crois que beaucoup de malentendus vont être dissipés, ce problème permettra par exemple que les joueurs et les journalistes s’asseyent autour d’une même table pour exorciser le mal qui mime les relations entre la presse et les joueurs de l’équipe nationale.
Camfoot.com: Un dernier mot aux Camerounais sur cette affaire Eto’o Fils ?
Philippe Boney: L’affaire Eto’o est arrivée et je pense qu’elle a permis qu’on dissipe beaucoup de malentendus. Eto’o et moi çà fait quatre ans qu’on ne se saluait plus, c’est depuis 2004 lorsque j’avais osé poser une question à l’entraîneur de cette époque Winfried Schäfer à savoir ce que les joueurs faisaient dehors à des heures tardives à la veille des matches, çà fait 4ans Samuel et moi on ne s’est pas salués, maintenant on s’est remis ensemble, je ne peux pas vous cacher que çà me fait plaisir parce que Samuel Eto’o c’est quand même quelqu’un dont on est fier d’avoir l’interview lorsqu’on anime un programme sportif, c’est quelqu’un dont est fière d’avoir comme ami, comme tous les autres joueurs d’ailleurs, maintenant, l’affaire Samuel Eto’o contre Boney va permettre d’avoir un nouveau départ entre la presse et les joueurs de l’équipe nationale, j’ai suivi un communiqué du ministre des sports qui disait qu’on va nommer un chargé de la communication au niveau de l’équipe nationale et même un médiateur. Voilà les différents débouchés de cette affaire, peut-être çà permettra même que la fédération Camerounaise de football revoie son organisation pour ce qui est de l’équipe nationale, peut être que çà permettrait au ministère des sports de revoir beaucoup de choses dans la manière de faire, donc c’est une affaire qui aura permis finalement qu’on résolve beaucoup de problème dans le football Camerounais.
Entretien mené par Guy Nsigué à Yaoundé