Le technicien Allemand est désormais le candidat numéro un du MINSEP. Même si son nom ne figure pas sur la short list, Otto Pfister a été reçu la semaine dernière à Fontainebleau (région parisienne) et tout récemment dans la ville de Lyon où les dernières modalités pratiques sont passées au peigne fin.
Les choses commencent à se préciser au niveau de l’encadrement technique des Lions Indomptables. Encore une rumeur il y a quelques semaines, la venue d’Otto Pfister au Cameroun prend de plus en plus forme. Le technicien Allemand a été reçu deux fois en l’espace d’une semaine par Augustin Edjoa, Ministre des sports et de l’éducation physique. La première rencontre entre les deux hommes a eu lieu à Fontainebleau en région Parisienne. Il était question pour le Minsep de réitérer son soutien à la candidature de l’ancien sélectionneur du Togo à la coupe du monde.
Face à la demande insistante d’Iya Mohammed qui souhaitait faire partie de l’entretien, Augustin Edjoa a opposé un non catégorique, préférant donner un autre rendez-vous à Otto Pfister dans le département du Rhône-Alpes (69) où, il devait séjourner chez la veuve Marie Louise Foé. C’est précisément lundi dernier dans la ville de Lyon que la seconde rencontre entre les deux hommes a eu lieu. Il a été surtout question des dernières modalités pratiques. Il en ressort qu’Otto Pfister touchera la rondelette somme de 30 millions de francs CFA par mois, pour un contrat qui va le lier avec les lions indomptables jusqu’en 2010. Si tout se confirme et que la présidence ne pose aucune objection, le ministre des sports qui rentre aujourd’hui au Cameroun devrait officialiser la venue du technicien Allemand.
Le Cavalier solitaire
La position de la fédération Camerounaise de football est claire ; Otto Pfister n’est pas dans la short list. La Fecafoot serait sur la voix de la désolidarisation de cette nomination. En ramenant Otto Pfister dans la short list, le ministère va pêcher en eaux troubles ; lui-même qui s’était opposé au retour d’Artur Jorge en invoquant la vieillesse et la malchance. Né le 24 Novembre 1937 à Cologne, Pfister passe l’essentiel de sa carrière de footballeur entre l’Allemagne et la Suisse. Bien qu’il soit allemand, il n’a jamais entraîné un club de son pays, ayant choisi l’Afrique et l’Asie comme lieu de prédilection. Après que Stephen Keshi (qui a mené Les Eperviers à leur première Coupe du monde de football) ait été renvoyé, il conduira le Togo à la dernière coupe du monde. Il est soupçonné par ses anciens employeurs d’alcoolisme, est très souvent mis en cause pour ses insurmontables coups de colère.
Au siège de la fédération, on ne comprend toujours pas pourquoi le Ministre a décidé de faire cavalier seul. Le Minsep et ses proches collaborateurs accusent les cinq candidats de la short list d’être de connivence avec la fecafoot. Et pourtant, c’est une commission mixte Minsep-Fecafoot qui est à l’origine de cette liste de 5 candidats choisis sur les 78 à avoir postulé. Pourquoi avoir engendré autant de dépenses avec l’argent du contribuable alors que son choix était déjà porté ailleurs ? Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour désigner le successeur d’Arie Haan ?
De l’énergie et l’argent du contribuable ont été dépensés jusque là dans cette affaire aux multiples rebondissements. Des larmes de tout un peuple pourront suivre très bientôt avec la non préparation des Lions Indomptables qui risque déboucher sur un résultat catastrophique au Ghana.
Loin de l’administration classique, le Cameroun reste une exception mondiale. Huit mois après le départ d’Arie Haan qui évoquait déjà l’amateurisme ambiant dans la gestion de l’équipe nationale du Cameroun, rien de concret n’a toujours été fait. À deux mois de l’ouverture de la prochaine Coupe d’Afrique des Nations (CAN) qui se déroulera au Ghana, les Lions Indomptables n’ont pas encore le nom de leur sélectionneur qui, de toute évidence, viendra de la planète Mars.
Présentation de la short list
Jusqu’ici, plusieurs noms ont fait la une des journaux locaux. Loin de la spéculation, le Ministère et la Fédération garderont secret le silence autour de cette liste. Les 5 noms retenus par la commission mixte MINSEP-FECAFOOT sont les suivants : Jean Thissen (Belgique), Philippe Troussier (France), Artur Jorge (Portugal), Manfred Steves et Horst Köppel (Allemagne). Tous retenus sur la base des critères suivants : 1- Etre titulaire d’un diplôme d’entraîneur de Football, 2- Avoir une bonne expérience internationale, 3- Etre disposé à résider au Cameroun de façon permanente pendant la durée du contrat, 4- Avoir une grande capacité d’adaptation et une aptitude au travail en équipe, 5- Avoir la maîtrise du français ou de l’anglais.
– Philippe Troussier : il est considéré comme un véritable globe-trotter, ce parisien de 52 ans aux frasques médiatiques ne résidera pas au Cameroun, pourtant une des conditions décrites dans le récent appel d’offre de la Fecafoot. Capricieux et coûteux, tout le monde a en mémoire sa démission de la tête des lions de l’Atlas à seulement 3 semaines du début effectif de la dernière coupe d’Afrique des nations. « Le sorcier blanc va bientôt bouillir dans la marmite » pouvait on encore lire lors de son passage manqué à la commanderie (Olympique de Marseille). De ses passages au Maroc, en Afrique du Sud, au Nigeria voisin ou encore au Japon, on retiendra de lui son appétit royal pour l’aspect financier au détriment du jeu et de l’enjeu. Les Marocains et les Japonais l’accusent par exemple d’entretenir une cour trop grande composée d’amis dont les dépenses imputées directement sur les coûts de son employeur ont failli provoquer un soulèvement populaire. Les Marocains ne sont pas encore prêts d’oublier son staff technique, composé de 21 personnes.
– Horst Köppel : l’équipementier des lions indomptables tenterait d’imposer au Cameroun l’ancien international Allemand qui ne dispose malheureusement pas d’une grande expérience internationale. Hormis le fait qu’il ne parle pas Français et que son Anglais très approximatif nécessite l’intervention d’un interprète, Horst Köppel n’aura fait que trois passages éclairs en Autriche (FC Tirol Innsbruck), au Japon (Urawa Red Diamonds) et tout récemment à Abu Dhabi (Al Wahda) où il resté le temps de disputer 4 rencontres pour un bilan de 3 défaites et un match nul. Pour son opération de charme, Puma promet de prendre la moitié du salaire du technicien Allemand évalué à près de 50 millions de Franc CFA. Comme Troussier, Köppel ne serait pas prêt à résider au Cameroun.
– Jean Thissen : Il a qualifié le Gabon pour la première fois de son histoire à une phase finale de la coupe d’Afrique des nations. L’ancien international Belge connu pour sa rigueur et sa détermination est un habitué des grands chantiers. Lorsqu’il annonça son départ en 1992 pour le Gabon après avoir entraîné, le Servette de Genève et le Standard de Liège entre autres, la presse Belge se disait que Jean Thissen avait visé bas. Quelques mois plus tard, il remplit le premier objectif qui lui avait été fixé, à savoir la qualification pour la CAN 1994. Un objectif très ambitieux puisque pour y parvenir, le Gabon a dû passer le Bénin, le Niger et surtout le Cameroun éliminé sans avoir pris un seul but. Le sélectionneur Belge est le moins gourmand sur l’aspect financier et sa candidature ne serait pas soutenue par Milla.
– Manfred Steves : Il est très peu connu. On sait qu’il était à la tête des moins de 17 ans du Kenya en 2000 et qu’il aurait effectué un passage tumultueux à la tête du Mali en 1983. Il impose le 4-5-1 et subit un revers contre le Maroc des Khairi, Bouderbala, Dolmy et autre Badou Zaki.
– Artur Jorge : Le technicien Portugais ne bénéficie pas des faveurs du Ministère qui s’était opposé à sa nomination lors du premier appel à candidature de la Fecafoot.
« Je suis au regret de vous informer que je vous présente ma démission à compter de ce jour et que je mets un terme au contrat qui nous lie », avait écrit Artur Jorge à l’ancien Minsep dans un courrier daté de Lisbonne. « Vous n’êtes pas sans savoir que l’article 2 de mon contrat n’a pas été respecté à plusieurs reprises, néanmoins, je ne souhaite entamer aucune polémique ».
Cet article 2 stipule que le sélectionneur est responsable de l’encadrement, du suivi des joueurs, de la prospection et de la sélection des joueurs retenus pour jouer dans l’équipe nationale, ainsi que de l’organisation technique des stages et des matches amicaux.
L’exclusion du défenseur Pierre Womé par exemple, qu’Athur Jorge avait sélectionné pour la CAN avant que ce dernier ne soit écarté était due à l’omniprésent Philippe Mbarga Mboa.
André Moussima à Lyon (correspondance spéciale)
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