Suite aux multiples auditions en cours actuellement à la Police Judiciaire, le président de la Fédération Internationale de Football (Fifa), le Suisse Sepp Blatter, interpelle le ministre des Sports du Cameroun.
Depuis la fin du mois de février 2006, du président Iya Mohammed à son Premier Vice-président, Jean René Atangana Mballa en passant par d’autres responsables de la Fédération Camerounaise de Football (David Mayebi, Samuel Wembe, Essomba Eyenga, John Ndeh…), tous ont signé un procès-verbal d’audition dans les services compétents de la Direction de la police Judiciaire sise au quartier Elig Essono dans la capitale.
Quand on sait qu’en plus d’une plainte déposée par l’ex ministre des Sports Joseph Owona, selon les conclusions du rapport de la Commission d’enquête Ngak Mahop, il y a aussi des preuves à fournir pour justifier la gestion des « retombées » engrangées lors des différentes participations des sélections nationales de football aux compétitions internationales.
Face à cette procédure plus qu’embarrassante, à l’immeuble siège de Tsinga, on parle sans ambages de totale violation des statuts de la Fédération Internationale de Football (Fifa). D’où, le 6 Mars dernier, cette correspondance du président Iya Mohammed adressée à l’instance faîtière aux fins d’avoir le relevé du compte Fécafoot auprès de la Fifa.
Et dans sa réponse faxée du 7 Mars 2006, le président Joseph Sepp Blatter tient d’abord fermement à signifier le respect de la « Constitution de l’entité de tutelle du football international » en vigueur depuis le 1er Janvier 2004. Sur le volet financier, en l’absence de la situation d’avant 1994 non archivée au niveau de la Fifa, on retrouve encore en bonne place tous les montants réels de décaissement effectués directement par la Fifa. Citons entre autres, les retombées de participations aux mondiaux « France 98 » et « Corée/Japon 2002 », aux Coupes des Confédérations de 2001 et de 2003 ; la contribution quadriennale d’un million de dollars (soit plus de 600 millions de F Cfa) ; les aides qui entrent dans le cadre du programme d’assistance financière… sans oublier le projet de développement Goal. Au décompte final, c’est plus de près de 10 milliards FCFA débloqués en faveur de la Fédération Camerounaise de Football conformément aux règles très précises édictées par le Comité Exécutif de la Fifa. En outre, leur utilisation est contrôlée de près par l’administration de la FIFA.
Comme le rappelait déjà le 17 février 2006 à Zurich, le président de la Commission des Associations de la Fifa, Viacheslav Koloskov « il est très important de garantir que les associations membres de la FIFA maintiennent leur indépendance et qu’aucune ingérence du gouvernement ne soit permise », il n’est donc pas question que l’assistance financière de la Fifa fasse l’objet d’un audit d’un quelconque État et en tant que membre affilié depuis 1962, la Fecafoot à l’obligation de « se conformer en tout temps aux statuts, aux règlements et décisions de la Fifa » (Art.10).
Alors qu’on attend encore la mise en application d’une des résolutions prises en 2005 lors de la réunion tripartite Minsep – Fifa – Fecafoot à savoir que les fonds alloués par la Fifa ne soient plus reversés dans les caisses du Trésor Public comme le prévoit la convention Minjes/Fecafoot signée en Décembre 2000, à travers son dernier courrier, le président Sepp Blatter réaffirme avec force au ministre Philippe Mbarga Mboa « les principes de la Fifa sur l’autonomie des fédérations nationales ». Et par cet autre rappel à l’ordre, en raison de cette tentative de « violation des principes généraux d’organisation et des statuts de la FIFA », le Comité d’Urgence de la FIFA n’est pas loin d’envisager la suspension de la Fecafoot. Une décision aux conséquences fâcheuses pour l’avenir des Lions Indomptables à quelques mois des prochaines échéances internationales.
Guy-Roger OBAMA à Yaoundé