Pour la toute première fois, Yaoundé au Cameroun accueille la cérémonie de distinctions des meilleurs acteurs du football africain de l’année 2003. Pour la toute première fois également, les organisateurs de cette rencontre, inédite, ont pensé honorer des joueurs qui ont laissé une marque ineffaçable sur le football africain…
Il sont donc trois nominés pour cette occasion des Mtn/Caf Awards 2004. Sélectionnés par la CAF, leur choix s’est appuyé sur les régions, l’âge et le niveau de réalisation, tel qu’on peut lire dans le « press kit » de cet évènement. Il s’agit, en réalité, « des joueurs qui furent une inspiration pour les milliers d’autres talents et pour des millions de fanatiques, qui durant des années ont élevé l’image du football sur notre continent et ont amené un sens caractéristique non seulement, à leur pays, mais aussi, aux fanatiques du football africain à travers le monde ».
Salif Keita, le formateur
Pour les noms, le Malien Salif Keita, le premier lauréat du prix du meilleur joueur africain de l’année 1970. Evoluant sous les couleurs de Saint-Etienne en France, ses réalisations en Ligue française lui firent arborer le maillot de meilleur buteur, cette saison là. Une performance qui inspira, en son temps nombre de jeunes. Il prouva alors que les empreintes du football africain peuvent se vendre, partout dans le monde.
Salif Keita s’occupe de la formation des jeunes. Il a initié et dirige une académie de football dans son pays, laquelle a pignon sur rue et qui produit en ce moment les meilleurs footballeurs du Mali.
Kalusha Bwalya, la référence
De ce zambien, l’imagerie populaire garde de lui l’idée du rescapé du désastre aérien qui avait emporté quasiment tous les joueurs de l’équipe nationale de Zambie, alors qu’ils se rendaient à l’un des matches éliminatoires de la coupe d’Afrique des nations de 1994. Il s’est donné beaucoup de courage et d’amour pour faire revivre l’équipe nationale de son pays, en tant que capitaine, joueur et dirigeant. Ils réussirent quand même, ses compagnons et lui, à arriver en finale cette année-là, contre les Super Eagles du Nigéria.
Une performance qui n’avait pas manqué de toucher les esprits et les coeurs, pour autant que ce que Kalusha Bwalya avait déjà fait pour le football zambien n’était pas passé inaperçu. On se souvient de leur passage, plus ou moins appréciable, aux Jeux Olympiques de 1988 et du prix de meilleur joueur africain remprté cette même année. Classé 4ème en 1999, aux élections pour le prix de meilleur joueur africain du siècle, ce talentueux joueur est en course, pour ce nouveau prix instauré par la Caf. « Il y a eu des grands joueurs dans le passé et personnellement, je suis honoré d’être reconnu parmi eux. C’est une bonne chose que de savoir qu’on ne nous a pas oubliés », a-t-il déclaré.
Roger Milla, le « dieu » africain de Montpellier
Le titre de « Excellence » qu’il porte, en tant que ambassadeur itinérant du Cameroun est la récompense camerounaise, méritée il faut le dire, que lui a décernée le chef de l’Etat, Paul Biya. Pour ce qu’il a fait pour le Cameroun, à travers les Lions indomptables. L’épopée du Mondial italien en 1990 est la plus remarquable, avec des buts exaltants, qui permirent au Onze camerounais de jouer, une première pour une équipe africaine, les quarts de finales de cette coupe du monde-là.
Meilleur joueur africain du siècle en 1999, il a remporté le prix de meilleur joueur africain de l’année 1990, une récidive puisqu’il avait déjà eu à caresser le trophée de cette distinction en 1976, alors qu’il jouait sous les couleurs du Tonnerre Kalara Club. Ses exploits se sont aussi faits ressentir dans le football français, notamment à Montpellier, où il est adoré et réputé comme une référence pour des jeunes joueurs français. C’est un géant du football africain dont il a claironné le refrain pendant les décennies, une légende vivante, tel qu’on le considère là-bas, et un peu partout dans le monde. Son élévation, une fois de plus, ce soir, à l’hôtel Hilton de Yaoundé, ne surprendrait personne.
Kisito NGALAMOU, à Yaoundé