L’Italie a démontré qu’elle était bien la meilleure équipe du monde, décrochant la quatrième étoile de son histoire face à une équipe de France qui n’a jamais rendu les armes.
Les Italiens se sont imposés au terme de la séance des tirs au but (1-1 après la prolongation) dans laquelle seul David Trezeguet, remplaçant d’un soir, a manqué sa tentative.
La France voit son rêve de remporter une deuxième Coupe du monde à huit ans d’intervalle se briser tandis que celui de son plus grand joueur Zinedine Zidane s’est arrêté dans les larmes et la disgrâce.
Le capitaine français s’est fait expulser lors de la seconde mi-temps de la prolongation pour une agression sur Marco Materazzi, hors de toute action de jeu.
Zidane, pleurant sur son sort et se retirant, a rejoint les vestiaires tandis que ses coéquipiers luttaient sans faiblir jusqu’à la 120e minute.
La séance des penalties était l’épreuve de trop pour eux, à la conclusion d’un parcours totalement inimaginable il y a encore quelques semaines.
Au total, les Français pourront se dire qu’ils ont quitté ce Mondial en étant invaincus à défaut d’en être sortis victorieux.
Pour se consoler, ils pourront se dire également qu’ils ont montré pendant un mois un courage et une abnégation qui les ont fait passer tout près de l’exploit.
L’Italie, qui n’avait plus vaincu son vieil ennemi français depuis le premier tour de la Coupe du monde en Argentine en 1978, prend enfin sa revanche.
Les Azzurri effacent l’élimination de 1986 au Mexique mais aussi celle de 1998 au Stade de France, qui s’était décidée aux tirs au but.
Ils oublient également la finale du championnat d’Europe 2000 lorsque Trezeguet avait inscrit le but en or qui les avait privés du titre européen.
L’ironie de l’histoire a voulu que cette fois Trezeguet soit le fossoyeur de l’aventure des siens.
TOUJOURS ALEATOIRE
Lundi, les Bleus sont attendus pour remonter les Champs-Elysées mais l’ambiance ne sera jamais celle du 13 juillet 1998.
Ils n’ont simplement pas réussi à gagner. Et les larmes de Lilian Thuram, au soir de sa 121e et dernière sélection, disaient assez qu’il ne restera finalement que peu de joie au bout de cette aventure.
Sans doute, les Bleus auraient-ils préféré être battus à la régulière que de s’incliner de la sorte, sans être réellement vaincus.
« Une séance de tirs au but est toujours aléatoire », a commenté l’ancien coach Aimé Jacquet, ancien mentor de Zidane. « Ma déception est double parce que je pense que la France, après un match plein, aurait pu marquer un deuxième but. »
« L’expulsion de Zizou a été terrible », a simplement ajouté Jacquet. « Il y a peut-être eu une provocation. C’est terrible de le voir partir comme ça car je pensais sincèrement qu’il allait soulever cette Coupe du monde. »
Tous les supporteurs français le pensaient aussi lorsque le maître à jouer de l’équipe de France ouvrait le score sur un penalty sanctionnant une faute de Materazzi sur Florent Malouda à la septième minute.
Zidane inscrivait son troisième but dans une finale de Coupe du monde et rejoignait dans l’Histoire les Brésiliens Pelé et Vava et l’Anglais Geoff Hurst.
Materazzi se rachetait de son erreur en reprenant victorieusement de la tête un corner d’Andrea Pirlo à la 19e minute.
Les Français ne sombraient pas mentalement, bien au contraire. Ils faisaient mieux que jeu égal avec des Italiens dont la solidité technique et physique s’estompait au fil des minutes.
Dans les prolongations, les Bleus dominaient outrageusement mais les hommes de Marcello Lippi n’avaient encaissé que deux buts lors de ce tournoi, dont aucun sur action de jeu.
Il était trop tard pour que cette tendance s’inverse.
« Je ne peux pas être content. On ne peut jamais être content lorsque l’on n’a pas gagné », a commenté Raymond Domenech, lui aussi au bord des larmes.
« Zidane nous a manqué dans les 20 dernières minutes. Cela a pesé lourd dans la balance ».