Sachez que Coton Sport avait, pour la première fois, l’occasion d’empocher 90 millions au titre de répartition des droits télé et marketing, pour ses résultats obtenus en Coupe de la Confédération; il n’a rien eu parce que la Crtv refuse de diffuser ses matches comme le prévoit le règlement de la compétition. Coton Sport et Sable en sont pénalisés. C’est une situation qui nous reste en travers de la gorge. Nous espérons que nous parviendrons un jour à un accord sur cette question.
La saison 2004 de football au Cameroun s’achève. Quel bilan en fait le président de la Fécafoot?
Le bilan général est moyen, à mes yeux. Les performances des équipes nationales ont été en deçà de nos attentes. A la Can, les Lions indomptables ont enregistré une contre-performance inattendue, les équipes Espoirs, Juniors, Cadets ont, toutes manqué la qualification dans les compétitions où elles été engagées.
En revanche, au niveau des clubs, le bilan de nos »Africains » est relativement satisfaisant. Coton Sport de Garoua, n’eut été l’arbitrage du dernier match, aurait joué la finale de la Coupe de la Confédération. Sable de Batié a aussi honorablement participé au second tour de la même compétition.
Le championnat national a connu beaucoup de péripéties, mais je peux affirmer qu’il y a eu une compétitivité certaine. Ça s’est joué serré jusqu’à la dernière journée, où Coton Sport l’a emporté, mais cela n’aurait surpris personne que ce soit Racing ou Union. A côté de cela, il faut déplorer l’absence des spectateurs dans les stades; on a remarqué que les inter-poules attirent plus de monde que le championnat de D1.
Je signalerai aussi beaucoup de problèmes administratifs. Je ne reviens pas sur l’affaire Fifa/Fécafoot… Dieu merci, tout a fini par s’arranger. Même si cette situation a beaucoup divisé la famille du football camerounais.
A propos de la D1, vous avez créé une commission pour évaluer la première saison d’une nouvelle formule du championnat qui est très décriée. Qu’en attendez-vous?
Je souhaite que cette commission puisse travailler en toute objectivité et en toute sérénité. Ses membres, a priori, n’ont pas de parti pris, c’est pour cela qu’ils ont été choisis. Parce que, dans l’opinion, certains ont déjà condamné ce nouveau championnat, d’autres le défendent mordicus. C’est pourquoi nous n’avons pas voulu associer les membres du conseil d’administration à ce travail d’évaluation que nous voulons indépendant, sérieux et objectif. Le rapport de la commission sera soumis au bureau exécutif puis à l’assemblée générale pour validation. Nous tiendrons compte de toutes les recommandations. Si la volonté de la majorité est que soit révisé ou amélioré ce qui vient d’être expérimenté, moi, je suis partant. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas.
L’une des raisons de l’échec de Coton Sport en Coupe de la Confédération cette année a aussi été le départ de quatre joueurs titulaires avant le dernier match décisif de poule. Cette situation de désagrégation des effectifs des clubs à toute période de la saison préoccupe-t-elle la fédération?
Elle nous préoccupe au plus haut point. Et, effectivement, Coton Sport a perdu Alnoudji, Tchango et surtout Kameni. C’était quand même un coup incroyable de perdre ce gardien à deux semaines d’une telle échéance, d’autant que le second gardien était parti avant, estimant qu’il est sous-utilisé. La fédération a suspendu le joueur Kameni pour servir d’exemple. Et Coton Sport n’est pas le seul club camerounais dans ce cas. Nous ne sommes pas contre le transfert des joueurs, puisque cela peut permettre d’accroître leurs revenus et ceux des clubs, quand cela est fait dans les normes. Le désordre actuel ne profite à personne. C’est pour cela que nous menons une réflexion pour essayer d’harmoniser notre calendrier avec ceux des championnats européens. Il devrait y avoir une période précise pour les transferts ou pour le essais de joueurs.
Par ailleurs, les clubs doivent faire un effort d’organisation et de sérieux, et jouer franc jeu avec leurs joueurs. Les départs de joueurs tout au long de la saison, ça ne peut pas continuer comme ça.
La mobilité incessante s’observe aussi au niveau national, avec ces litiges concernant des joueurs à double ou à triple licence Fécafoot la même saison, notamment pendant la période des inter-poules…
Je ne connais pas un seul cas comme ça. Depuis deux ans, nous publions la liste des joueurs qualifiés pour les inter-poules avant la compétition, ceci pour permettre que ceux qui ont des revendications sur la qualification de certains joueurs puissent le faire. Je pense plutôt que, sur ce plan, nous avons assaini la situation, parce qu’il est très désagréable qu’en cours de match, on vienne nous signaler que tel joueur appartient plutôt à telle autre équipe. De moins en moins, on a des cas de double signature.
Je suis conscient qu’il y a tout le temps des joueurs, parfois depuis le centre de formation, qui partent, comme ils disent, pour «se chercher» ailleurs, parfois sous la pression des centres de formation, de leurs parents ou agents. Nous déplorons ce phénomène d’autant plus que très peu de partants sont vraiment bons et réussissent une carrière professionnelle.
Vous nous avez annoncé, en fin de saison dernière, quelques projets de développement initiés par la Fécafoot tels que les stades gazonnés en province et la construction à Yaoundé du Centre technique national des Lions indomptables. Où en est-on?
Pour ce qui est du centre technique national, les travaux ont démarré. La quote-part de la Fécafoot dans le budget total de 950 millions Fcfa à peu près a déjà été donnée à la Fifa, qui se charge du suivi de l’exécution du projet. Et il suffit d’y faire un tour pour se rendre compte que les travaux sont effectivement en cours. A ce niveau, il n’y a aucun problème.
En ce qui concerne nos objectifs dans les délégations départementales, il faut déjà signaler que nous avons entamé la construction des bureaux. C’est déjà fait dans cinq chefs-lieux de province: Maroua, Garoua, Ngaoundéré, Bertoua, Bamenda. Il ne reste à poursuivre cette année que Douala, Yaoundé, Bafoussam, Buea et Ebolowa. Mais, là aussi, pas d’inquiétude puisque cet argent a déjà été débloqué.
C’est au niveau des infrastructures de jeu que la situation est un peu difficile, compte tenu de nos moyens limités. Mais, nous comptons toujours allouer des subventions aux ligues provinciales de la Fécafoot pour qu’elles commencent à acquérir des parcelles de terrain appropriées pour la construction de ces stades. C’est dur, mais nous allons commencer en 2005. Je suis heureux de constater qu’il y a un budget d’investissement au ministère des Sports et de l’Education physique de l’ordre de 900 millions. J’imagine que ce budget de l’Etat ira aussi à l’amélioration des infrastructures sportives dans le pays.
L’année qui s’achève fut aussi marquée par l’affaire des maillots Puma. Peut-on faire le point des relations entre la Fécafoot et ses différents partenaires, l’équipementier et les sponsors?
Il n’y a pas de problème avec notre partenaire Puma avec lequel nous sommes sous contrat jusqu’en 2006. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y aura plus de maillot une pièce, même si le litige reste pendant entre Puma et la Fifa. Mais, la Fécafoot a accepté la décision finale de la Fifa et s’est désolidarisée de Puma dans cette plainte. Le contrat, lui, ira jusqu’à son terme, aucune des deux parties n’ayant exprimé le désir de le rompre.
Quant aux sponsors, Orange, Mtn, Pmuc et les Brasseries du Cameroun, nos relations sont satisfaisantes. J’en profite d’ailleurs pour remercier ces entreprises pour leur soutien, sans lequel la fédération serait dans d’énormes soucis permanents. Maintenant, le gros problème c’est toujours la télévision. Sachez que Coton Sport avait, pour la première fois, l’occasion d’empocher 90 millions au titre de répartition des droits télé et marketing, pour ses résultats obtenus en Coupe de la Confédération; il n’a rien eu parce que la Crtv refuse de diffuser ses matches comme le prévoit le règlement de la compétition. Coton Sport et Sable en sont pénalisés. C’est une situation qui nous reste en travers de la gorge. Nous espérons que nous parviendrons un jour à un accord sur cette question.
Et les relations avec la tutelle aujourd’hui?
La commission paritaire de relecture des textes de la Fécafoot a déjà déposé son rapport, qui a été transmis à la Fifa. Celle-ci devrait réagir incessamment. Le processus électoral va aussi reprendre, là où il avait été arrêté. Le nouveau ministre nous en a donné la garantie. Lors de la réunion de prise de contact avec les fédérations, il a précisé que son ministère n’a pas l’intention de s’occuper des détails internes des fédérations sportives tant que ceux-ci ne troublent pas l’ordre public. En somme, nous avons un écho positif du ministre Philippe Mbarga Mboa, qui a parlé de sérénité, d’apaisement et de performance. C’est à nous de saisir l’occasion pour être plus responsable, de mieux gérer nos fédérations pour obtenir les meilleurs résultats.
A quand l’assemblée générale de la Fécafoot, et allez-vous vous représenter?
La date exacte n’est pas encore arrêtée, mais l’assemblée générale se tiendra bientôt afin que la fédération s’attelle à la préparation de la prochaine saison. Ma candidature, je l’ai annoncée il y a longtemps. Aucun élément nouveau n’est intervenu entre temps pour remettre ceci en cause. Je suis donc candidat, comme d’autres Camerounais. Mais, finissons d’abord avec cette saison qui, il faut le reconnaître, a été longue et éprouvante.
Propos recueillis par E. Gustave Samnick, Mutations