Les deux hommes sont une nouvelle fois à couteaux tirés. La pomme de discorde a trait au dossier de recrutement d’un nouvel entraîneur national pour les Lions indomptables et la poursuite des réformes à la Fécafoot…
C’est sur la pointe des pieds, ce jeudi 24 mai 2007, que le ministre des Sports et de l’éducation physique (Minsep) a fait son entrée dans la chapelle Mfoundi-Asi de Yaoundé, pleine aux trois quarts. Augustin Edjoa était suivi, quelques secondes plus tard, par le président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), Iya Mohammed. Près d’un millier de personnes, parents, amis, collègues… médusées, s’étonnaient ainsi de voir le représentant personnel du Chef de l’Etat et le patron de l’instance faîtière du football camerounais, débarquer en fin de messe de requiem en la mémoire des arbitres Martin Omgba Zing, Patrice Boungani Doda et Engelbert Effa, décédés le 05 mai 2007 dans le crash d’un Boeing de la Kenya Airways.
Messieurs Augustin Edjoa et Iya Mohammed venaient, en effet, de subir un interrogatoire serré au Palais de l’Unité de Yaoundé. Ils y avaient été convoqués en matinée, par le Secrétaire général de la présidence de la République, Laurent Esso. Selon un membre du comité exécutif de la Fécafoot, cette convocation fait suite aux plaintes exprimées par Iya Mohammed. Dans une lettre adressée au Premier Ministre Inoni Ephraim, avec ampliation à la Présidence de la République, le président de la Fédération camerounaise de football dénonce les multiples ingérences du Minsep dans les affaires du ballon rond.
Réuni le 20 avril dernier à Douala, le comité d’urgence de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) a donné un avis favorable pour le retour de Artur Jorge à la tête de la sélection nationale fanion, en lieu et place du Néerlandais Arie Haan, démissionnaire depuis le 31 janvier 2007. Mais, le ministre des Sports, invité d’un magazine dominical à la radio nationale, s’est catégoriquement opposé au choix de la Fécafoot, prétextant, non seulement que le technicien portugais avait humilié le Cameroun en démissionnant après le double échec de 2006, à savoir la non qualification pour le mondial allemand et l’élimination des Lions indomptables en quart de finales de la Can égyptienne.
Augustin Edjoa, qui soutient mordicus que « la nomination d’un entraîneur national n’est pas une priorité pour le moment », exige plutôt la poursuite des réformes administratives et financières devant aboutir à la professionnalisation du football camerounais par une gestion saine et transparente. La première phase de ce processus enclenchée lors de l’assemblée générale ordinaire tenue le 10 mars 2007 à Yaoundé avait abouti à la mise à l’écart de certains administrateurs et gros bonnets de la Fécafoot, parmi lesquels le Directeur général Jean Lambert Nang, le 1er vice-président Jean René Atangana Mballa et le conseiller spécial David Mayebi…
La campagne d’assainissement saluée de tous a subitement connu un coup d’arrêt. D’où la pression exercée par le ministre des Sports. Les Camerounais souhaitent que la Présidence de la République prenne enfin des mesures fortes pour mettre un terme à ce bras de fer qui n’a que trop duré.
Jean Robert Fouda à Yaoundé