Convoquées à Zurich pour trouver un terrain consensuel, la délégation du Minjes et celle de la Fécafoot ne sont pas parvenues à une entente. La Fifa n’a pas tranché. Il faudra encore attendre dans les jours à venir le rapport final de cette tripartite. Mais dans chaque camp on essaie d’utiliser les bribes pour arrondir les angles et aiguiser les appétits d’une l’opinion publique aguichée. Après les échanges épistolaires des deux parties par rapports interposés, la Fifa s’était saisie du dossier.
Le Cameroun n’était pas le seul dans cette impasse. Plusieurs autres pays africains étaient empêtrés dans des crises similaires. Opposant toujours, les dirigeants des fédérations nationales et les gouvernements des pays respectifs. Mais donc les crises ont déjà une fin. On peut citer dans cette mouvance, le Gabon, le Kenya et la Guinée pour ne citer que ceux-là.
Le cas camerounais n’avait rien de particulier. Seulement, l’effervescence des élections présidentielles n’avait pas permis à l’instance faîtière du football mondial d’accélérer les procédures. Ce qui avait retardé l’échéance et donné lieu à des assertions des plus mesquines de part et d’autres. Pourtant après les travaux des Commissions de relecture et d’enquête des finances de la Fécafoot mises en place par le Minjes, le bureau exécutif de l’institution en charge de la gestion du football national en guise de réplique a commis une contre expertise à travers un Comité ad hoc conduit par Essomba Eyenga, et chargé de la réexamination du rapport du camp d’en face. Cette contre relecture n’avait pas mis des gants pour démonter le fruit d’un mois de travaux de la Commission conduite par Nguewa Omer. Elle n’avait pas apprécié la non-élégance du camp adverse et s’était permise de revenir à la charge. Un échange épistolaire qui n’était pas pour faciliter une conciliation.
De cette ambivalence, on pouvait tout de même retenir qu’elle aura permis de relever au grand jour les limites statutaires et administratives de la gestion qui était faite jusqu’ici du football camerounais. Sport roi dans ce pays. Il restait que les solutions proposées n’étaient toutefois pas pertinentes. Au moins, les deux commissions (Minjes et Fécafoot) tout en défendant mordicus, leurs mandataires avaient pu sur certains points concorder. Sur des points bénins.
Notamment sur le cas de la disposition de l’article2 alinéa 5: « les membres du Conseil d’administration conservent leur qualité de délégué. » Ce qui permet aux membres du Conseil d’administration de réunir pour leur seule personne de disposer de plus d’une voix. Ce qui permet au bureau sortant de disposer ainsi d’entre de jeu d’une soixantaine de voix. Ce qui faussait le jeu démocratique. Pour cela, elle proposait que « les membres du Conseil d’administration sortant ne soient plus électeur ès qualité. » Sur cette recommandation le Comité de la Fécafoot s’était incliné. La Fifa a aussi apprécié. Quant à ce qui est de sa composition, si le Comité Essomba n’a pas cru souscrire à la nouvelle recomposition et représentativité au sein du Conseil d’administration tel que proposé par la Commission Nguewa, il est à noter que même à Zurich, on ne serait pas allé dans l’esprit de la Commission. Qui souhaitait que le nombre de représentants des Ligues provinciales se définisse en fonction de leur importance, tout en rehaussant le nombre de représentant des corps de métier. La Commission du Minjes entendait décadenasser ce qu’elle qualifie de « véritable verrouillage du système électoral qui rend presque inéluctable la réélection du président sortant…qui d’entrée de jeu dispose des voix des Ligues spécialisées et des associations des corps de métiers qui les sont inféodés. » Sur cet aspect, Il en est sorti des travaux de Zurich que tous les corps de métier devraient désormais être représentés au Conseil d’administration. Parce qu’étant les principaux acteurs du football.
De même dans la gestion administrative, notamment en ce qui est de l’organigramme, les deux parties semblent d’accord sur la création d’un poste de directeur général de la Fécafoot, qui soit un employé qualifié, recruté et rémunéré. Seulement, ils s’achoppent sur la place qu’occuperait ce dernier dans un organigramme. Alors que les émissaires du Minjes y voient une fonction qui viendrait supprimer le poste de secrétaire général. A la Fécafoot où on ne l’entendait pas de cette oreille, on semble avoir mis un peu d’eau dans son vin. D’ailleurs si cette proposition semble révolutionnaire, il n’a rien de nouveau. On peut même comprendre ce revirement avec la décision du Secrétaire général actuel de quitter la gestion du football aux prochaines élections. Quant à ce qui sur la gestion des matches, la Fécafoot qui déplorait sa mise à l’écart en est sortie souriante. Car, au sortir des travaux de Zurich, il a été demandé que la Fécafoot reprenne en main la gestion des matches internationaux ainsi que la gestion technique des équipes nationales. Le ministère n’ayant désormais que la charge d’assurer le volet sécuritaire. Toutefois, la Fifa a donné trois semaines au deux parties pour signer deux conventions. L’une sur la gestion des finances générées par les équipes nationales ou provenant du gouvernement et l’autre sur la gestion des stades, jusqu’ici sous le contrôle de l’Etat (Minjes).
Discorde
Les grandes attentes étaient sur les divergences de vue. C’est à ce niveau que la Commission de la Fifa, chargée des fédérations nationales était appelée le plus attendu pour départager les deux parties. D’autant que sur les six points relevés par la Commission du Minjes lors de sa relecture, le Comité de la Fécafoot avait tout ou presque remis en cause. A l’époque les deux parties avaient fait preuve d’une dose de mauvaise foi. Il fallait alors les départager. Pour ce qui est de l’assemblée générale, la Commission estimait qu’elle pose à l’heure actuelle deux principaux problèmes fondamentaux : sa composition et la qualité de ses délégués. Pertinent ! Elle proposait alors de la réduire. L’autre pan de divergence c’est la notion d’éligibilité à la présidence de la Fécafoot. La Commission recommande qu’outre les membres de l’Ag que les personnes physiques non-membres de cette assemblée, voire indépendante soient éligibles à condition qu’ils obtiennent le parrainage d’une personne morale de la Fédération ou par 35 délégués des Ligues provinciales représentant au moins cinq (05) provinces. Sur ce point principalement, la Fifa à son exemple l’a accepté contre le gré des responsables de la Fécafoot. Seulement, elle a demandé aux deux parties de définir de manière consensuel et ceci avant la fin du mois le profil de ce dernier.
Toutefois en ce qui est du mode scrutin, la Fifa aurait renvoyé les deux parties à trouver le moment venu celui qui les siérait le mieux. Car qu’il soit un scrutin de liste ou uninominal, la Fifa estime qu’elle n’a pas une préférence sur la question. Mais alors, parlant des élections, la tripartite de Zurich en promettant de donner des précisions supplémentaires dans les jours à venir à travers son rapport final, aurait exclu l’éventualité d’une reprise des élections à la base. Demandant la poursuite du processus au niveau où il avait été arrêté. Ce qui n’est pas du goût le camp du gouvernement. Plus encore, quant à ce qui est de l’adoption des nouveaux textes qui devront régir la Fécafoot dans l’avenir, la Fifa aurait une fois de plus entrepris de donner à la prochaine Assemblée générale de Fécafoot le double caractère électif et de révision des textes du football camerounais. Ce qui n’a pas agréé les émissaires du Minjes. Chaud devant !
Il est alors évident qu’à l’état actuel des débats, sauf coup de force des autorités gouvernementales, Tout porte à croire a en croire les premières réactions des deux camps que les lendemains s’annoncent encore plus orageux. Même si du côté du bureau sortant de la Fécafoot on se veut serein. Sauf, que le gouvernement à encore la carte du rapport de la Commission d’enquête qui est jusqu’ici secret et que certaines indiscrétions parlent d’incendiaires. Ce que refuse de croire les locataires actuels de la Fécafoot. La relecture des textes n’ayant pas la chance de conduire à une révolution espérée.
Mathieu N. Njog, njogmath@camfoot.com, njognath@yahoo.fr,