« …Chez nous, ce qui est malheureux c’est qu’on veut toujours couvrir, masquer les résultats comme si c’était politisé, alors, on a peur de critiquer l’équipe nationale. Parce qu’on se dit qu’en le faisant on sera taxé d’opposant. Mais à mon avis il faut pouvoir à un moment donné, je crois que le chef de l’Etat lui-même l’a dit dans son discours, penser à la relève. Ce qu’il a bien vu que quelque part l’équipe était vieillissante et qu’il faut vraiment travailler pour que les lendemains soient bien… »
Quel sentiment vous a laissé le parcours de la sélection du Cameroun en Tunisie?
Disons que, dans l’ensemble, on est un peu déçu. Parce que le Cameroun nous a habitué à gagner des trophées et à faire des grandes performances. Au regard des différentes rencontres que les Lions Indomptables ont livré, on s’est rendu compte que l’équipe était fragile et à certains moments doutait d’elle même comme contre le Zimbabwe où elle a pris trois buts. Ce qui n’arrive pas souvent dans cette phase de la compétition aux Lions. Et cette fébrilité défensive dans l’animation générale a été aussi vue face à l’Algérie. contre l’Egypte , on a eu l’impression que les choses se mettent tranquillement en place jusqu’à ce qu’on se rende compte contre le Nigeria qu’en fait, l’équipe n’était pas prête, que sur le plan purement de la discipline tactique, il y avait des choses à revoir. Je pense que c’est le moment de tirer les grandes leçons de cette débâcle, il faut bien reconnaître qu’il y a beaucoup de cadres qui sont partis et que, maintenant, il faudra reconstituer une équipe plus régulière et plus disciplinée.
A votre avis quelles sont les causes de cette débâcle du Cameroun?
Dans l’ensemble, je pense que les joueurs ont donné le maximum d’eux-mêmes. Lorsqu’on regarde le match contre le Nigeria, si je ne prends que l’exemple du deuxième but, ceci montre un certain désordre dans la gestion du jeu. C’est un but qu’on pouvait éviter. On s’est fait piéger comme des jeunes nations, ce qui ne nous arrive pas généralement à ce stade de le compétition. Donc, c’est Cet état d’esprit qu’il faut rebâtir afin de remettre sur pied une équipe plus mure, qui, dans cette maturité, nous donnera des résultats assez positifs.
A la lecture de votre analyse, on comprend que sur ce coup, le sélectionneur Winfried Schäfer a échoué!
Vous constatez que les résultats ne sont pas bons forcement, on ne peut pas dire que ça marche. Il faut être logique avec soi-même. Ca été une mauvaise Can, et lorsqu’il y a des mauvais résultats, l’entraîneur est indexé en premier et doit en tirer les conséquences. Je dis qu’il y a une période pendant laquelle Winfried Schäfer a bénéficié énormément de ce qui avait été mis en place par son prédécesseur Pierre Lechantre et ça a marché le temps que ça a marché. Maintenant, c’est le moment pour lui de montrer qu’il peut créer et bâtir une équipe fiable. C’est à son tour, s’il est encore là, de nous produire une équipe conquérante.
Selon vous, est-ce que Schäfer est à la hauteur de cette équipe?
A la lecture de son bilan, il a eu de bons résultats lors des premières années. Mais il faut noter que c’était sur la base des fruits de son prédécesseur. Il a eu un échec total en Corée-Japon. A mon avis, s’il y avait une décision a prendre, c’est là-bas qu’il fallait la prendre. Ce fut la plus haute compétition mondiale et c’est là qu’il fallait juger la capacité d’un entraîneur alors qu’il avait encore tous les éléments sous la main pour faire un résultat qu’on n’a pas fait. Par ailleurs, on note que les entraîneurs expatriés qui arrivent ici sont mal entourés. Ils ne sont pas bien informés de la chose footballistique et se laissent berner et influencer, et prennent des décisions qui ne sont pas compréhensibles. Comment expliquez que Schäfer a voulu aller à cette Can sans sélectionner Mboma ? C’est ce genre de comportements qui font qu’on mette en doute son intégrité et c’est à lui de pouvoir prouver qu’il est au dessus de la mêlée.
Maintenant qu’on a chuté, comment donc rebondir?
Pour cela, une autocritique s’impose. Ensuite il faut prendre des décisions qui s’imposent. Mais chez nous, ce qui est malheureux c’est qu’on veut toujours couvrir, masquer les résultats comme si c’était politisé, alors, on a peur de critiquer l’équipe nationale. Parce qu’on se dit qu’en le faisant on sera taxé d’opposant. Mais à mon avis il faut pouvoir à un moment donné, je crois que le chef de l’Etat lui-même l’a dit dans son discours, penser à la relève. Ce qu’il a bien vu que quelque part l’équipe était vieillissante et qu’il faut vraiment travailler pour que les lendemains soient bien. Mais pour cela il faut des gens à la hauteur et qui travaille sans aucune une pression.
© Nana Paul Sabin