Le jeune prodige de l’inter Milan a déclaré qu’il avait des origines camerounaises. Et déjà la dizaine de millions de sélectionneurs que compte le Cameroun pense que cette révélation est une invite que les autorités sportives devraient saisir au vol…
Yaounde, le 6 Janvier 2004 – Lors de la dernière émission de l’année 2003 de “Stade Africa”, diffusée sur la chaîne de télévision française Cfi Tv, l’invité qui n’est autre que Martins Obafemi que tout le monde connaît nigérian jette le pavé dans la marre. Il utilise cette tribune pour déclarer de façon péremptoire qu’il est originaire du… Cameroun. Pour étayer son propos, il affirme être né dans la presqu’île de Bakassi. La zone longtemps querellée par le Cameroun et le Nigeria et que le tribunal international de la Haye, avait dans une décision, déclarée appartenir au premier. Or, avant que ne se déclenche ce conflit de propriété, elle avait été envahie par la communauté nigériane qui avait fini par imposer ses us et coutumes devant la résignation des Camerounais peu nombreux et ne bénéficiant pas de l’assistance des autorités administratives.
Mais depuis que les deux pays sont arrivés à mettre en place des politiques de restitution des terres conflictuelles et qu’on parle déjà d’une quarantaine de villages restitués au Cameroun, il n’est pas exclu que plusieurs des ressortissants camerounais finissent par chercher aussi le chemin du retour à leur identité culturelle. A ce titre, cette déclaration publique, faite à travers un média d’audience internationale, loin de faire sensation, ne serait pas à réfuter. Car simplement en s’appuyant sur le droit du sol (au cas où il serait vraiment né à Bakassi) celui-ci lui conférerait la nationalité camerounaise. La presqu’île de Bakassi étant depuis quelques temps redevenue camerounaise. Une autre possibilité d’acquérir la nationalité camerounaise lui est donnée. Ses parents au reste sont d’origine camerounaise.
SUPPUTATIONS
Même si l’ambiguïté persistait, nigérian de naissance, il a encore toutes les chances de satisfaire son désir d’obtenir la nationalité camerounaise comme peut cacher cet aveu. Puisque jusqu’ici, il n’a jamais fait partie d’une seule sélection des Greens Eagles. Certes il a été plusieurs fois présélectionné tant en cadets (moins de 17 ans), que chez les Espoirs (moins de 21 ans. Mais jamais, il n’a arboré le sacré maillot vert dans la catégorie des seniors. Si l’une des raisons étaient comme Martins le laissait entendre les autorités sportives nigérianes ou juste sa volonté de s’imposer en club, où il doit affronter une rude concurrence avec Cruz, Vieri, Van der Meyde, Recoba, Crespo et l’autre africain Kallon qui composent le dispositif offensif de l’Inter Milan. Il a profité l’année dernière des absences de ses aînés pour cause de blessures pour se frayer une place dans cette attaque en se faisant le bourreau du Bayer Leverkusen en Ligue de champions au cours d’un match où il inscrira deux buts. L’autre raison de son refus des appels en sélections nigérianes, c’est qu’il ne pardonne toujours pas au sélectionneur des Cadets nigérians de l’avoir écarté en 1997 sur le seul argument qu’il était encore très jeune.
Et s’il avait même à cette occasion défendu les couleurs nigérianes, il va sans dire qu’il bénéficierait de la nouvelle disposition de la Fifa votée au Qatar lors de son récent congrès extraordinaire (3 mars 2003) qui donne la possibilité aux joueurs de moins de 21 qui souhaiteraient de changer de nationalité de le faire sans conséquence aucune. Ou en possédant tout simplement la double nationalité.
De quoi susciter une vague d’espoirs chez de nombreux supporters des Lions Indomptables qui en s’appuyant sur des propos tenus récemment par Martins Obafemi constatent son désir de jouer pour le Cameroun. Ceux-là, prétendent d’une part que sa jeunesse sied avec la politique de rajeunissement mise en place au lendemain de la triste campagne nippo-coréenne. D’autre part en dépit de sa taille moyenne, son physique trapu, sa puissance de percussion balle au pied et son réalisme offensif sont des qualités qui en font un baroudeur des défenses. Un atout pour une attaque camerounaise peu réaliste et déjà dépourvu de joueurs de la trempe de Mboma dont l’opportunité n’a pas de pareil. Et lorsqu’on ajoute à cela l’absence d’un Joseph-Désiré Job pas sûr d’être de l’expédition Tunisienne, on comprend pourquoi depuis cette déclaration les Camerounais ne rêvent plus que de sa convocation. Il est évident que pour les observateurs avertis, il formerait un tandem de choc avec Eto’o dont on dit avoir des qualités complémentaires. Ce qui ferait certainement du dispositif de l’attaque camerounaise un lance roquette redoutable au moment où tous les Camerounais ont hâte de voir les prédateurs se lancer à la conquête du cinquième titre continental et te troisième consécutif. Ce qui sera un palmarès unique en son genre.
Il faut dire que les autorités ont tout intérêt à approcher cette révélation du Calcio afin de savoir davantage les réelles intentions de ce jeune talent de 19 ans que la presse italienne a dénommé affectueusement Obagol. Plus encore que les autorités sportives italiennes qui y voient l’un des grands de cette planète football ont déjà tenté de convaincre le petit missile de l’Inter d’intégrer la sélection des moins de 21 ans Azzuri. Il n’est pas à exclure que ce joueur qui s’imposerait dans toutes les attaques des grandes sélections africaines fuit le Nigeria. La démographie aidant, ce pays compte un fort potentiel de joueurs dans les meilleurs clubs européens avec des attaquants aussi percutants que Bartholemew Ogbeche, Nwanko Kanu, Wilsoft Orunia, Victor Agai, Julius Aghahowa, John Utaka, Pius Ikedia Manaseh Ishiaku Ajouté à cela la bataille à caractère religieux que musulmans et chrétiens se font pour contrôler les sélections des Supers Eagles. Or au Cameroun on relève une panne d’attaquants de classe. Ce serait ce qui expliquerait mieux, par ailleurs la déclaration d’Obafemi
TRÊVE DE SUPPUTATIONS
Martins Obafemi a donné des informations sur ses origines, mais on n’a pas une idée précise de l’identité de ses parents et même de leur nationalité. On attend un complément d’information. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’il est sélectionnable. Il est un joueur sur lequel Schäfer peut compter. Hector Cuper, son entraîneur à l’Inter Milan, n’a pas été déçu. C’est en 2000, qu’il quitte Lagos à l’âge de 16 ans pour la Reggina. Il inscrit 20 buts dans la réserve des moins de 16 ans. C’est alors qu’il est repéré par l’inter qui paie pour le transfert de ce jeune doué 700.000 euro (environ 458.500.000 Fcfa). Nous sommes en 2001. Il faut attendre le 22 décembre 2002 après un dur travail d’intégration et une marge de progression appréciable avec l’équipe réserve de l’Inter qu’il va forcer une place sur le banc de l’équipe première. où il dispute son premier match en championnat contre Panne le 22 décembre 2002. Il lui reste à faire valoir ce talent pour une sélection nationale. Dans ce cas il fait face à un grand embarras entre les convoitises dont il fait l’objet et un souci d’arborer les couleurs de la terre de ses ancêtres.
MATHIEU N. NJOG ET ARNAUD NTCHAPDA