Ceux qui ont raté le match de demi finale retour de la Champions League qui opposait hier mercredi Liverpool à Chelsea ont raté une belle occasion de voir à l’œuvre pas deux des meilleures équipes de l’heure, mais deux des meilleures équipes pour ce qui est de l’intensité dans le jeu. Et je pense que le football d’aujourd’hui c’est 85% de condition physique et 10% de talent et 5% de vision.
Vous avez le droit de ne pas être d’accord avec moi. Mais ce match en était l’illustration parfaite; un match qui ne passera pas à l’histoire pour ce qui est de la qualité du jeu, mais l’engagement et les duels étaient à l’honneur.
Un match très British quoi! Même si le cœur me pince de voir une équipe qui utilise si justement des joueurs africains se faire sortir de la compétition, qui plus est par un tir de penalty raté d’un camerounais, la fougue, la vitalité, le degré de concentration, la ténacité de Liverpool m’ont stupéfait. Donnés perdant par la majorité des pronostics, ils sont allés chercher au loin leur victoire.
Et que penser des supporters des Reds ? De l’ambiance folle des gradins ? Quand ils se mettent à chanter leur chant de ralliement, il y a de quoi perdre tous ses moyens si vous êtes justement de l’autre camp. Des supporters comme on aimerait les voir au Stade Omnisports de Yaoundé, qui ne quittent leur siège que longtemps après la fin de la partie, jamais ou presque avant le dernier joueur de Liverpool. Ambiance tétanisante.
Et quid de la rivalité entre les deux entraîneurs ? Des fins stratèges aux caractères aux antipodes, mais deux des meilleurs entraîneurs de l’heure, qui n’hésitent pas à bouleverser les équipes au gré des plans de match. Ne m’en voulez pas de les comparer avec les entraîneurs successifs des Lions aux classements lisibles. On parle de deux managers, à l’expérience éprouvée.
Pauvre Gérémi! Il ne méritait pas d’être celui par qui l’espoir disparaît d’autant plus que s’il marquait, cela devait mettre une pression incalculable sur Kuyt. Je ne sais pas si ceux qui ne l’ont jamais vécu peuvent véritablement apprécier le sens du mot pression, surtout dans des circonstances comme celle-là… On ne sent plus son corps, on n’a l’impression de ne plus avoir de nerfs, les jambes vacillent, le corps vibre. Gérémi justement était entré dans la rencontre quelques minutes plus tôt justement pour la séance de penalty.
L’équipe qui a gagné est celle qui avait le plus de nerf, pas celle qui a offert le meilleur spectacle. D’ailleurs, qu’y avait-il à attendre de deux équipes du même pays et qui se connaissent et se respectent aussi bien ? Chelsea se devait de gagner la lutte du milieu de terrain, et Mourinho leur en a donné les moyens en titularisant 5 milieux. Liverpool se devait de joueur intensément, tout en gênant considérablement le seul atout offensif de Chelsea, le sieur Drogba. Et Carragher a été énorme dans cette entreprise.
Que retenir des performances des africains de Chelsea ? Même s’il jouait à une position différente de la sienne, Essien a considérablement pris en assurance. Il était souvent le dernier homme, l’homme sur qui s’arrêtaient toutes les prétentions offensives de Liverpool. Obi Mikael a pris du volume et sa progression est phénoménal. Un très bon joueur à surveiller. Drogba a été égal à lui-même. Tout en étant gêné dans sa progression par son « ombre » Carragher, il a pesé sur la défense de Liverpool. Un support offensif lui aurait fait du bien.
Place à l’autre demi finale d’aujourd’hui qui opposera Milan AC à Manchester United. Contrairement au match d’hier, il sera explosif.