Les Lions Indomptables ont enregistré hier à Yaoundé leur première victoire dans la campagne des éliminatoires jumelées coupe du monde et coupe d’Afrique des nations 2006. Par la même occasion, les Camerounais ont glané trois précieux points. Autant dire que l’essentiel est sauf. Mais au-delà de cette victoire, force est de constater que la prestation des joueurs camerounais n’a pas été à la hauteur des attentes de leurs nombreux supporters.
Face à un adversaire a priori à leur portée, les Camerounais se sont imposés à la hussarde. Pendant quatre vingt dix minutes de jeu, ils ont été bousculés par une équipe des Ecureuils, qui a fait preuve de plus d’audace et de combativité. Ce sont d’ailleurs les Béninois qui, de fort belle manière ont ouvert le score à la dixième minute de jeu. Et pendant une bonne demi-heure, toutes les tentatives camerounaises de revenir au score, vont échouer devant la hargne des poulains du Ghanéen Cecil Jones Attuqueyefio. Il ne pouvait en être autrement, tant les Camerounais ont présenté un jeu sans variété où les rares éclairs du match, n’ont été que le fait d’initiatives individuelles. Durant toute la partie, dans son expression collective, le Cameroun n’a rien démontré.
La frilosité d’ensemble des Lions Indomptables et les défaillances individuelles de certains joueurs, Kameni et Mbami principalement et, dans une certaine mesure Geremi, Eto’o et Tum, posent le problème des choix tactiques de Winfried Schäfer. Face au Bénin, le milieu de terrain à cinq joueurs au profil quasiment identique, n’a pas permis au Cameroun de développer réellement son jeu. Le plus clair du temps, Atouba et Womé à gauche, Feutchine et Geremi à droite et Mbami au milieu, n’ont eu de cesse de multiplier des hésitations par crainte d’empiéter sur le rôle dévolu à chacun. La conséquence aura été de voir un milieu de terrain manquant de liant, de créativité et de détermination. Seul le talent individuel de chacun de ces joueurs a permis au Cameroun de sauver l’essentiel. Et dans ce registre Guy Feutchine et Thimotée Atouba méritent une mention particulière. Ces deux joueurs ont véritablement sonné la révolte, côté camerounais. Devant, et très souvent sevrés de ballons, Eto’o et Tum ont cruellement manqué d’efficacité. En ce qui concerne le ballon d’or africain, seul son génie naturel et sa vivacité lui ont permis de se mettre en valeur. Hervé Tum, pour sa part, a traversé le match dans un quasi anonymat. La défense camerounaise, jadis une citadelle, s’est également montrée très fébrile. L’embarras d’une défense à trois, avec des joueurs manquant de repères dans ce système et un peu lourds, a été trop frappant pour passer sous silence. Et là encore, il n’y a guère que l’état d’esprit individuel de Song, Tchato et Perrier qui a permis de préserver l’essentiel.
Toujours est-il que Winfried Schäfer se satisfait, inexplicablement du reste, de la prestation de son équipe. » Mes joueurs se sont véritablement battus comme des Lions. Je suis content de leur prestation » a-t-il laissé entendre à la fin du match face au Bénin. Tout aussi inexplicable est l’incapacité du coach allemand à changer l’organisation de son équipe quand la machine coince. On a ainsi du mal à comprendre pourquoi, Hervé Tum a passé autant de temps sur la pelouse, alors que visiblement, il n’était pas bien dans ses souliers. Tout comme l’était du reste, Modeste Mbami au milieu du terrain. Ce n’est pas tant bien sûr le talent de ces joueurs qui est à blâmer, mais bien leur forme du jour. Winfried disposait pourtant sur le banc de touche, de Marcus Mokaké, un élément capable d’apporter un plus offensif à son équipe. Par ailleurs, au vu du système de jeu mis en place et de la composition du banc de touche avec Souleymanou Hamidou, Mettomo, Abanda, Makoun, Djemba (au profil défensif), on constate que Schäfer joue à fond la carte de la prudence. Pourtant sa défense apparaît toujours aussi perméable. L’Allemand s’y refuse pourtant. Lui, préfère dire que son équipe manque d’un leader comme l’a été Marc Vivien Foé, pour encadrer les jeunes. Si le défunt Lion a effectivement tenu un rôle important dans le dispositif de l’équipe camerounaise, cette excuse est trop facile. Winfried Schäfer gagnerait tout simplement à se montrer moins rigide dans ses schémas et à prendre davantage de risques. Bien plus, il doit fouetter l’orgueil de certains » cadres » de l’équipe en suscitant une saine émulation. Face aux futurs adversaires du Cameroun que sont la Libye et la Côte d’Ivoire et plus tard l’Egypte, il aura certainement besoin de joueurs plus engagés et bien physiquement. Le ticket pour le mondial 2006 est à ce prix .
Simon Pierre ETOUNDI