A qui la faute ? La question lancinante et revenue sur toutes les lèvres depuis la prestation insipide de nos chers Lions au Caire en Égypte dimanche dernier. Des Lions non seulement devenus domptables mais agonisants.
La défaite des Lions dimanche dernier au Caire, lors
de la 4è journée des éliminatoires jumelées Can et
Mondial 2006 vient remettre au goût du jour la
question globale sur la capacité des Lions du Cameroun
de se qualifier pour le rendez-vous des 32 plus
grandes nations du football mondial pour Allemagne
2006. Les Camerounais ne refusent pas de se montrer
fair-play et d’accepter aussi la défaite qui fait
belle et bien partie de l’issu d’un match de football.
Par contre, ils ne digèrent pas la récurrence des
failles qui jonchent la gestion administrative et
technique des Lions du Cameroun depuis des lustres. Et
dont les victoires heureuses mais très souvent
acquises aux forceps ont toujours été l’arbre qui
cache la forêt.
La débâcle Nippo-Coréenne avait alors retenti comme
les sirènes d’un appel en urgence d’une hécatombe en
phase de latence. Les autorités gouvernementales comme
pour se sauver d’une épée de Damoclès qui pendaient
sur leurs têtes, engagèrent alors toute une nation
dans une esbroufe digne d’une tragi-comédie
voltairienne. Il était question d’attaquer de toute
urgence le mal à la racine. Les discours! Rien que
des discours! On annonçait même en grande pompe la
reconstitution de l’équipe nationale et la préparation
de la relève. Il ne fallut pas attendre longtemps pour
se rendre à l’évidence que ces grandes promesses
n’étaient que démagogies. D’autant plus que rien de
concret ne suivi l’ambitieux et non moins noble
programme. La performance hasardeuse de la Coupe des
confédérations vint alors conforter les autorités
sportives sur le réveil espéré des Lions, mieux de la
capacité de se transformer même lorsque les conditions
de préparation et de gestion restent les plus
archaïques. Il faut le dire sans fioriture,
inversement proportionnelle à la notoriété des Lions
mais aussi aux retombées qu’ils ont de tout temps
générées pour un pays comme le Cameroun. où le
ridicule ne tue plus et la désinvolture érigée en
règle.
Sinon, comment comprendre que les échecs des Lions
« Indomptables » plus cuisants les uns que les autres
ont toujours été considérés avec traîtrise comme un
simple faux pas. Les Lions Espoirs en ont payé cher
cette fuite en avant. En dépit de tout, cela n’a
jamais fait prendre conscience à ceux qui en ont la
charge. Certainement parce que cette situation arrange
bien plus d’une personne qui doivent en tirer les
marrons du feu. Décryptage: comment comprendre que
l’entraîneur national montre des signes de sclérose et
qu’il soit toujours en poste parce que tenu par un
contrat grotesque est suspicieux. Pis, que ce soit
toujours à ses adjoints de payer de leurs places ces
errements qui conduisent à des contre-performances
flagrantes, doit bien surprendre. Où encore, que pour
des raisons sibyllines, la négociation des matches
amicaux dont souffre étrangement les Lions ait été
retirée à Ribeiro, un spécialiste en la matière qui
avait fait ses preuves dans la préparation de la Coupe
du monde 2002, au profit des visées mercantiles et
personnelles des autorités sportives locales soit
resté un dossier sans suite est tout simplement
révoltant. Tout comme laisser les Lions sans
préparateur physique depuis l’avant début de la Can
Tunisie 2004, lorsque Stephan Muke ne trouva pas suite
favorable à la revendication de ses arriérés.
Last but not the least !
L’imbroglio qui est savamment entretenu sur ce qui est
des responsabilités du ministère en charge des sports
et la Fécafoot quant à la gestion des Lions est encore
révélateur d’une bataille d’intérêts où les
compétences ne comptent pas, seules les dividendes que
les uns et les autres engrangent. C’est sur cet autel
que l’avenir des Lions est longtemps sacrifié. Et la
gangrène a pris des proportions, à tel enseigne que
l’honneur du drapeau national est sapé. Même les
joueurs ont perdu la « ngnak » qui singularisait les
Lions. Un fait qui suscite moults interrogations. Où
en est-on avec la politique de relève ? Que devient la
reconstruction des Lions devenue de plus en plus
urgente ? Y-a-t-il des joueurs avec titre foncier dans
ce onze des Lions ? L’équipe nationale est-elle
devenue par-dessus tout un cercle fermé, réservé et
restreint ? Seules les réponses efficientes à ces
questions pertinentes garantiront des lendemains
enchanteurs que tout un peuple espère à ce plus « grand
parti » (apolitique en dépit des récupérations.),
unificateur et fédérateurs de tous les courants et
aspirations d’une nation suffisamment divisée.
C’est dire s’il n’est point le moment de pleurer
devant le lait versé. La défaite de dimanche, elle n’a
surpris que les plus naïfs. La prestation des Lions
étant decrescendo depuis le mondial 2002. Même la
victoire devant la Côte d’Ivoire lors de la 3è journée
de ces éliminatoires Can – mondial 2006 n’avait
convaincu que les crédules. Ajouter que les matches
Cameroun – Égypte ou Égypte – Cameroun n’ont jamais
été pour les Lions des parties aisées (Voir historique
des rencontres ci-dessous). Au moins, ils savaient
nous faire plaisir sur leurs prestations collectives
et individuelles qui en faisait une « Strong Team » !
Voilà la jolie formule trouvée par les anglo-saxons.
Emerveillés. Surtout par cette envie de gagner qui
animait le groupe 90 minutes durant, et qui fait
cruellement défaut aujourd’hui. Point alors besoin,
d’esquisser les forces et faiblesses des Lions lors de
leur dernière sortie. Il y aurait des choses et
d’autres à dire sur la tactique et le choix des
joueurs de Schäfer. La prestation individuelle de
chacun des 14 joueurs utilisés et que sais-je encore.
En somme, le match du 5 septembre au Caire est à
oublier au plus vite. Mais il faut encore mettre en
oeuvre une volonté manifeste d’exorciser cette fin de
cycle glorieux des Lions, tout au moins pour que
l’épisode du cauchemar ne dure longtemps. Celui-ci
s’apparente depuis la Can 2004 de plus en plus à une
chute libre. Une phase cyclique que connaissent tous
ceux qui ont atteint les cimes à un moment de leur
ascension. Et pour cela, seuls les regroupements
intensifs et des matches amicaux avec l’urgence d’une
grande ouverture s’imposent. Évidemment, sous la
houlette d’un nouvel entraîneur. Pour insuffler une
nouvelle dynamique. D’autant plus que ce n’est qu’en
instaurant la concurrence au sein de ce groupe
rattrapé par la « starmania » et par la fatigue des
artères suffisamment éprouvés qu’on reconstruira des
Lions. Conquérants et gagneurs.
Mathieu N. Njog, njogmath@camfoot.com
Historique Cameroun – Egypte
-04 mars 1984 à Abidjan (CAN 84)
Egypte – Cameroun (1-0)
-03 février 1985 à Douala (match amical)
Cameroun – Egypte (1-0)
-21 mars 1986 au Caire (CAN 86)
Egypte – Cameroun (0-0) (5-4, après tirs aux buts)
-14 mars 1988 à Rabat (CAN 88)
Egypte – Cameroun (0-1)
-18 Juillet 1992 à Douala (match amical)
Cameroun – Egypte (0-1)
-22 Juillet 1992 à Yaoundé (match amical)
Cameroun – Egypte (0-1)
-16 Mars 1994 au Caire (match amical)
Egypte – Cameroun (0-0)
-18 Janvier 1996 à Johannesburg (CAN 96)
Cameroun – Egypte (2-1)
-22 Décembre 1997 au Caire (match amical)
Egypte – Cameroun (2-0)
-04 Février 2002 à Sikasso (CAN 2002)
Cameroun – Egypte (1-0)
-03 Février 2004 à Monastir (CAN 2004)
Cameroun – Egypte (0-0)
-05 septembre 2004 au Caire (Can/Mondial 2006)
Egypte – Cameroun (3-2)