La nouvelle n’a pas fait l’objet d’un battage médiatique. Elle n’a même pas revêtu les formes administratives auxquelles on aurait pu s’attendre, c’est à dire une décision du ministre de la Jeunesse et des Sports, Philippe Mbarga Mboa, nommant Jules Nyongha comme entraineur-sélectionneur national par intérim de l’équipe fanion, les Lions indomptables.
L’absence de ces formes est justifiée au ministère des Sports par le fait que c’est une action qui se situe dans la logique de continuité du service public. Le titulaire du poste, le Portugais Artur Jorge, ayant démissionné le 7 mars dernier entraînant avec lui son compatriote, Raul Aguas, 1er adjoint, qu’il avait amené dans ses valises, la responsabilité de l’équipe échoit logiquement au 2e adjoint, le Camerounais Jules Frédéric Nyongha.
Une logique qui pour s’appliquer a quand même eu besoin d’une audience accordée par Philippe Mbarga Mboa mardi dernier dans son cabinet à Jules Nyongha. En principe, si un nouvel entraîneur n’est pas nommé d’ici là, c’est donc Jules Nyongha qui officiera comme coach des Lions le 27 mai prochain aux Pays-Bas lors du match amical contre la Hollande. C’est l’échéance la plus immédiate qui interpelle Song et ses coéquipiers à moins que des moyens soient mis à la disposition de l’intérimaire pour un stage de prise de contact.
Il y a une dizaine de jours, le ministre des Sports a saisi par courrier la Fédération camerounaise de football pour qu’elle s’investisse dans la recherche d’un nouvel entraîneur. Dans une interview au site internet Camfoot vendredi 24 mars dernier, après une entrevue avec une délégation de l’équipementier Adidas, Jean-René Atangana Mballa, 1er vice-président de la Fécafoot a indiqué que les recherches étaient déjà en cours dévoilant quelques critères que devrait remplir le futur entraîneur des Lions. « L’entraîneur devrait remplir certaines conditions. Cette fois, nous insistons sur le critère de langue pour assurer la transmission directe des messages aux joueurs. Il faudrait donc un entraîneur d’expression française ou anglaise. Vous savez, avec l’Allemand Winfried Schäfer, les choses n’ont pas été faciles, surtout pour l’équipe qu’il coachait « , avait-il déclaré.
Traitement
Au ministère des Sports, des informations font état de ce que le ministre aurait indiqué à son hôte de mardi dernier que le futur entraîneur pourrait être même lui. Indication de ce que l’hypothèse d’un entraîneur camerounais était envisagée. Démagogie ou conviction ? Jules Nyongha qui ne réfute pas cette allusion du ministre sans toutefois la confirmer, se contente de sourire quant on évoque sa confirmation au poste qu’il occupe désormais. En effet, les déclarations du 1er vice-président de la Fécafoot ne sont pas de nature à susciter l’enthousiasme des techniciens locaux. Pour Jean-René Atangana Mballa, « un entraîneur national pour remplacer Artur Jorge, c’est difficile. Si on nomme un fonctionnaire, il aura probablement un salaire de 500 mille francs Cfa. Il faudrait au moins la moitié de ce que gagnent tous ces Blancs qui défilent chez nous. Mais, pour l’instant, un national, à mon avis, c’est assez difficile. Malgré la compétence. »
La question du traitement des entraîneurs nationaux s’applique d’ailleurs à Jules Nyongha qui est depuis quelques années un professeur d’éducation physique et sportive à la retraite. Les primes qui lui ont été allouées lors de la dernière Can en Egypte ont été au centre d’une polémique relayée par la presse. Il n’aurait pas toujours perçu ce qui est prévu par les textes. Il n’en était pas à la première situation du genre avec les Lions indomptables où ses misères ont parfois été plus grandes depuis qu’il a été désigné en 1985 adjoint de Claude Marie Leroy.
Jules Nyongha, qui a peaufiné sa formation d’entraîneur par des stages successifs en Allemagne, avait déjà démissionné de ses fonctions d’entraîneur national en 1993 lors des phases éliminatoires de la Can 94 et de la Coupe du monde de la même année. Sans aucun soutien, il avait recouru aux bons offices de son épouse par moment pour assurer la lessive des maillots et devait à certains moments partager sa table avec des joueurs. Coach principal des Lions lors de la Can 1996 en Afrique du Sud, il n’avait pas pu réunir son groupe, les professionnels notamment, pour un stage à Yaoundé. La participation du Cameroun à cette compétition avait d’ailleurs été entachée par des revendications des joueurs portant sur les arriérés de prime dont certains remontaient à 1993.
Junior Binyam