Passée l’euphorie et les commentaires dans les débits de boisson… qu’aura suscité le limogeage de Gweha Ikouam, accablé de tous les maux, un sentiment mitigé se dégage désormais après la décision n° 289/Cab/Minsep du 30 avril 2009 portant création d’un collectif de gestion des Lions indomptables.
Jean Paul Akono en homme providentiel sur le banc de touche des Lions indomptables, qui l’aurait imaginé lorsqu’il fût chassé comme un vaurien de l’équipe nationale en 2001, à la suite d’un match perdu en Angola? Des piges par la suite au Tchad et au Rwanda, triste destin pour un médaillé d’or des jeux Olympiques de Sidney 2000. Le lingot était-il l’arbre qui cache la forêt? «Magnuson» effectue un retour triomphal après avoir glané deux titres continentaux avec l’équipe nationale militaire constituée essentiellement de civils. On ne peut pas tromper un peuple tout le temps. Celui qui est aujourd’hui considéré comme le messie des Lions indomptables a été, en 2004, pris à partie par toute la presse camerounaise pour rançonnement des joueurs. Portée devant les tribunaux, l’affaire avait permis de mettre à nu ses pratiques peu orthodoxes au sein de l’équipe nationale espoirs.
L’équilibre régional réussira toujours à sortir Michel Kaham de l’oubli dans lequel l’a enfoncé la disparition de la Kadji sport academy de l’élite. Alain Wabo occupé avec les juniors, Bonaventure Djonkep indésirable chez les Lions, Michel Kaham profite aujourd’hui de son activisme au sein de la Commission Milla pour se frayer une place au soleil. En quelques années, il est devenu le fondé de pouvoirs d’un centre de formation qui était prédestiné à un avenir radieux. Entraîneur adjoint des Lions indomptables lors de la coupe du monde en Italie en 1990 et membre du collectif d’entraîneurs qui a qualifié le Cameroun pour le mondial de 1994 alors qu’en 1993 il avait les rênes de l’équipe nationale junior, Michel Kaham n’a laissé aucun souvenir impérissable dans le staff technique des Lions.
Akono et Kaham auront-ils le courage de n’aligner que les joueurs en activité dans les clubs ? Pourront-ils surclasser Rigobert Song, Géremi Njitap, Modeste Mbami et Achille Webo? Et d’aligner enfin des joueurs compétitifs comme la paire Alexandre Song – Stéphane Mbia au milieu, avec Achille Emana en 10 ? Martin Ndtoungou Mpilé a un faible pour les fils et protégés d’anciens footballeurs qu’il croit tout aussi talentueux que leurs parents. Seulement les résultats n’ont que rarement été à la dimension des attentes placées en ces Espoirs. Si Kana Biyick n’a pas souhaité s’engager avec le Cameroun, par contre Junior Ollé Ollé, Franck Songo’o et surtout Joslain Mayebi, David Eto’o, y compris l’un des protégés de Dang Dagobert ont prouvé qu’ils étaient encore loin de faire l’affaire. L’ancien adjoint de Winfried Schäfer et des espoirs a intérêt à faire un réel travail de terrain pour trouver de nouveaux joueurs au lieu de chercher des solutions faciles.
De quels moyens donc l’Etat va mettre à la disposition du collectif d’entraîneurs pour un rendement efficient? Jules Nyongha se plaignait qu’il n’avait pas de véhicule, ni de bons de carburant encore moins de crédits téléphoniques pour prospecter de nouveaux joueurs. Akono, Kaham et Ndtoungou ne sont pas mieux lotis avec des salaires mensuels de 250.000 Fcfa à 300.000 Fcfa et quelques maigres primes. Et dans la précarité, ces techniciens seraient tentés de marchander des places. Ce qui compliquerait davantage la situation.
Honnêtement, les pouvoirs publics auraient frappé un grand coup en donnant la chance à de “jeunes” coaches qui ont l’expertise nécessaire. De Omam à Towa, en passant par Ekeké, Bell, Mboma et compagnie, cette nouvelle génération des entraîneurs camerounais est constituée de personnes qui ont la tête froide et ne sont pas encore corrompues par une certaine façon de faire. Avec eux, il n’y aurait plus de supers joueurs dont l’influence démesurée nuit de manière récurrente le label Lions Indomptables.
Jean Robert Frédéric Fouda, à Yaoundé