La présence de Samuel Eto’o Fils dimanche dernier au stade Omnisports Ahmadou Ahidjo à l’occasion du match Canon- Union comptant pour la vingt-deuxième journée du championnat national de première division a permis d’avoir une idée sur le choix du futur entraîneur de l’équipe nationale du Cameroun qui rentre en compétition le 3 septembre prochain.
À deux mois jour pour jour du premier match des éliminatoires de la Can 2008 qu’abritera le Ghana, on observe beaucoup de mouvement d’entraîneurs dans les sélections en lice. Le Congo démocratique, vient d’engager le Belge Henri Depireux, ancien entraîneur des lions indomptables dans les années 96. Au Sénégal, le Franco-Polonais Henri Kasperzack sera assisté de Lamine Ndiaye, ancien entraîneur de Coton Sport de Garoua. Au Cameroun, rien n’est toujours clair sur l’identité de celui qui conduira les rênes des lions indomptables à ces éliminatoires. Nous savons également que plusieurs entraîneurs expatriés ont déposé leurs candidatures. La dernière candidature en date c’est celle de l’ancien entraîneur de la Côte d’Ivoire, le français Robert Nouzaret. Avant lui, le Belge, Freddy Smets avec accompagné sa candidature d’un projet sportif qui débouchera selon lui sur la construction des stades et la mise sur pied des centres de formations au Pays de Samuel Eto’o Fils. Tout récemment encore, Richard Towa, un compatriote qui entraîne en Allemagne est venu allonger la liste des candidats. Malgré toutes ces candidatures qui affluent de part et d’autre, au niveau du ministère des sports et même de la Fecafoot on garde le silence sur le sujet. Les deux patrons des lieux se trouvent en ce moment en Europe, mais on nous rassure que la question est prise très au sérieux.
Le premier ministre veut comprendre
Comme dans toutes les grandes sélections, l’avis des ténors de l’équipe compte dans le choix d’un entraîneur. Samuel Eto’o Fils, le Pichichi de la Liga Espagnol a été aperçu dimanche dernier au Stade Ahmadou Ahidjo, à la faveur du match de championnat qui opposait Canon de Yaoundé à Union de Douala ( match interrompu pour cause de pluie). Après un entretien avec le président Louis Michel Kamdem de l’Union, le triple ballon d’or Africain s’est entretenu pendant trente minutes avec Etienne Claude Tamo, administrateur de la Fecafoot et vice-président de la commission des compétitions internationales avant de se retirer à bord de sa Lexus. Selon certaines indiscrétions, l’attaquant des lions Indomptables devait rencontrer à 20h, le premier ministre Inoni Ephraim. La visite de Eto’o chez le chef du gouvernement Camerounais était prévu à 11h, mais elle a été décalée à 20h parce que le patron de l’immeuble étoile était hors du pays (il était à Banjul, pour un sommet).
Selon nos sources, le premier ministre souhaite avoir l’avis des joueurs, notamment les ténors avant le choix du patron du banc de touche des lions. Dans son entretien avec les différentes personnes, Eto’o a laissé entendre que le Cameroun est une grande nation de football et que n’importe quel ‘’blanc » ne doit plus entraîner notre équipe nationale. Pour lui, le seul expatrié capable d’entraîner les lions en ce moment parce qu’il maîtrise le pays et nos réalités c’est Claude Le Roy. Mais l’enfant terrible de New Bell constate que Claude Leroy est très occupé en ce moment et pas disponible à entraîner.
Akono Jean Paul et Manga Onguené pressentis
Devant ce constat, Eto’o fils et ses Camarades ont opté pour la solution des entraîneurs Camerounais. Les ténors de notre équipe nationale ont jeté leur dévolu sur deux entraîneurs ayant par le passé entraîné cette équipe. Il s’agit de Jean Paul Akono et Jean Manga Onguené deux anciens joueurs de Canon de Yaoundé des années 70. Avant Eto’o, Geremi Sorel Njitap, vice capitaine des lions, répondant aux questions de notre confrère Sandeau Nlomtiti du quotidien Le Messager disait ‘’ Je souhaite un entraîneur Camerounais à la tête des lions ». L’enfant de Bamendzi ne s’était pas arrêté là, il avait fait des propositions en parlant de Jean Manga Onguené, Jean Paul Akono et Jean Pierre Sadi. Jean Paul Akono, de retour du Rwanda où il n’a pas pu s’entendre avec les dirigeants de l’équipe APR (Armée Patriotique du Rwanda) est donc sans emploi et très prêt à renouer avec les joies et les angoisses des bancs de touche. Ce n’est pas forcement le cas de Jean Manga Onguené, responsable du projet Goal de la Fifa en Afrique centrale depuis 2001. Nos sources nous indiquent tout de même que l’ancien avant-centre du Canon de Yaoundé des années glorieuses, aurait donné tout de même son accord de principe quant à sa probable nomination au sein des lions. De 1989 à 2001, Jean Manga Onguené a fait parti de l’encadrement technique des lions. Il a même plusieurs fois occupé le poste d’entraîneur principal de cette équipe, comme à la Coupe d’Afrique des Nations 1998 au Burkina-Faso. Jean Paul Akono, alias ‘’ Magnuson », champion Olympique en 2000 à Sydney a été nommé à la tête des lions après ces jeux Olympiques par le ministre Bidoung Mpkatt. À la suite d’une défaite contre l’Angola en 2002, il est remercié et remplacé par Winfried Schäfer.
À ces deux entraîneurs à la tête des lions, une autre source annonce la nomination d’un troisième homme. Celui là viendra résoudre le problème d’équilibre régional. On parle alors d’un coach anglophone ou de quelqu’un du grand nord. Mais à l’état actuel de nos enquêtes, aucun nom ne revient avec insistance.
Garantir le minimum aux entraîneurs nationaux
Le problème que nos entraîneurs éprouvent souvent c’est donc ce manque de considération et de respect de la part de la société et même de nos joueurs professionnels. Mais Eto’o Fils a tenu à rassurer qu’ils respecteront le coach Camerounais qui sera nommé. Mais ce qu’il n’a pas rassuré c’est son traitement. Nous savons que les Camerounais qui ont souvent dirigé cette équipe n’ont jamais reçu même le tiers du traitement qu’on accorde aux expatriés. Le dernier en date c’est le coach Jules Frédéric Nyongha. Depuis sa nomination dans l’encadrement des lions, le17 janvier 2005, il n’a reçu aucun salaire, il se contente des primes de match, pendant que Artur Jorge et Raul Aguas en plus des primes touchaient trente millions le mois. En 1996, sous Jules Nyongha les joueurs s’entraînaient sans l’eau à boire. Ce qui est davantage regrettable avec nos entraîneurs, c’est que même lorsqu’ils travaillent dans des conditions exécrables, ils n’ont pas toujours le courage de dénoncer à haute voix. On a vu à la dernière coupe d’Afrique des nations au Caire, des entraîneurs qui venaient nous voir pour se plaindre de leur mauvais traitement, mais devant le micro ils changeaient de position. Quand on sait que Akono Jean Paul est à la retraite, de même que Jean Pierre Sadi, l’état du Cameroun pourra-t-il leur donner un salaire décent, leur permettant de travailler en toute quiétude ? On ne peut pas répondre par l’affirmative. C’est pourquoi la plupart des Camerounais que nous avons rencontrés pensent que malgré le talent et l’expérience qu’on reconnaît à nos entraîneurs, l’équipe du Cameroun doit être entraînée par les expatriés.
Dans les prochains jours, on sera fixé sur l’identité du nouvel homme fort du banc de touche des lions indomptables.
Guy Nsigué à Yaoundé