Alors que le monde entier se penche sur la fuite des cerveaux Africains qui font le bonheur des entreprises occidentales et Américaines, nous nous attardons quelques instants sur la nécessité de faciliter l’intégration de nos sportifs de haut niveau issus de la diaspora dans nos différentes équipes nationales. Si les matchs organisés le 26 Mai dernier par François Ngoumou ont connu un franc succès, l’importance de l’officialisation de ce genre d’actions par le MINSEP ne devrait plus être d’actualité.
Mobilisation pour peu de frais
Malgré le « succès » ou « l’échec » mitigé de Düsseldorf, une réalité ne fait plus l’ombre d’aucun doute : la nécessité de mettre sur pied un mécanisme officiel de détection des talents d’origine Camerounaise résidants à l’étranger. Ils sont nombreux dans les centres de formations, des équipes de seconde zone, des équipes réserves et des championnats moins médiatisés. Ils ont presque tous un point commun : la volonté de porter haut nos couleurs nationales. Et pourtant, rien n’est fait pour leur encourager. Ce ne sont pas les spectateurs de la Denderleuw Stadion qui se plaindront des deux formations présentées par François Ngoumou un jour avant le début effectif du dernier stage des lions en terre Belge.
En effet, le promoteur de « sport étude » a réussi le pari de réunir en peu de temps et à peu de frais une quarantaine de joueurs d’origine Camerounaise pour gratifier le nombreux public de deux rencontres d’un niveau irréprochable. Jouant même un peu de malchance pour ne pas venir à bout de l’équipe réserve du FC Dender – nouveau promu en Jupiler League – et la très solide formation de « foot élite » constituée de joueurs professionnels en attente d’un nouvel employeur. Dans les tribunes se trouvaient un Jules Nyongha attentif, quelques agents de joueurs intéressés et le représentant du Ministre des sports et de l’éducation physique.
Au regard des prestations affichées par ses deux formations qui nous laisse sur un goût d’inachevé, quelques questions récurrentes ne cessent de nous turlupiner la tête : À quand les prochains regroupements ? Pourquoi ne pas soutenir officiellement ces initiatives qui peuvent s’avérer salvatrice ? L’exemple qui vient d’ailleurs.
La stratégie Turque
La Turquie est une grande nation qui a fait du football une religion au dessus de l’Islam et du Christianisme. Le prestige et la notoriété des clubs comme Galatasaray, Besiktas ou encore Fenerbahçe n’est plus à démontrer. Avec un peu plus de deux millions de ressortissants, les turcs représentent une force vive en Allemagne où le nombre d’étranger est estimé à près de 9 millions. Soucieux du devenir et de l’efficacité de leur équipe nationale, la Turquie s’est remise sur le chemin des conquêtes … différent de celui emprunté par l’empire Ottoman.
L’objectif est simple : récupérer tout talent d’origine turque formé dans les écoles de football Allemandes. Yildiray Bastürk, Halil Altintop et Hamit Altintop sont quelques exemples du fruit de la détection, de l’entretien et de l’intégration du meilleur de la diaspora dans l’édifice de l’équipe nationale de Turquie.
La méthode n’est pas du tout sorcière ; des instructeurs nommés officiellement par les instances du football parcours l’Allemagne, sensibilisent, recrutent et organisent des rassemblements périodiques qui débouchent régulièrement sur des matchs amicaux. De ce travail de fond est tiré « les bonnes graines » qui sont remises á la disposition des différentes équipes nationales qui n’ont plus qu’à les exploiter. Un pari réussi qui fait de l’Allemagne le deuxième réservoir du football Turc. Un investissement insignifiant qui a des résultats à court et à moyen terme.
L’Etat Camerounais doit agir
La nécessité absolue de relancer le sport au Cameroun n’est plus un secret de Polichinelle. Si des mesures impératives s’imposent pour mettre sur pied une stratégie à long terme, la prospection et la détection au niveau de la diaspora reste une des nombreuses solutions palliatives à la relance du football en particulier et du sport en général. Pour éviter et mettre fin par exemple a des petits manquements administratifs consécutifs à la convocation de Marvin Matip dans la famille lions, la tutelle devrait mandater officiellement une équipe chargée de suivre, prospecter et faciliter l’intégration des sportifs de haut niveau sous la bannière lions indomptables. Sur le vieux continent où l’importance de la diaspora n’est plus à démontrer, un découpage géographique avec à sa tête un responsable chargé officiellement de faire des rapports techniques sur chaque sportif ne serait pas de trop. Au contraire, cette mission permettra enfin d’organiser régulièrement des regroupements et des matchs de prospection pour faciliter le travail aux entraîneurs locaux qui n’auront plus qu’à composer avec des produits finis.
Opération 2010
Franck Songo’o, Marvin Matip, Assou-Ekoto, Alexandre Song, Georges Doum, Diedonne Owona, Bassong, Ngog, Aboubakar Oumar, Marcel Ndjeng, Ngwat Mahop et José Axel Ikeng sont des exemples de la jeunesse capable de créer une sensation en coupe du monde 2010 qui se déroulera en Afrique du Sud. Pour atteindre cet objectif noble digne des grandes écuries de football, une intégration progressive s’impose. Si rien n’est fait pour enrayer la médiocrité stagnante et encourager la « méritocratie » chez les lions, l’espoir de voir le Cameroun atteindre le niveau d’ « Italia 90 » reste encore maigre. Le MINSEP devrait donc prendre ses responsabilités en nommant des responsables de la détection au niveau de la diaspora Camerounaise.