A l’issue des élections provinciales qui auront lieu cette semaine, le nouveau corps électoral pour la présidence de la Fécafoot qui aura lieu le 24 avril prochain sera mis sur pied. En attendant nombres de département ont dévoilé leurs représentants.
Après onze jours de débats tumultueux dans les 58 départements, où les postulants à la gestion des Ligues et autres strapontins à des échelles plus élevées se sont affrontés dans des joutes électorales qui ont souvent failli arriver aux mains. Cette semaine c’est au tour des Ligues provinciales de prendre le relais. Les batailles s’annoncent à ce niveau là autant très houleuses, voire plus épiques que ce qu’on a enregistré dans les scrutins verrouillés des départements.
Depuis que Iya Mohammed a prescrit le statu quo, les équipes sortantes se battent pour se maintenir avec le soutien des barrons de ce système. Notamment les membres du bureau exécutif qui sont d’office leaders dans leurs provinces respectives. D’ailleurs, ils ont eux-mêmes pris les commandes des opérations. Descendant sur le terrain pour faire respecter le mot d’ordre, n’en déplaisent aux sirènes du changement qui se recrutaient même à l’intérieur de ses structures de base. Les frondeurs, pas du tout flagorneurs pour un sou devant les bilans très souvent chaotiques des équipes dirigeantes en fin de mandat, avaient la ferme intention d’insuffler une nouvelle dynamique avec de nouveaux hommes. Mais très peu ont pu parvenir à leur dessein. La machine déployée pour écraser toutes ces velléités a été très puissante. Faisant une démonstration de force. Ne ménageant aucune voie, ni aucun moyen. Verrouillages, quadrillages, trucages, exclusions, mascarades et même diktat ont agrémenté le menu fretin de cette première phase des consultations à la base.
L’enjeu, il faut le comprendre, était encore plus grand que d’apparence. Les têtes de proue, qui siègent au bureau fédéral entendent bien justifier leurs positions de leaders à la base. Seul gage pour assurer la continuité dans les affaires comme l’a prescrit l’homme qui incarne ce mandat, Iya Mohammed. Evidemment, c’est aussi le ticket qui garantirait le maintien dans cette équipe du bureau sortant de la Fécafoot où jusqu’à il n’y a pas très longtemps, les rapports entre ses membres n’étaient pas toujours plus conviviaux. Mais tous ou presque sont revenus a de meilleurs sentiments, liés par un même objectif : parachever le plan d’action entamé depuis 4 ans que la profession de foi du président Iya a qualifié de largement positif. Même si les adversaires ne partagent pas ce point vue, ce qui du reste est de bonne guerre. Pour assurer cette victoire d’une équipe qui se veut plus ou moins soudée, les membres de l’exécutif et du conseil d’administration sortant ont tout intérêt de faire preuve d’une maîtrise sans faille de la base. C’est aussi la condition du maintien de toute l’équipe à la gestion du football mais aussi du maintien individuel dans cette haute sphère.
La tâche n’a toujours pas été facile, contrairement à l’allure des résultats. Certains pour mieux asseoir leur notoriété ou pour mieux maîtriser la situation ont été contraints de retourner briguer les mandats à la base. Si pour la majorité de ces pseudo ou véritables leaders, cela s’est passé avec beaucoup de bonheur, il est à noter que sans avoir compromis leur avenir, certains ont essuyé des revers. Si ce n’était pas eux-mêmes, c’était leurs poulains. Ce qui présage des joutes encore plus enlevées au niveau des Ligues provinciales dont les élections démarrent à partir du 15 pour s’achever le 18 avril prochain. Avant l’apothéose le 24 avril.
Car, c’est cette seconde étape dans le processus qui permettra d’entamer la dernière ligne droite qui conduira à l’élection du nouveau président de la Fécafoot. Une procédure électorale se profile en toute complexité. Les élections provinciales de cette semaine sont dont a n’en point doutées très importantes dans les stratégies des différents candidats à la hiérarchie suprême du football camerounais. Conscients de ces enjeux, les barons du bureau sortant ne se sont pas fait prier pour conduire les troupes à la base dans le strict respect de la consigne du statu quo. Les quelques-uns qui ont été écartés sont ceux qui ont unilatéralement décidé de ramer à contre courant. Toutefois, il y’en qui ont relevé le défi jusqu’à quand ? L’issue des élections de cette semaine nous édifierons.
Dans le Littoral, David Mayebi, a réussi sans coup férir à maintenir sous son escarcelle les quatre Ligues départementales. Même s’il a affronté une légère résistance du camp acquis au candidat Emmanuel Loga dans la Sanaga maritime. Ce qui met de plus en plus en mal ce dernier qui devra encore revoir ses stratégies pour pourvoir être dans le corps électoral de cette assemblée élective provinciale du 16 avril prochain. La machination visant sa disqualification comme membre de l’Ag au titre de représentant de Futsal étant entamée.
Dans le Sud-Ouest, Ndoki Mukete, secrétaire général adjoint est allé rallier tous les courants autour d’un même idéal. La tâche n’était pas facile pour lui, surtout qu’un élan tribal très vite étouffé revendiquait déjà l’éviction du colonel Louis Pangop à la tête de la Ligue au détriment d’un candidat originaire de cette province. Mais comme prescrit, Prince Ndoki Mukete, le « leader » a semble-t-il harmoniser tous les sons de cloches et maintenu le statu quo. En tout cas, c’est ce qu’on confirmera au sortir du scrutin de vendredi prochain. La position de Njalla Quan étant pour le moins déterminante.
A l’Ouest, Charles Emedec, le 2e vice-président a fait une razzia avec tout son état-majore en raflant huit départements sur huit. Il a certes rencontré une forte résistance dans le Ndé avec l’opposition du colonel Tchatchou et de Philippe Kouamedjo qui ont remué visiblement en vain les cendres d’un ralliement derrière la tendance Vincent Onana. Mais la coalition en poste Tsemo – Emedec s’est montrée dévastatrice.
Leaders à rude épreuve
Les premières frayeurs viennent du Centre où sur les 10 départements de cette province, deux sont sous le contrôle sans équivoque des deux candidats rivaux à Iya Mohammed. La Mefou et Akono est resté fidèle à la dynamique Nguini Effa et la Lékié a remis sur la selle Vincent Onana qui est revenu en duo avec Mbita Ayissi, le président provincial sortant. Cette perte de quelques parcelles de terrain aux lieutenants de Jean-Réné Atangana Mballa rend de plus en plus difficiles le scrutin du 17 prochain où pourrait alors commencer à se nouer l’alliance Nguni – Onana pour conquérir le fief du secrétaire général de la Fécafoot. Ce qui pourrait susciter une certaine dislocation dans le groupe Iya. Et mettre sérieusement à mal le leitmotiv de la continuité prôné par le chef de file. De même, il y a aussi de réelles inquiétudes sur le contrôle de la province de l’Est où comme Mbita Ayissi dans le Centre, le président de la Ligue provinciale Monpea Moampi était soupçonné de faire défection. Le maire Ngove Ngari était alors préconisé comme le nouveau cheval de bataille de cette province au détriment de Francis Monpea Moampi. Robert Penne qui y était jusque-là le leader charismatique aurait perdu suffisamment du terrain.
Dans le Nord-Ouest, les hommes du ministre John Ndeh, l’ex 3e vice – président, aujourd’hui ministre de transport, se battent pour le leadership. Bernard Talbali, celui qui avait pris la tête de la Ligue en mi-mandat entend conserver la présidence alors qu’on soupçonnerait, la pierre angulaire de la renaissance du football dans le Nord-Ouest, Kaba Christopher, secrétaire général sortant, manœuvrier devant l’éternel et faiseur de roi, de préparer Fortibui Hilary. Certainement qu’ici aussi le discours de la continuité a gagné le pas dans les rangs du bureau sortant. Mais la suite n’est pas un cours d’eau tranquille puisqu’ils sont sérieusement menacé par Francis Yong, l’ex-patron de cette Ligue du temps de Vincent Onana, qui entend dans la dynamique de son ancien mentor, revenir aux affaires. Cet homme d’affaires et mécène sportif a d’ailleurs annoncé les couleurs en prenant le contrôle de la Ligue départementale du Boyo. Mais, il n’empêche pas Christopher Kaba qui est virtuellement le « leader » de cette Ligue de continuer à rire sous cap. Estimant qu’il tient encore le bon bout.
Le grand Nord reste encore mystérieux. Solidaire et toujours en bande comme des troupeaux, c’est à qui réussira à créer la zizanie dans ces rangs qu’on dit acquis à Iya Mohammed que pourra revenir la victoire. Pour l’instant, on annonce une dissidence à l’Extrême- Nord qu’Alioum Aladji se devait d’étouffer ou de mater. Mais nul doute que le président Faycal Mourad est resté à l’écart. Tout comme dans l’Adamaoua où les homonymes Abbo Mohamadou et l’honorable Abbo Mohamadou tiennent jusqu’aux dernières nouvelles le gouvernail. Mais à laquelle des trois mouvances reviendra t-elle. Difficile de percer le mystère. Aux dernières nouvelles, Iya Mohammed garderait toujours la main mise sur ces deux autres provinces septentrionales comme sur celle du Nord qui est indubitablement sa chasse gardée.
Cette semaine dévoilera bien de choses dans ces élections de la Fécafoot. Des surprises, confirmations et même désillusions vont agrémenter les différents festins.
Mathieu N. Njog