La Fécafoot et les présidents de clubs de première division entendent jouer dans la mythique cuvette de Mfandena. Le ministre de la Jeunesse et des sports s’y oppose. Le 45ème championnat de football de première division démarre le week-end prochain sur toute l’étendue du territoire national.
Et déjà, des zones d’ombre s’amoncellent sur le déroulement des rencontres dans la ville de Yaoundé. En effet, le clair-obscur plane encore sur la disponibilité du stade omnisports de la capitale à accueillir les matches des quatre équipes de la province du Centre. Certes, la Fédération camerounaise de football a programmé certains matches de la première journée dans la cuvette de Mfandena. Mais, cette programmation va à l’encontre des mesures prises par le ministère de la Jeunesse et des sports relatives à la fermeture du stade Omnisports à toutes les compétitions nationales. La Fécafoot aurait-elle donc opté pour un bras de fer avec sa tutelle ? Tout porte à répondre par l’affirmative.
L’institution en charge de la gestion du football au Cameroun a choisi d’ignorer la décision ministérielle. Mieux, elle préfère prêter une oreille attentive aux doléances des présidents de clubs de première division de la province du Centre. Ceux-ci, au cours d’une réunion de l’assemblée générale ordinaire de leur association tenue le 15 février à Yaoundé, ont entre autres pris la résolution d’accueillir tous leurs adversaires sur la pelouse du stade Ahmadou Ahidjo. Ce désir manifesté de jouer sur la mythique pelouse de Mfandena est perceptible dans cet extrait d’une correspondance (de Antoine Depadoux Essomba Eyenga) adressée au secrétaire général de la Fécafoot : « nous avons l’honneur de vous confirmer que les clubs ont, compte tenu des difficultés actuelles et du match du 22 février 2004 qui priverait les clubs de Yaoundé jouant à domicile d’avoir le stade omnisports, demandé le report du championnat 2004 aux 28 et 29 février 2004 ».
Main tendue
La levée de boucliers des présidents des clubs de Yaoundé se justifie à plus d’un titre. « Nous ne jouerons nulle part ailleurs qu’au stade omnisports de Yaoundé. Ça coûte cher d’accueillir nos adversaires sur d’autres installations que les nôtres. Car, à chaque match à domicile, nous devons déplacer plusieurs jours à l’avance notre équipe. L’objectif est de faciliter l’acclimatation et la reconnaissance du terrain aux joueurs. » Alex Owona, le président exécutif de Renaissance de Ngoumou, se montre d’autant sceptique que les promesses de l’année dernière n’ont jamais été tenues : « le ministère de tutelle avait promis un appoint financier pour amortir les dépenses supplémentaires liées à la fermeture du stade omnisports de Yaoundé pour cause de réfection de la pelouse. Cet argent n’a jamais été vu ».
Outre le manque-à-gagner, les clubs de D1 de la capitale ne s’expliquent pas toujours la décision du ministre Bidoung Mkpatt. « Le championnat se joue bien à Douala dans un stade omnisports. Il en est de même du stade omnisports de Garoua. D’où vient donc l’exception du stade omnisports de Yaoundé ? », s’insurge-t-on. Et de continuer : « le stade omnisports serait désormais réservé aux rencontres internationales. Mais, oublie-t-on que les clubs de D1 sont à la base de l’équipe nationale de football ? » Les clubs de Yaoundé énoncent par ailleurs l’argument des recettes de stade dans leur plaidoirie.
A les en croire, les recettes enregistrées l’année dernière dans les stades périphériques de Yaoundé ont été insignifiantes. Et pour cause, le public sportif des villes de seconde zone comme Akonolinga ou Ebolowa n’assistait pas massivement aux rencontres de football payantes de première division. La porosité des issues d’entrée n’a pas non plus facilité la tâche aux équipes délocalisées. Les mesures de sécurité peu rigoureuses achèvent la kyrielle de récriminations des clubs de première division de Yaoundé. « Bien que jouant à domicile, il est souvent arrivé à ces équipes de faire face à l’adversité d’un public inconnu ».
Tout en refusant d’accueillir leurs adversaires sur des « stades étrangers », les présidents de clubs de Yaoundé restent ouverts aux propositions de la tutelle : « nous sommes disposés à jouer au stade militaire de Yaoundé ou dans les stades annexes. L’essentiel est de jouer à Yaoundé et sur des installations acceptables ». A ce sujet, le ministère de la Jeunesse et des sports, dans le cadre de la réhabilitation de certaines infrastructures sportives, a engagé des travaux de réfection des aires de jeu des deux stades annexes omnisports de Yaoundé. Il a également engagé la réhabilitation du célèbre stade militaire de Yaoundé.
Vraisemblablement, les travaux ne seront pas terminés avant plusieurs semaines. Le stade omnisports de Yaoundé est le premier bénéficiaire du processus de réhabilitation engagé par le ministère. Les travaux y relatifs ont été réceptionnés en décembre dernier. Depuis lors, il est exclusivement réservé aux compétitions internationales. L’insubordination de la Fécafoot et l’intransigeance des présidents de club de D1 de la capitale feront-elles plier le ministère ? On attend…
Thierry NDONG, Le Messager