Le comité exécutif de la Fécafoot a tenu une réunion extraordinaire hier, 27 février 2007 à Yaoundé. Jean Lambert Nang (Directeur Général) limogé.
1- Le décor
Tsinga, siège de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), hier 27 février 2007. Il est déjà dix heures, mais la réunion extraordinaire du Comité exécutif n’a pas encore commencé. Une dizaine de policiers dissertent sur la véranda de l’alimentation qui côtoie la clôture de l’immeuble siège de la Fécafoot. Une camionnette des sapeurs pompiers est stationnée sur le bord de la route. Les journalistes discutent en petits groupes dans la cour intérieure.
Le président de la fédération, Iya Mohammed, est déjà dans le bâtiment. Il en est de même de Jean Lambert Nang, le directeur général (Dg). Ce dernier est arrivé dans le véhicule de Ngango Otto, l’un des administrateurs de la Fédération. Il est rentré au soir de lundi dernier sans son véhicule de service, encore garé dans la cour. Un confrère confie qu’un membre du gouvernement a rencontré le Premier ministre hier dans la nuit pour le maintien de M. Nang en poste. Sans succès.
Les membres du Comité exécutif (Ce) arrivent au compte-gouttes. On aperçoit Jean René Atangana Mballa, le premier vice-président ; Antoine Essomba Eyenga … et Roger Milla, président d’honneur de la Fécafoot. Après un tour à l’intérieur, l’ambassadeur itinérant approche la presse. Pour lui, les gens en veulent à Jean Lambert Nang parce qu’il a découvert et combattu des actes de fraude au niveau de la Fécafoot. “ Je vais les [les membres du comité exécutif, ndlr] chauffer là-dedans ”, prévient-il, avant d’être invité par le protocole à rejoindre la salle des assises. Il est déjà 11 heures.
2- Séance d’exorcisme
La salle en question est déjà pleine. La trentaine de membres du Comité exécutif sont assis autour d’une table. Iya Mohammed commence son propos de bienvenue. Plusieurs journalistes essayent d’entrer, en même temps que Jean Lambert Nang. D’un signe de la main, Iya M. lui demande de sortir de la salle. Il s’exécute et remonte dans son bureau. A la fin du propos du président, les journalistes sont à leur tour priés de sortir. “ C’est un comité exécutif extraordinaire, vous aurez les résolutions après ”, lance Antoine D. Essomba Eyenga. Près d’une demie heure plus tard, le Dg est admis dans la salle. Les policiers en faction sont partis. De même que le véhicule des pompiers.
Rien ne filtre de la salle. Mais vers 16 heures, on entend dire que “ le Dg est tombé.” Le concerné est dans son bureau et reçoit quelques amis et connaissances. A ceux qui s’interrogent sur la situation, il répond avec humour, et sourire aux lèvres : “ Vous venez d’en bas, c’est vous qui savez. ”
La réunion s’achève autour de 17 heures, et la presse doit attendre le communiqué final. En attendant, c’est l’omerta. Aucun membre du comité ne parle. Jusqu’à ce que tombe le communiqué final, lu par Abdouraman, le chef du département de communication de la Fécafoot. “ Il est mis fin aux fonctions de monsieur Jean Lambert Nang, directeur général de la Fécafoot ”, annonce-t-il. Sans commentaire.
3- Dénouement
Les participants au comité sortent de la salle en fuyant les journalistes. Seul, Jean René Atangana Mballa parle. Pour dire que le comité d’organisation des compétitions nationales va gérer le championnat. Approché, le désormais ex-Dg se refuse à toute déclaration. Dans les coulisses, on apprend que ce poste pourrait être supprimé prochainement, pour un retour au secrétariat général. Une autre source pense que la séance d’exorcisme se poursuivra. Le cas des élus à débarquer sera abordé au cours de l’Assemblée générale, le 10 mars prochain.
On annonce notamment une redistribution des cartes au sein de la maison. “ Ce qui est sûr, c’est que le mouvement sera de forte amplitude. Il s’agit de donner des gages de notre volonté de changer les choses en profondeur. C’est un signal fort en direction des adeptes de l’impunité ”, commente sous le sceau de l’anonymat un cadre de la maison.
Des barons dans le colimateur
Même s’il se refuse à citer les noms, certains à l’instar de notre confrère Stv, évoquent les noms des barons tels Jean René Atangana Mballa, David Mayebi, Etienne Tamo et Charles Emedec entre autres. Leur pouvoir devrait, à en croire des sources non officielles, être recentré dans le cadre d’une large restructuration et redistribution des cartes. “ Seul M. Iya sait de quoi il retourne ”, élude, prudemment le responsable de la communication, interrogé par le reporter du Messager sur le sujet. Le président de la Fécafoot détient donc seul les cartes du jeu. Jusqu’où pourra-t-il aller? Aura-t-il suffisamment le courage d’éloigner (à défaut de s’en séparer) des hommes qui ont su le soutenir dans les moments difficiles ? On attend de voir. Car Jean Lambert Nang, éphémère Dg n’apparaît que comme un fusible dans cette affaire. Il y a bien longtemps que le fonctionnement de la Fécafoot est décrié sans que cela n’émeuve les dirigeants de la fédé. Les prochains jours renseigneront davantage sur les intentions réelles du président de la Fécafoot.
Par Edouard TAMBA