SEOUL – Winfried Schäfer l’appelle son « meneur », son coéquipier Marco Reich un « tueur », mais lui préfère se définir comme un « homme fort ». Le mot est de Rigobert Song, défenseur, capitaine et inspirateur des champions d’Afrique en titre. Même s’il n’accuse que 25 printemps, Song compte déjà parmi les joueurs les plus expérimentés de cette Coupe du Monde de la FIFA, Corée/Japon 2002™.
C’est à 17 ans à peine que Song fait sa première apparition sur la scène internationale, lors de la Coupe du Monde de la FIFA, Etats-Unis 1994™. Sur le Nouveau Continent, il entra dans l’histoire de la Coupe du Monde de la FIFA, devenant le plus jeune joueur expulsé. C’était à la 63e minute du match de poule face au Brésil. Quatre ans plus tard, Song entre à nouveau dans les annales lors de France 98. A 21 ans à peine, il porte en effet le brassard de capitaine des « Lions Indomptables », étant le plus jeune capitaine à avoir disputé une phase finale.
Pourtant, ce brassard ne l’empêche pas de se faire expulser à nouveau lors du dernier match de poule, face au Chili, qui se solde par un nul 1-1. Un résultat synonyme d’élimination au premier tour pour les Camerounais, pourtant pointés comme de sérieux outsiders avant le coup d’envoi. Depuis, les choses ont changé dans la vie de Rigobert Song. Après diverses expériences plus ou moins couronnées de succès à Salernitana (Italie), Liverpool ou West Ham United, le rugueux défenseur finit par poser ses valises dans le club de Bundesliga du FC Cologne en novembre dernier. Où il enfile également le brassard de capitaine.
Certes, il ne peut éviter aux Colonais d’être relégués en deuxième division à l’issue de la saison, mais il est souvent un des meilleurs joueurs rhénans lors des 16 matches qu’il dispute. Sans la moindre expulsion cette fois-ci ! « Il est du calibre d’un Oliver Kahn », s’exclame Winfried Schäfer. L’Allemand, bombardé sélectionneur nationale de l’équipe africaine en septembre 2001, ne tarit pas d’éloges pour la clé de voûte de sa défense. Car Song est un jusqu’au-boutiste, un combattant infatigable. Pour Thomas Cichon, le libero de Cologne, il est tout simplement « une véritable machine de guerre. Il fait le ménage devant moi. » Chacun écoute ce que Song a à dire. A Cologne comme en équipe nationale, pour le compte de laquelle il a déjà disputé 69 matches.
« Cela fait longtemps que je n’ai plus rencontré de type comme Song, poursuit Schäfer. C’est lui le meneur. Il fait tout pour l’équipe. » Mais Song retourne volontiers le compliment à son entraîneur allemand. « Il a créé quelque chose d’extraordinaire, que notre équipe nationale n’avait jamais connu auparavant. Tous les joueurs se font un plaisir d’assister aux entraînements. C’est pour nous fantastique de travailler avec Schäfer », affirme Song de l’homme qui a mené le Cameroun à un deuxième triomphe consécutif en Coupe d’Afrique des Nations en février dernier. Qui plus est, sans encaisser un seul but en six rencontres.
Un mérite qui revient également en partie à Song, surnommé avec respect « Magnan » (le grand frère) par ses coéquipiers et par les supporters au pays. Le défenseur intraitable dans les airs et dans les duels d’homme à homme attend beaucoup de sa troisième Coupe du Monde de la FIFA. Après les deux succès en CAN 2000 et 2002, ainsi que le triomphe lors des Jeux Olympiques de Sydney en 2000, il aimerait bien que la Coupe du Monde de la FIFA revienne pour la première fois à l’Afrique.
Pour ce faire, le Cameroun doit commencer par se hisser en huitièmes de finale. Tout résultat autre qu’une victoire lors du dernier match de poule face à l’Allemagne pourrait s’avérer insuffisant pour les Africains. Mais Song, dont la participation est toujours incertaine en raison d’une élongation des ligaments du genou, se montre confiant : « Je suis persuadé qu’avec un peu de chance, nous pouvons être champions du monde. » Si tous les Camerounais pensent comme lui, on serait tenté de le croire. Song ne dit-il pas de lui-même qu’il est né pour jouer et pour gagner ?