Le capitaine nigérian Jay-Jay Okocha explose de joie après avoir signé l’égalisation face au Cameroun sur coup franc.
Le Cameroun, peu convaincant depuis le début de la CAN, a chuté face à un Nigeria tout simplement meilleur et nettement mieux inspiré dans son expression sur le terrain. L’ombre de Marc-Vivien Foé a plané sur l’équipe des Lions Indomptables.
Un coup de patte de Jay Jay Okocha, pendant le temps additionnel de la première mi-temps, a fait la différence dans ce quart de finale présenté comme un sommet de la 24ème Coupe d’Afrique des Nations. Un peu vite sans doute, car ni l’une ni l’autre des deux formations n’a été capable, en Tunisie, de reproduire son meilleur football. Et la victoire a souri à l’équipe la mieux organisée. On a pu mesurer l’impact qu’avait Marc-Vivien Foé sur ses camarades, tant dans le jeu qu’en dehors. Mais l’heure n’est pas aux regrets. Le Cameroun a montré des faiblesses cette année qu’il n’était pas en mesure de compenser par sa hargne habituelle.
Hormis pendant les dix premières minutes, les Camerounais ont souvent subi le jeu d’une équipe nigériane disposant d’un véritable milieu de terrain. Tout avait bien commencé avec une pénétration de Samuel Eto’o au coeur de la défense des Super Eagles. Sur le coup franc, Geremi Njitap envoyait son ballon légèrement sur la droite du but nigérian. On se disait alors que les Camerounais étaient dans un bon jour. Passée la dixième minute, les choses allaient brusquement changer. Kanu, pour commencer, obligeait Idriss Kameni à se détendre. Puis Okocha armait son premier tir. Utaka plantait à son tour ses banderilles. Le Nigeria ne menaçait pas vraiment Kameni mais il montrait peu à peu sa détermination. Encore une frappe d’Okocha, lointaine, et le ballon était détourné des deux mains en corner.
La charnière centrale composée de Rigobert Song et Lucien Mettomo ne semble pas au mieux de sa forme, souvent en retard sur les attaquants nigérians. Mettomo gomme in extremis une erreur de placement de son alter ego devant Odemwengie Osaze. En fait, la menace nigériane ne cessait de se préciser. 41ème minute, Joseph Yobo part mettre à contribution les hommes de Kameni. Sur le renvoi, départ très vif de Samuel Eto’o qui efface Okoronkwo et du plat du pied gauche connaît la réussite qui l’avait fui jusque là. 1-0 pour le Cameroun. Les Nigérians nullement décontenancés par ce coup du sort, repartaient à la conquête de la moitié de terrain camerounaise. Et sur un coup franc à l’entrée de la surface, très légèrement excentré côté droit, Okocha délivrait un coup de patte platinien qui laissait pantois Kameni. Tout était à refaire.
Des Lions sans imagination
La deuxième période sera la répétition de la première, avec une plus grande qualité technique côté nigérian. Kanu était aux aguets, Okocha maîtrisait le milieu de terrain, Utaka effectuait des va-et-vient chez les Camerounais, tout comme son compère du jour, Odemwengie Osaze. Les Camerounais envoyaient régulièrement de longues balles en avant, oubliant continuellement un milieu de terrain dont l’imagination n’est pas la caractéristique majeure. Les offensives les plus précises, les mieux élaborées étaient encore nigérianes, d’autant que les Camerounais, lorsqu’ils se retrouvaient dans le camp nigérian, ignoraient les ailes et s’époumonaient à vouloir obstinément passer par le centre.
La logique du match allait être respectée à la soixante-douzième minute: dans sa moitié de terrain, Kanu contrôle de la poitrine, délivre une balle en profondeur pour John Utaka, déjà en pleine course, qui passe Song et Mettomo pour inscrire le deuxième but nigérian, celui de la victoire. La rentrée de Pius Ndiefi, trop tard, allait donner plus de vivacité à une équipe en panne d’imagination. Pius, le joueur le plus en vue de cette fin de match, se créera au cours des toutes dernières minutes deux ou trois actions chaudes, mais Enyeama et les siens veillaient au grain.
Voilà donc le deuxième finaliste de 2002 sorti en quart de finale après le Sénégal la veille. La preuve est faite que le cru 04 est indéchiffrable. La Tunisie, qui affrontera le Nigeria en demi-finale, n’a pas nécessairement gagné au change en tombant sur les Super Eagles. C’est une autre histoire. Le Cameroun, décevant, rentre chez lui. Sur sa lancée, il doit faire très attention à quelques mois du coup d’envoi des éliminatoires de la Coupe du monde. Dans un groupe avec notamment l’Egypte et surtout la Côte d’Ivoire, il risque de connaître quelques désagréments. Il est grand temps de reformater les Lions Indomptables.
Gérard Dreyfus