Candidat malheureux à l’élection du président de la Fédération en 2009, Nkou Mvondo a saisi le Tribunal arbitral du sport pour demander l’annulation de l’élection de Iya. Verdict le 23 mars.
Le président de la Fédération camerounaise de football, Iya Mohammed, a-t-il été bien élu ou mal élu ? Va-t-il continuer à présider aux destinées du football camerounais ? C’est globalement à ces questions que le Tribunal arbitral du sport (Tas) basé à Lausanne en Suisse devrait se prononcer dans les prochains jours. Il a été saisi d’une plainte déposée par Prosper Nkou Mvongo, candidat malheureux à la dernière assemblée générale élective de la Fécafoot.
24 mai 2009. 141 membres de l’assemblée générale de la Fécafoot venus de tous les quatre coins du Cameroun prennent d’assaut l’hôtel Mont Fébé. L’ambiance est solennelle et l’événement ne l’est pas moins : l’élection du président de la Fécafoot. Le face-à-face entre Iya Mohammed, président sortant élu en 2000 et réélu en 2004, et Prosper Nkou Mvondo, discret enseignant de l’Université de Ngaoundéré et président du même club, fait des gorges chaudes dans les médias et les chaumières.
Vient alors le moment de la présentation des candidats. Iya Mohammed entre le premier. Le président de la Fécafoot est plongé dans une énorme gandoura blanche et coiffé d’une chéchia rouge. Il est accueilli par un tonnerre d’applaudissements. La salle lui est visiblement acquise. C’est au tour de Prosper Nkou Mvondo de se présenter devant les électeurs. Le « prof » est sanglé dans un costume bleu nuit, d’une chemise bleu ciel et d’une cravate assortie. L’accueil n’est pas pareil. On maugrée dans son dos. Le challenger de Iya Mohammed n’a pas produit de liste pour cette élection. Il souhaite faire quelques observations avant le déroulement du scrutin. Il juge le processus illégal, tout comme la constitution du collège électoral, qu’il trouve totalement acquis à la cause de son adversaire. Il demande l’invalidation de la candidature de Iya. Mais il ne réussit pas à se faire entendre. Le député de la Lékié, Koa Luc, président de séance, mène les débats d’une main de fer. Il constate que Prosper Nkou Mvondo ne peut pas produire sa liste de 29 membres. Sa candidature est alors rejetée.
Détermination
Seul, face à ses électeurs, Iya Mohammed vainc sans obstacle. Il est réélu à 99,3% des suffrages exprimés. Le candidat malheureux, Nkou Mvondo, ne jette pas l’éponge. Il attaque l’élection de Iya Mohammed auprès de la commission des recours de la Fécafoot. Rejet. Puis, il saisit la chambre de conciliation et d’arbitrage du Comité national olympique et sportif camerounais. Après un an d’errance entre Ngaoundéré, son lieu de résidence, et le siège du Cno à Yaoundé, il est débouté le 23 septembre 2010. Il ne se décourage pas pour autant. En octobre 2010, il saisit le Tas pour demander l’annulation de l’élection de Iya Mohammed. La caution pour l’ouverture du dossier est fixée à 6 millions de francs Cfa. Somme qu’il paie. L’arbitre unique chargé de connaître de cette affaire au Tas est désigné : Me Rafik Dey Daly, avocat à Tunis.
La Fécafoot est assignée à comparaître dans une correspondance datée du 1er février 2010. En réaction, Iya Mohammed désigne les personnes chargées de représenter la Fécafoot à l’audience : Eugène Ebodé (chef de la division juridique de la Fécafoot), Ibrahim Halidou Bouba (magistrat) et Antonio Rigozzi (avocat suisse).
Au cours des débats qui ont eu lieu le 23 février dernier, toutes les parties ont fait valoir leurs arguments pendant près de quatre heures. Le verdict sera connu le 23 mars prochain. Pour le requérant, Nkou Mvondo, quelle que soit l’issue de cet arbitrage au Tas, le combat est encore long et il ne lâchera pas. « Je suis déterminé. L’imposture n’a que trop duré. La Fécafoot est trop fragile. Si l’angle des élections truquées ne passe pas, je changerai d’angle de tir jusqu’à ce que ces gens soient démantelés », martèle-t-il.
Du côté de la Fécafoot, l’on se dit serein quant à l’issue de cette affaire. Eugène Ebodé, le chef de la division juridique, que nous souhaitions rencontrer, se trouvait encore à Lausanne.
Jean-Bruno Tagne