La manière dont Claude Simonet, président de la Fédération française de football a procédé pour trouver un remplaçant au sélectionneur Jacques Santini démissionnaire, avait de quoi provoquer les applaudissements de ceux qui aiment la transparence et le sens de la responsabilité. Les noms des prétendants au profil accompli étaient avancés ; les probables aussi. Les troubles fêtes étaient également connus.
Lorsque Raymond Domenech était retenu, le patron du football français communiqua aussitôt pour expliquer ce choix. Même les perdants ne pouvaient qu’approuver les critères exposés et féliciter l’heureux élu. Des cas similaires avaient eu lieu en Afrique du Sud, au Nigéria et au Sénégal : dans la transparence la plus totale. Pourquoi ne regardons-nous pas souvent ce qui réussit ailleurs pour nous en inspirer ? Dans les cas des pays cités, il y existe pourtant un Ministère des sports assumant la tutelle des fédérations concernées. Ici, « l’exception camerounaise « , qui n’existe que pour consacrer la nébuleuse, autorise le Minjes à envahir de sa présence et de son poids la Fécafoot, multipliant des intrigues et le népotisme. Il refuse même de reconnaître et d’encourager l’équipe présidée par Iya Mohammed qui affiche pourtant un bilan que rarement la Fécafoot n’a présenté de son histoire.
Que reproche-t-on à l’équipe actuelle de la Fécafoot ? Son bilan élogieux? Son plan d’action ambitieux ? D’avoir redonné à cette instance une âme ? De vouloir au football camerounais une place qui serait la sienne aux plans national et international ? Non content que la Fécafoot ait cédé aux pressions de l’ex-Minjes Bidoung Mpwatt qui avait amputé à cette structure près de 60 % de ses recettes sous des prétextes divers, non content de lui avoir arraché la gestion des Lions Indomptables sous l’intouchable vocable de droit régalien, le secrétaire général de la présidence de la République poussa la myopie patriotique jusqu’à imposer » la relecture des textes de la Fécafoot « , bloquant ainsi la tenue de son Assemblée générale, et par voie de conséquence, les élections qui devaient en suivre. Alors que la norme admise sous tous les cieux est de bien faire ce qu’on est appelé à faire, de présenter des résultats vérifiables, « l’exception camerounaise » malmène, tance, vilipende, bloque, freine ceux qui tentent de sortir de la grisaille par leur dynamisme. Ils sont retenus par le bas pour que l’incompétence, la médiocrité, la corruption demeurent la règle de tous ceux qui optent pour la « perspective de la grenouille ».
Je voudrais inviter ceux qui s’intéressent à ce serpent de mer qu’est devenu le dossier de la Fécafoot, à lire une contribution d’Antoine Essomba Eyenga que notre confrère la « Nouvelle Expression » a publié dans sa livraison N°1291 de mercredi 21 juillet 2004. Il s’agit d’un document peut-être critiquable, mais suffisamment chiffré et référencé. L’honnêteté intellectuelle recommande que, sans taire les ambitions légitimes de placer quelqu’un à un poste ou de s’y porter soi-même, qu’on reconnaisse ce qui est bien fait. Et pourquoi pas défier ensuite de mieux faire ? Jean Baptiste Nguini Effa, candidat à la présidence de la Fécafoot et son colistier Eugène Ekeké n’ont pas eu cette dimension le 25 juillet dernier sur le plateau de Canal 2, à l’émission « Actu » de Suzanne Kala Lobé. Ils ont sombré dans la diversion et la cacophonie, célébrant une fois encore « l’exception camerounaise ».
De Xavier Messe, Mutations