« Hommage à Marc-Vivien Foé »: partout sur les banderoles et les t-shirts, plus d’un millier de Camerounais sont venus accueillir samedi matin à l’aube la dépouille du footballeur et les joueurs des Lions indomptables à l’aéroport international de Yaoundé.
Sur le parking bondé, 15 personnes descendent d’un petit taxi jaune pancartes et polos à la mémoire du footballeur camerounais décédé le 26 juin à Lyon (France), lors de la demi-finale de la Coupe des Confédérations. Des femmes, une rose à la main, dansent au son des balafons, un peu fatiguées de veiller depuis vendredi soir à l’aéroport. « Marc-Vivien Foé, l’exemple d’une jeunesse dynamique et respectueuse », peut-on lire sur la banderole d’un fan-club.
Un peu plus loin, devant l’entrée interdite au public, la fanfare de l’Institut national de la jeunesse et des sports joue l’air de « ce n’est qu’un au revoir ». Il est O6h05 (05H05 GMT): le Boeing 767-300 ER de la Cameroon Airlines se pose en provenance de Paris. Le cercueil, recouvert d’un drap blanc, est aussitôt descendu de la soute. Sur le tarmac, des personnalités officielles et sportives, emmenées par le représentant du chef de l’Etat, le ministre d’Etat-secrétaire général à la présidence de la République, Jean-Marie Atagana Mebara, viennent se recueillir près de la bière, tandis que la famille et les joueurs descendent de l’avion.
En pleurs, la mère du milieu de terrain des Lions indomptables se déplace lentement, suivi du père tenant dans sa main celle de son petit-fils. L’air stoïque, vêtu d’un costume sombre, le vieil homme s’incline devant le cercueil de son fils et salue les personnalités.
Parmi tous les visages fermés de la délégation conduite par le ministre de la Jeunesse et des Sports, Pierre Ismaël Bidoung Nkpatt, se détache la frêle silhouette de Marie-Louise, la femme du disparu. La tête et le visage recouverts d’un foulard blanc, le corps recroquevillé, les bras croisés et plaqués sur sa poitrine, elle est soutenue par deux membres de la Croix-Rouge.
« Généralement, on venait ici avec le sourire pour les accueillir, aujourd’hui, c’est avec les larmes », se lamente Dieudonné Batjama, l’oncle de Marie-Louise. Huit officiers de police portent le cercueil avec, à sa tête, la photo du N.17 des Lions. Un long cortège suit, composé des personnalités et des joueurs habillés du maillot jaune, rouge et vert de « Marco », comme ils le surnommaient.
On distingue également la tête blonde de l’entraîneur allemand, Winfried Schaefer ainsi que l’ancien international camerounais Roger Milla. Le cortège passe au milieu de deux rangées de femmes du village de Foé, habillées à son effigie. « Je suis venue voir de mes propres yeux, ce que l’on a fait de mon enfant », chantent-elles en ewondo, leur langue véhiculaire, tout en frappant des mains.
Dans une salle de l’aéroport, le cercueil en bois marron clair est déposé sur un piédestal violet entouré simplement de quatre bouquets de fleurs. Il est ensuite recouvert d’un large drapeau camerounais vert, rouge, jaune. La foule prie devant le prêtre. Une femme en boubou vert pleure bruyamment, d’autres sanglotent. Un jeune garçon s’allonge de douleur près des journalistes.
Lorsque le corbillard se rend à la morgue de l’hôpital général de Yaoundé, des centaines de Camerounais massés le long de la route, regardent silencieusement.
« Foé était un grand joueur, je suis venue le regarder pour la dernière fois », lance Madeleine Mpouel en chemise de nuit devant sa maison. Mais lorsque le bus des joueurs, qui devraient rencontrer le président Paul Biya samedi après-midi, traverse la foule, femmes, hommes et enfants crient et applaudissent en scandant le nom des joueurs. A la morgue, même bousculade. Les jeunes tentent de voir ou de toucher le cercueil, avant la veillée dimanche au stade omnisports.