Au lendemain de la désignation par la Confédération africaine de football (Caf) de Samuel Eto’o Fils comme meilleur joueur africain 2005, le journal l’Equipe du vendredi 17 février 2005 a donné une information de nature à induire ses lecteurs en erreur. En effet, le quotidien sportif français attribue à Eto’o un palmarès qui » égale » et » dépasse » en même temps Abedi Pelé et George Weah parmi les lauréats de ce titre honorifique.
Il affirme d’abord qu’: » Eto’o rejoint ainsi le Ghanéen Abedi Pelé et le Libérien George Weah, eux aussi sacrés trois fois de suite. Il a été élu avec 108 points par les 53 membres de la Confédération africaine contre 106 pour Drogba et 50 pour Essien ». Mais, dans une dépêche de l’Equipe publiée le même jour sur le site de Yahoo sport, la rectification est faite : « Eto’o dépasse ainsi le Ghanéen Abedi Pelé et le Libérien George Weah, sacrés pour leur part deux fois de suite ».
L’origine de la controverse autour du troisième titre de Samuel Eto’o comme premier joueur africain, élu trois fois consécutivement meilleur joueur du continent, est à chercher dans le Ballon d’or africain de France-football. Avant 1995 et depuis 1970, le magazine sportif français désignait à la fois le Ballon d’or européen et le Ballon d’or africain. Dans le même temps, la Confédération africaine de football (Caf), par le biais des journalistes sportifs africains répartis sur tout le continent, procédait à un vote pour la désignation du meilleur footballeur africain.
Le choix des journalistes français n’a pas toujours coïncidé avec celui de la Caf. C’est arrivé notamment en 1993, lorsque le dépouillement du vote de la Caf avait honoré l’attaquant nigérian Rachidi Yekini, pendant que le choix de France-football était porté sur le Ghanéen Abedi Pelé. Permettant ainsi à l’ex meneur de jeu de l’Olympique de Marseille de remporter, pour la troisième fois consécutive, son troisième Ballon d’or France-football.
Une situation presque identique s’est produite en 1994, France-football ayant désigné le Libérien George Weah, alors que la Caf élisait Emmanuel Amuniké, le gaucher nigérian. L’attaquant libérien, après son sacre de 1989, a été de nouveau auréolé en 1995, à la fois comme meilleur joueur africain par la Caf et Ballon d’or européen par France-football. Les responsables du journal français ayant décidé, cette année-là d’uniformiser le Ballon d’or France-football. Dorénavant, il n’existe qu’un seul titre. Il est attribué par les journalistes européens (un votant par pays membre de l’Uefa) au meilleur footballeur évoluant sur le sol européen, indépendamment de sa nationalité.
Le ballon d’or africain France-football est donc mort en 1995, laissant la place au Caf Awards. La Caf étant l’organe suprême qui dirige le fooball africain, ses consécrations individuelles et collectives sont donc les plus honorifiques. Au vu du palmarès de cette institution depuis 1970, le Camerounais Samuel Eto’o est bien le seul joueur jusqu’à présent à l’avoir reçu à trois reprises. Le palmarès complet de ce titre a d’ailleurs été publié par Cameroon Tribune la semaine dernière.
Emile Zola Ndé Tchoussi