« je suis venu chercher mes affaires à Paris avant de rentrer au Cameroun » voilà ce que répondait Kimitoshi Nogawa la semaine dernière à ceux qui lui demandait ce qu’il faisait là, au stade Jules Ladoumergue de la porte de Pantin. Ce mercredi 20 avril, le japonais, qui avait fait sensation quelques jours auparavant en devenant le premier asiatique revêtant le maillot du Canon de Yaoundé s’échauffait pour jouer la deuxième mi-temps du match opposant anciennes gloires, futures stars et étudiants camerounais, habitués des lieux.
Tous les midis de la semaine, ces camerounais, qui pour entretenir sa forme physique, qui pour se relancer en attendant le club de ses rêves jouent d’interminables matches, qui s’arrêtent à 14h pour laisser le terrain à des équipes de jeunes. Alnoudji s’entraînait ici il y a quelque temps, Tchoutang aussi avant d’aller en Malaisie. Même Pierre Womé gardait la forme à Pantin avec ses compatriotes avant de rejoindre Brescia en Italie en janvier.
Kimitoshi jouera donc une mi-temps, la deuxième, en compagnie ce jour-là de Mbida Messi, un ancien lion junior, et Jean-Claude Pagal, l’un des héros de la coupe du Monde Italia 90. Celui-ci parle un peu du japonais : « Techniquement je trouve qu’il est bon, c’est quelqu’un qui est doué et qui aime ça; même s’il est fluet comme un bâton de manioc, il a une vitesse extraordinaire, il est très rapide ». Que fait-il à Paris alors qu’il est supposé jouer avec le Canon?
Pagal a son idée là-dessus : « il a pris la décision de partir vu qu’on ne lui donnait pas ce qu’il escomptait. On aurait dû accepter de le faire signer, même si on n’avait pas tout à fait ce qu’on voulait matériellement »
D’autres joueurs présents ont aussi leur opinion sur l’asiatique. Jean-Jacques A. a eu l’occasion de côtoyer « Kimi» pendant quelques semaines à Pantin, avant son départ pour Yaoundé : « C’est vrai que le championnat camerounais est hyper rude : c’est pas les mêmes mentalités, c’est pas la même culture football qu’ici! » le jeune camerounais, formé à l’Olympique de Mvolyé et passé par le Tonnerre continue : « Sportivement, je reste sceptique quant au fait qu’il s’impose là-bas, mais c’est lui qui s’y est entraîné. il aime bien le Cameroun, paraît-il. Maintenant je ne sais pas si tout est réuni pour qu’il s’adapte là-bas. »
L’intéressé est pourtant très content de son séjour au Cameroun et le fait savoir: « j’ai vu des joueurs physiquement forts, avec une bonne technique. La nourriture était bonne, la musique aussi, le couper-décaler (sic) »
Il dit être venu chercher ses affaires, dire au revoir à sa copine camerounaise de Paris, mais juste après, à la question de savoir à quelle date il rentre à Yaoundé, il répond « je ne sais pas, parce que tout n’est pas parfait. Si le contrat est bon, je signe, s’il n’est pas bon je ne signe pas.» Que va-t-il donc faire en attendant? « je vais continuer de m’entraîner ici à la Porte de Pantin. » conclue Kimitoshi qui ne quitte jamais son éternel sourire.
On a du mal alors à comprendre ce qu’il est parti faire au Cameroun. Envie d’aventure? Coup publicitaire? « Kimi » a l’air d’apprécier en tout cas le battage médiatique autour de lui. Vendredi 22 avril, c’est un ballet incessant de caméras de TF1, de France 2, et de Télésud qui sont venues capturer les images du japonais qui maintenant, vient lui aussi jouer tous les midis à Pantin. La télévision japonaise n’était pas en reste avec un sujet tourné avec lui sur les Champs Elysées plus tard dans la journée. Pour le moment, pas de diffusion par ces médias, car le vrai-faux transfert de Kimitoshi doit être élucidé. Et Komodo Sports dans tout ça, instigateur de sa venue au Cameroun?
Maboang Kessack est le promoteur de cette société basée en Indonésie, qu’il gère avec son beau-frère Onana Jules Denis, ancien international. Il est à Paris pour le moment pour des raisons médicales et familiales. Il confirme les premières paroles de Kimi : « il est ici pour récupérer ses valises parce qu’il était parti sans bagages: le Canon et Abega ont dû lui acheter des chaussures sur place pour qu’il puisse s’entraîner. »
Le patron de Komodo Sports est surpris par la tournure des évènements, et estime que ses détracteurs veulent lui mettre des bâtons dans les roues : « certains anciens joueurs ont demandé à Kimi ce qu’il allait faire au Cameroun. L’un d’eux voulait même l’accompagner là-bas, mais j’ai plutôt envoyé Annie Dipita me représenter. Je comprends maintenant sa réaction » Ce joueur, que Maboang ne souhaite pas citer pour l’instant aurait influencé le japonais pour qu’il ne reste pas au Cameroun. S’agit-il de Pagal, qui se dit le « conseiller » et « ami » de Kimitoshi? On n’en saura pas plus.
Le Canon de Yaoundé a profité dans l’intervalle de l’effet japonais et gagné un premier match en championnat cette année, 1-0 chez le PWD de Bamenda. De son côté, Pagal ne sait pas si le jeune « samouraï » va rentrer chez les « Mekok Me Ngonda »: « À lui de prendre la décision, je ne peux pas l’obliger à faire certains choix…il dit qu’il est encore là. Ici à Pantin, il a mûri son football. Le fait de se frotter aux camerounais ici, ça lui a fait du bien! »
En attendant que Kimi se décide, le Canon de Yaoundé bénéficiera-t-il des deux autres japonais promis? Emmanuel Maboang assure que « le premier, Ryo Tosuka est en route pour le Cameroun : il a pris son visa, fait ses vaccinations à Tokyo et passera par le Kenya pour être à Yaoundé en fin de semaine. » Question d’éviter Paris et d’autres « mauvaises influences ».