Le Secrétaire Général de la Fécafoot, de passage à Douala où le bureau exécutif tenait une réunion de concertation, a accepté de donner son point de vue au sujet du rapport de la commission Nguewa Omer de relecture des textes et celui de son alter ego de la Fédération Essomba Eyenga. Sans ambages et avec franchise, le SG a tenu à répondre à toutes les questions posées. Complétant ainsi la série d’analyses de ces textes que votre journal a clos la semaine dernière et avant qu’un membre de la commission de relecture ne vienne à son tour expliquer les mobiles qui ont guidé au toilettage des textes qui régissent le football camerounais depuis quelques années.
Au regard de la réaction de la Fécafoot sur le rapport de la commission de relecture des textes, on a la nette impression qu’il n’y a pas grand-chose à retenir ?
Nous ne pouvons pas dire qu’il n’y a rien à retenir. Certes l’Etat a prescrit la relecture des textes de la Fécafoot, mais il y avait déjà à la base les prescriptions du congrès de la Fifa à Doha au Quatar qui demandaient aux fédérations d’arrimer leurs textes au statut standard. Ce qui explique que quelque soit la structure appelée à travailler sur ces textes, il faut prendre en compte cette exigence. C’est pourquoi nous pensons qu’il n’y a pas de conflit. D’autant plus que les textes qui doivent être présentés à l’assemblée générale et préalablement à la Fifa doivent être conformes à ce statut standard.
Il ressort de votre rapport que tous les amendements de la commission ayant trait aux élections ont été systématiquement rejetés. Qu’est-ce que vous reprochez concrètement au travail de la commission?
En ce qui concerne le processus électoral, nous avons fait des remarques sur certaines recommandations que la commission a faites parce que nous les avons trouvées irréalistes lorsqu’on tient compte de notre contexte socio-politique. Nous avons fait cas de l’équilibre régional. Et lorsque la commission demande que certaines provinces soient plus nanties que les autres, je crois que cela ne répond pas à la politique que le chef de l’Etat prône à savoir que toutes les provinces sont égales, il n’y en a pas de grandes ni de petites. A ce niveau, il faut s’inspirer de l’exemple de la Fifa et de la Caf. Les provinces sont à la fécafoot, ce que sont les fédérations à la Fifa et la Caf. Le principe là-bas, c’est une fédération, une voix, quelque soit la grandeur du pays représenté. La commission évoque aussi le mode de scrutin, précisément elle rejette le scrutin de liste, pour quelle raison? Pourtant le scrutin de liste est en vigueur même sur le plan politique, notamment pour les élections législatives et municipales. C’est un mode de scrutin qui favorise la cohésion. En plus, si l’Etat l’a adopté pourquoi pas nous et il a toujours été en vigueur à la fédération bien avant nous.
A votre avis, qu’est-ce qui soutend le débat sur les notions de personnes morales et personnes physiques?
A ce sujet, nous sommes d’accord avec la commission sur le fait que les clubs qui sont des personnes morales soient membres de la fédération de même que les ligues provinciales. Mais nous ne sommes pas d’accord au niveau où la commission propose qu’une personnalité qui n’est pas membre de l’assemblée générale, donc inconnue dans les milieux du football, sous le prétexte d’être camerounais, puisse se présenter à la tête de la fédération. C’est une proposition tendancieuse car il n’est pas normal que le premier boulanger du coin ou l’épicier qui ne va jamais au stade parvienne à diriger le football.
Quel sera le processus de validation des textes après synthèse des rapports ?
Nous avons un statut standard qui devra finalement trancher cette affaire. Il faudra que chacun des rapports s’adapte à ce statut standard. De plus, dans une correspondance du président de la Fifa au Ministre de la jeunesse et des sports, on a évoqué les lois nationales. Or, au Cameroun la charte des sports qui date de 1996, n’est même pas encore applicable faute de décret d’application et curieusement la commission de relecture maintient le statu quo et continue de confier la gestion de l’équipe nationale à l’Etat par le biais du Minjes, alors que la Fifa demande que cette gestion soit confiée à la fédération. Somme toute, il n’y aura pas de bras de fer, ce qui sera fait, c’est que les textes de la fédération soient conformes au statut standard et ceci tranchera le débat entre les deux rapports. Une synthèse est à cet effet nécessaire.
Quelle est la structure qui sera chargée de faire la synthèse en question, la Fécafoot ou le Minjes?
Le Ministère de la jeunesse et des sports ne peut pas adopter les statuts de la Fécafoot. Ces statuts, quelque soit le cas, doivent être adoptés par l’assemblée générale de la fédération. Nous pensons que le travail effectué par la commission mise en place par le Ministre, n’est qu’un ensemble de propositions soumises à la fédération et à la Fifa. Et de façon objective, nous verrons ce qui convient de considérer pour la mise en forme définitive des textes. Ce travail doit être fait avec objectivité. Certaines propositions de la commission sont appréciables à l’instar du cas du conseil d’administration qui est juge et partie. Nous sommes d’accord avec la commission à ce sujet et nous avons retenu leur proposition. Ce travail de synthèse va être fait avec la Fifa. Il est hors de question que les textes tels qu’élaborés par la commission de relecture, régissent le football camerounais.
Quel est votre point de vue au sujet de la nomination d’un Directeur général en lieu et place du Secrétaire général?
Nous sommes d’accord sur la nomination d’un Directeur Général et les statuts prévoient cette possibilité. Les mêmes statuts standards laissent le choix aux fédérations de nommer un DG ou d’élire un SG. Pour le second cas, il faut lui ôter la comptabilité dans la gestion. C’est d’ailleurs cette option que la Fécafoot a prise la dernière fois, car le SG actuel de la Fécafoot ne s’occupe pas de la comptabilité. A la place on a désigné un chef de département financier. Pour cette fois, nous avons clairement opté pour la nomination d’un directeur général, pour éviter des conflits de compétence avec le SG élu.
Quelle est l’assemblée générale qui devra valider les textes, l’ancienne ou celle qui sera élue ?
Je dois dire que nous avons engagé un processus électoral sous la supervision des autorités administratives que sont les préfets dans les départements et les gouverneurs dans les provinces, ces élections ont été interrompues. Pendant ce temps, les activités de la fédération se déroulent normalement, les différents championnats se poursuivent sereinement, la fédération n’a pas de problème. S’il y avait une crise, toutes ces activités se seraient arrêtées. Ceci veut dire que les personnes qui se sont dressées contre la Fécafoot représentent une infime minorité. Cette situation a été présentée à la Fifa par nos soins et en réponse, Zurich a déclaré qu’il reconnaissait totalement notre fédération jusqu’à l’aboutissement du processus électoral. Par conséquent, le conseil d’administration et le bureau exécutif continuent de gérer la fédération au quotidien. Au vu de cela, comment peut-on encore parler de l’ancienne assemblée générale? La loi est-elle rétroactive?
Quelle leçon peut-on tirer de cette situation?
Pour moi, c’est la désolation, nous avons entrepris depuis notre avènement à la fédération de faire un travail. Certes, il n’est pas parfait, mais nous pensons avoir beaucoup apporté à la fédération tant sur le plan de son organisation que des investissements. Au moment où nous prenions la fédération, elle avait un endettement d’environ 1,3 milliard de Fcfa. Aujourd’hui, nous avons payé 95% de cette somme. Nous avons pu constituer un patrimoine à la fédération, ce qui n’était pas le cas. Nous avons également obtenu des résultats sur le plan sportif. Nous avons recrédibilisé la fédération aux yeux des partenaires qui ont recommencé à venir vers nous. Malheureusement, cette affaire des six points est venue détruire la sérénité qui régnait. Aujourd’hui, au lieu d’avancer, on a reculé. Cependant au contraire d’être amer, je suis philosophe en me disant que c’est la vie.
Propos recueillis par
Alain Denis Mbezele
et Mathieu N. Njog