Il avait fini par apparaître otage de quelques membres du comité exécutif de la Fécafoot qui ont cheminé avec lui depuis 1998, quand il s’est retrouvé à la présidence de la Fécafoot à la faveur de l’arrestation de Vincent Onana, à la veille de la coupe du monde 1998 en France.
On avait même fini par le présenter comme incapable de rappeler à l’ordre ceux là qui passaient pour être les personnes qui mettent les mains dans le cambouis (ce terme peut être réducteur par rapport la réalité mais nous est apparu comme le plus convenable) pour que le règne de Iya se pérennise.
Pourtant, depuis quelques temps on percevait les signaux de la rupture. Au mois de juin 2006, alors que la désignation d’un nouveau Dg à la Fécafoot s’enlisait, avec notamment la remise en cause par les membres du Comité exécutif du processus de sélection, des proches du président indiquait que la solution ultime serait la démission du Comité exécutif et un nouveau processus électoral. Iya Mohammed devait composer une liste sans ces « gens qui nuisent à son image ». Mais la guerre ouverte avec la tutelle à l’époque avait amené Iya à rechercher l’union sacrée du Comité face aux injonctions du ministre des Sports, Philippe Mbarga Mboa, qui était allé jusqu’à lui donner un ultimatum pour démissionner.
Une secousse n’avait pas réduit la distance qu’avait le président de la Fécafoot avec cette structure. Une distance qui allait bien au-delà de celle physique entre Yaoundé, siège de la fédération, et Garoua, siège de la Sodecoton, une entreprise du portefeuille de l’Etat, où il exerce comme Dg. Cette énième crise avec la tutelle s’était achevée par le départ de Mbarga Mboa du gouvernement. Iya Mohammed ayant réussi à imposer son protégé Jean Lambert Nang à la direction générale de la Fécafoot, la vie avait repris son cours normal à la fédé avec les bantoustans en vigueur qui s’enracinaient.
Puis vint la gestion chaotique des litiges nés avec les Interpoules 2006 au mois de novembre dernier. Un imbroglio auquel il n’est pas étranger. C’est lui, en violation des décisions prises par les instances compétentes, qui qualifia, Ka’a, le gardien de Cetef de Douala, dont le nom ne figurait pas dans la liste des joueurs de cette équipe transmise à la Fécafoot pour la compétition.
Depuis la tripartite Fécafoot, ministère des Sports et Premier ministre qui s’est tenue les 15 et 16 février dernier à l’Immeuble Etoile à Yaoundé, Iya Mohammed est sorti de sa torpeur et, au risque d’y passer, a décidé de faire des sacrifices. Il a limogé sans ménagement Jean Lambert Nang, non sans lui en avoir offert, en gentleman, une porte de sortie honorable. Bien que toujours membre du bureau comité exécutif, David Mayebi et Jean René Atangana Mballa, deux « intouchables » ont été dessaisis des prérogatives que leur avait concédé le président qui, on l’espère, sera désormais le seul capitaine à bord et devra entièrement assumer ses choix comme il le fait depuis 23 ans qu’il dirige la Sodecoton.
Junior Binyam