Le Président de la Fédération Camerounaise de football (FECAFOOT) présente quelques pistes pour sortir le football camerounais de l’ornière.
Séparément, qu’est ce que le ministère des sports et la FECAFOOT feront pour assurer son traitement salarial et offrir à l’encadrement technique un cadre idoine pour le travail ?
Il n’y a pas de problème. Je voudrais même vous dire que nous avons payé son salaire en avance. Le ministère a bien voulu le faire. Pour le moment nous sommes en règle vis-à-vis de ces deux entraîneurs.
Lors de la signature du contrat avec le nouvel entraîneur des lions, le ministre avait indiqué que celui-ci résidera au Cameroun. Comment comprendre que jusqu’à ce jour, il n’ y soit pas toujours ?
Il faut reconnaître que c’est la saison morte en ce moment. Le championnat est terminé. Il n’ y a plus d’activités. Les Inter poules n’ont pas encore démarrées. Sa maison n’est toujours pas prête. C’est pour cela qu’il est parti. Mais vous constaterez que son adjoint, Theo De Jong est toujours là. Je crois que M. Arie Haan en profite pour régler quelques petits problèmes et voir les joueurs puisque les championnats se jouent en Europe. Il reviendra à la fin du mois d’octobre pour assister au tournoi Inter poules et suivre le championnat et les autres activités de la fédération.
Monsieur Arie Haan a deux camerounais comme adjoints. Pourtant, officiellement, nous n’avons vu aucun d’entre eux signer un contrat. Que prévoyez-vous pour eux ?
Les contrats sont en cours d’élaboration. Vous savez que l’un est un fonctionnaire et n’a donc pas besoin d’un contrat proprement parlant. Mais laissez moi vous dire que nous avons revalorisé leurs rémunérations. Je pense que l’Etat a bien voulu faire un geste et que la fédération s’est montrée disposée à l’accompagner. Ces deux adjoints ont vu leurs salaires revalorisés.
Les rapports entre la FECAFOOT et sa tutelle ont été tendus ces derniers temps. Vendredi 13 octobre vous avez rencontré le nouveau ministre. Peut-on dire qu’un jour nouveau s’est levé ?
Je l’ai rencontré pour me faire connaître et pour le féliciter. Pour moi c’est une visite de courtoisie et de prise de contact. Ce n’est pas pour entrer dans les détails. Il m’a reçu avec l’ensemble du bureau de la FECAFOOT et nous avons établi un calendrier de rencontres pour pouvoir aplanir toutes les difficultés qui semblent entraver nos relations. J’en profite pour le remercier pour les deux audiences qu’il a bien voulu m’accorder depuis sa nomination.
Dans les différents stades de football au Cameroun, il n’y a presque pas de panneaux publicitaires. Que comptez-vous faire pour attirer les annonceurs ?
Ces annonceurs commencent à venir. En dehors de nos sponsors officiels, d’autres se sont manifestés lors du match Cameroun – Guinée Equatoriale joué le 7 octobre à Yaoundé. Vous avez dû voir deux ou trois annonceurs. Nous ferons ce qui est de notre mieux pour en attirer le plus grand nombre.
Le public fuit les stades. La fédération assiste en acteur passif. Que comptez-vous faire pour remédier à cette situation ?
Je pense que c’est un phénomène général qui n’est pas propre au Cameroun. Tous mes collègues présidents des fédérations de football en Afrique se plaignent aussi de ce phénomène. Je crois que la fuite des talents africains à la recherche de meilleures terres d’expression et de rémunération y est pour quelque chose. Comme c’est le cas, il faut prendre des dispositions pour s’assurer qu’il y aura moins de fuites. Tout ceci ne peut pas se réaliser sans que les présidents des clubs ne prennent des mesures encourageantes allant dans le sens de l’amélioration des conditions des joueurs.
Quelle est la politique mise sur pied par la fédération pour arrêter cette hémorragie ?
Tout ce que nous pouvons faire c’est d’améliorer leurs conditions. Vous ne pouvez pas retenir quelqu’un qui a une opportunité de mieux gagner sa vie ailleurs tout en brandissant seulement le patriotisme comme argument. Il faut un effort conjugué de la part des présidents des clubs. Au niveau de la fédération, nous avons commencé à prendre certaines mesures en dotant les joueurs d’une police d’assurance, en essayant de les motiver davantage lorsqu’ils font de bons résultats. Je pense que c’est tout ce que nous pouvons faire pour le moment. Nous approchons les instances faîtières du football continental et mondial, qui ont d’ailleurs pris conscience de la gravité du phénomène, pour trouver une véritable solution à ce fléau.
L’absence d’un championnat national qui s’étant sur l’année se pose pour le football des jeunes dans ses différentes catégories. Ne croyez-vous pas que ce soit là la clé du football national ?
Nous avons déjà commencé, avec l’implication très déterminante cette année de notre sponsor MTN Cameroon à qui je réitère une fois de plus notre gratitude. J’espère que les autres participations vont suivre. Nous avons organisé un championnat junior cette année au niveau de chaque province. Les champions provinciaux se sont retrouvés à Yaoundé pour un tournoi national de clôture. C’est un début. Maintenant il ne faut pas rompre cette bonne initiative. Je pense que c’est là le message que je dois passer à la Commission Nationale du Football des Jeunes et en même temps aux autres sponsors qui doivent nous aider. Avec l’implication de tout le monde, je crois qu’il n’y aura pas de problème.
Depuis plusieurs années, les clubs camerounais ne font pas de bons parcours sur le plan continental. N’est ce pas là la sanction d’un championnat de faible qualité ?
C’est d’abord un problème d’instabilité des joueurs. On ne peut pas changer d’effectif dans une grande proportion chaque année et prétendre être au niveau continental. Il faut reconnaître également que nos clubs n’ont pas suffisamment de moyens financiers. On ne peut pas comparer nos clubs pour ce qui est des meilleurs qui ont parfois 200 à 300 millions de francs Cfa de budget annuel à ceux de l’Afrique du nord dont les budgets se chiffrent en milliards de francs Cfa. Nos budgets ne suffisent pas pour recruter les meilleurs joueurs et les conserver. La qualité du football c’est d’abord les joueurs. Depuis un certain temps vous avez dû remarquer que l’Etat aide de moins en moins ces clubs. Moi je ne vois pas comment on peut progresser dans ces conditions.
Il y a un temps, vous promettiez soumettre les clubs à un cahier de charges. Qu’en est-il de cela ?
Ce dernier temps, le bureau de la fédération avait d’autres préoccupations. Nous étions trop pris dans des querelles et les bagarres avec la tutelle. Tout ceci ne nous a pas permis d’avoir le temps nécessaire de réflexion pour lancer cette procédure. La sérénité est en train de revenir, ainsi que l’apaisement. J’espère que nous aurons plus de temps pour nous consacrer aux tâches essentielles de la fédération à savoir : le développement du football qui passe nécessairement par les clubs. Ces clubs doivent avoir des cahiers de charge. Mais déjà quelque chose a été faite au niveau des entraîneurs. Pour ce qui est de la gestion des clubs, nous devrons encore approfondir nos réflexions en la matière afin de trouver les solutions idoines.
Les pays devant organiser la coupe d’Afrique des nations pour les huit prochaines années sont connus. Le Cameroun n’a même pas fait acte de candidature. Qu’est ce qui peut bien expliquer cela ?
Nous avons eu le feu vert du gouvernement pour porter notre candidature pour l’édition de 2012. Malheureusement cette année là est déjà prise. Nous allons voir qu’est ce qu’il faut faire à l’horizon 2014 ou 2016. Nous espérons que d’ici là nous aurons des infrastructures qui représenteront des arguments valables pour postuler à cette candidature.
Le bureau exécutif de la fédération a choisi un nouveau directeur général pour cette institution. Qu’est ce qui a milité en faveur de ce choix ?
Dans la situation actuelle le facteur le plus important pour ce qui me concerne c’est la fidélité. Je pense que sur ce plan là, M. Nang a fait preuve de sa fidélité et de son engagement vis-à-vis de la fédération. Mieux que les deux autres postulants, il connaît le football camerounais et a une bonne connaissance du fonctionnement de la fédération.
Parlant justement de votre bureau exécutif, le public a assisté il n’ y a pas longtemps à une bataille médiatique entre certains de vos membres. Peut- on dire que le calumet de la paix a été fumé?
Moi je pense que l’accalmie est revenue d’autant plus que certains commanditaires de cette révolte ont fini par être ramenés à la raison. La raison a fini par l’emporter sans pour autant dire que tout est revenu à l’ordre comme par le passé. Mais il y a un meilleur apaisement entre le Comité Exécutif et son bureau. Je suis optimiste. Ces relations vont s’améliorer d’avantage. Il y a beaucoup plus de dialogue et de respect entre les membres.
Pouvez vous tenir le même discours pour ce qui est de la ligue provinciale du littoral ?
Oui puisque je constate que le championnat s’est joué, même si on n’a eu un malheureux contre temps. L’essentiel est sauf. Je pense donc que très prochainement l’assemblée générale va prendre une décision appropriée dans le sens du respect des recommandations du Comité Exécutif de juin dernier.
La construction du Centre Technique, annoncée comme l’une des priorités de la FECAFOOT avance à petit pas. Pourtant la fédération était parmi les toutes premières en Afrique à bénéficier de l’aide de la FIFA. Peut-on avoir plus de lisibilité à ce sujet ?
On est bloqué par les finances et l’absence de l’architecte qui est en France pour des raisons très difficiles et très compliquées à expliquer. Cet architecte n’a pas respecté ses engagements. Et puis, il y a le volet financier. La somme qu’on attendait, vu la dégradation des cours de l’échange du franc Cfa par rapport au dollar ne nous permet pas d’aller au rythme voulu. Par conséquent, nous avons dû revoir nos ambitions, pour ce qui concerne les réalisations complètes, à la baisse. Aujourd’hui je pense qu’avec un nouveau technicien, les travaux vont pouvoir avancer.
Les camerounais continuent à s’interroger sur les raisons de la reconduction du contrat liant la FECAFOOT à la firme allemande PUMA. En face, il y avait Nike et Adidas.
Adidas n’était vraiment pas dans le coup. Il ne restait que Nike et Puma. Nous avons prôné la continuité. Nous ne sommes pas mécontents de ce que Puma a proposé. Pendant notre longue collaboration avec Puma, nous n’avons pas connu les mésaventures que nous avons connues avec Nike qui, vous vous souvenez, avait été sous contrat avec la Fédération en 1996. On se rappelle de ce que lors de Can de 1996 en Afrique du Sud, Nike qui était notre équipementier n’avait pas pu nous fournir des équipements. Ce sont des paramètres qui nous ont poussé au maintien de Puma. Nous sommes satisfaits des conditions que Puma nous offre. Ce nouveau contrat à la hauteur de la réputation de notre football est, selon certains observateurs, l’un des meilleurs sinon le meilleur qu’une association africaine ait signé jusqu’ici.
Le Cameroun est champion d’Afrique de la première édition de la Can du Beach soccer. Peut-on s’attendre à la promotion future de cette discipline au Cameroun ?
Je voudrais dire que la fédération est ravie de ce succès. Elle félicite tous les acteurs : les organisateurs, les joueurs, les encadreurs, les dirigeants et le sponsor. Désormais nous allons modifier nos textes pour tenir compte du Beach Soccer. Pour le moment ce sport ne figure pas dans nos textes. Nous allons rectifier cela. Très rapidement, nous allons désigner des dirigeants provisoires pour accompagner cette équipe à la coupe du monde. Je pense qu’ils ont bien fait. Je les félicite tous.
Interview réalisée par Sandeau Nlomtiti (Le Messager)