Ce samedi dernier 17 décembre 2005. L’équipe fanion du département du Noun est rentrée de son séjour fructueux à Douala, à la faveur du concours d’entrée en D1. De Bafoussam à Foumban, en passant par Foumbot, Koutaba, les héros de la poule ‘A’ des Interpoules 2005 ont été chaleureusement applaudis. Voici les Moments forts d’une véritable démonstration populaire, digne d’un club mythique, qui retrouve l’élite 17 ans après…
Après avoir laissé Douala, la délégation est partie de Yaoundé samedi matin, où elle a été saluée par la communauté Bamoun. Elle avait à sa tête le président de Fédéral sporting club du Noun, Njoya Mbombo Seydou. Aux côtés de ce dernier, il y avait aussi monsieur Kom, le directeur administratif et financier de la Ligue de football de l’Ouest et, surtout, l’omniprésent Etienne Tamo, administrateur de la Fécafoot à Tsinga.
Le cortège fort de deux coasters et des rutilantes est arrivé à Bafoussam vers 10 heures. En l’absence du gouverneur de l’Ouest, aucun cérémonial particulier de présentation de l’équipe au numéro 1 de la province n’a été organisé. Quelques instants passés à l’hôtel de ville de Bafoussam, la délégation met aussitôt le cap vers Foumban, après avoir intégré Pierre-Donavan Mbougnia, le vice-président de la Ligue de l’Ouest.
« Bravo les gars! C’est bien ça Fédéral! », leur lancent quelques passants dans les rues de Bafoussam, que le convoi traverse rapidement jusqu’au pont du Noun. Arrêt. Les responsables de l’équipe mettent de l’ordre dans les rangs.
A 11 heures, l’on reprend la route. Les villages Maigon, puis Baïgon sont traversés. S’ouvre alors la ville de Foumbot. Ici, l’on constate que la mobilisation est forte. Vieillards, mamans, jeunes, enfants se ruent sur le cortège. D’aucuns scandent les noms des joueurs, leurs stars. D’autres veulent absolument les toucher. Bain de foule populaire. « Il est l’heure! » saluent-ils. L’escale dure plus que prévu.
Le scénario sera le même quelques minutes après, lorsque les héros atteignent Koutaba, cette ville militaire qu’on contemple, toujours avec un certain regret. Et pour cause, cet aéroport abandonné dans la broussaille que l’on découvre à perte de vue. « Vraiment, Paul Biya a gâté le pays-ci! » s’exclame un responsable local de football, dépité.
Les populations ont fini par se ruer sur le cortège. Qui s’agrandit davantage ici. Des taximen, des bendskineurs ( conducteurs de motos) et autres particuliers intègrent les rangs. Les vitesses sont diverses. Chacun y va de sa fantaisie, pour marquer sa joie. Quelques blessés sont enregistrés. Et l’on recourra au pick-up d’une entreprise brassicole pour transporter une moto bousillée par le goudron.
Après Tayandji, l’entrée à Foumban, la capitale départementale du Noun est amorcée vers 14 heures. Les populations sont omniprésentes, et ne laissent plus les véhicules du cortège se mouvoir. « Fédéral irérréééé!!! », chante-t-on, à tue-tête. Arrêt obligé. L’on peut apercevoir Alassane Fouapong, le sous-préfet de Bafoussam et élite du coin réguler la circulation, finalement bloquée.
L’objectif ici est d’arriver vers le sultanat en ordre. La nombreuse foule ne le permettra que difficilement. Car, c’est le tout Foumban qi est sorti. Des milliers de personnes. Le président Seydou Mbombo est accueilli par des hommes du sultan Ibrahim Mbombo Njoya, chef d’orchestre de la cérémonie du jour, essentiellement réservée au rites traditionnels. Le préfet du Noun, bapès Bilong, absent du département, recevra l’équipe plutôt cevmercredi.
Les choses se passent alors au lieu dit « place du balafon’ de la cour royale, où se sont massées les populations. Sa Majesté fait son entrée, en tenue de fête, fait le tour de la place et entonne un chant de ralliement. Après son installation à la tribune officielle, c’est le temps des discours.
C’est d’abord le président de la communauté Bamoun de Douala qui prend la parole, en sa qualité de président du comité de soutien de Fédéral du Littoral. Njinoussa Mefire Njoya cite et remercie les élites et personnalités de l’Ouest (Claude Juimo Monthé de la Ccima) qui ont contribué à cette montée de Fédéral en D1. Il décrit d’ailleurs l’ambiance à Douala ce dimanche-là, 11 décembre 2005, et s’engage que « Douala soutiendra davantage Fédéral du Noun pour son maintien à l’élite ».
Parlant au nom des joueurs, le capitaine de l’équipe Prosper Mapoune Désirée remarquera que « l’heure n’est pas au discours. Le footballeur fait son discours sur l’aire de jeu ». Acquiescement du Sultan.
Juste une suggestion à l’endroit de tous: « Nous comptons sur vous pour pouvoir exposer et vendre nos talents », plaide-t-il. Accompagnés de deux de ses coéquipiers, ils remettront, en signe de trophée, une photo de l’équipe, prise au centre de formation KSA, où « toutes les conditions ont été réunies pour que nous arrivions à ce succès ».
Le président de l’équipe parlera alors d’une « qualification historique ». Le nom du sultan Njimoluh Seydou, son grand-père, revient, pour se souvenir du fondateur de cette équipe. Précision alors importante: « Fédéral n’est la chasse gardée de personne. c’est le patrimoine de cette population Bamoun », dira Njoya Mbombo Seydou, avant d’exhorter la municipalité de Foumban de « réhabiliter le stade municipal de Foumban afin de ne priver nos spectateurs du spectacle qu’ils attendent depuis des années ».
Le ministre Nji Lamère Njankouo Daniel, délégué auprès du Minefi chargé des programmes, appellera les Bamoun à l’union serrée derrière Fédéral, dont le parcours au tournoi Interpoules a été « brillant et propre « . Pour lui, cette victoire de Fédéral « ne sera jamais une victoire de l’élite, ne nous trompons pas. C’est pour tout le monde ».
Assez convaincu des difficultés et exigences qui attendent l’équipe fanion du Noun en D1. « Taisons nos divisions et regardons ensemble dans la même direction », a-t-il lancé, à l’endroit de toute l’assistance.
Fin de discours heureux, il annonce, déjà, la contribution d’« un ami du Noun », Pilippe Mbarga Mboa, le ministre des Sports et de l’Éducation physique, qui félicite Fédéral du Noun. Le montant de l’enveloppe: un million de francs Cfa. Il le remet, officiellement, au président Mbombo de Fédéral.
Puis place aux rites traditionnels. Le coach Jean Claude Yerima présente ses joueurs, qui ont déjà, chacun, des fans clubs dans le club. Le sultan les honore de la distinction Pâ-Nkâ, qui veut dire soldat. Accompagnée d’un diplôme de bravoure, cette distinction représente l’ordre de l’araignée, inventée par le roi Njimoluh pour combattre l’ennemi.
Dans son mot en langue locale, Sa Majesté Ibrahim Mbombo Noya plaidera aussi pour l’union de tous les Bamouns. La prière oecuménique suivra. Puis, des photos de famille avec le sultan, et les réjouissances populaires dans les quartiers clôtureront cette belle, et historique journée pour Fédéral du Noun, et surtout pour le peuple Bamoun. En attendant le début des vraies choses, le championnat de D1, saison 2006, annoncé déjà pour les 14-15 janvier 2006.