Entraîneur de football, cadre du ministère de la Jeunesse et des sports et membre de la Fédération camerounaise de football, le directeur du stade de la Réunification condamne les violences dans les stades. Il parle des dispositions à prendre pour éviter les violences et fait état des conséquences qui peuvent en découler.
Quelles sont les dispositions que doit prendre la direction d’un stade pour éviter les violences dans les gradins et autour de l’aire de jeu avant, pendant et après un match?
D’entrée de jeu, il faut savoir que le directeur d’un stade est le responsable de l’infrastructure qui appartient à l’Etat. Il a pour mission première de sauvegarder cette infrastructure. Le stade de la Réunification par exemple est un lieu qui peut abriter plusieurs disciplines sportives : football, athlétisme, rugby, cyclisme… et même des événements culturels. C’est à chaque organisateur de manifestation sportive ou culturelle dans un stade qu’il revient en premier lieu de veiller à la sécurité. Evidemment, avec la collaboration de la direction du stade. Ensemble, l’organisateur qui peut être une fédération sportive ou un promoteur d’événement culturel, et la direction du stade saisissent les médias pour sensibiliser les spectateurs sur la sécurité, et les forces de maintien de l’ordre.
A propos des forces de maintien de l’ordre (policiers, gendarmes et militaires), l’on constate que leur présence ne dissuade pas toujours les spectateurs violents. On dirait même qu’elles sont souvent complices de ces derniers.
Dans les stades, chaque corps a un rôle précis. A Douala, par exemple, pour ce qui est du stade de la réunification, les militaires s’occupent de l’extérieur. Dans les tribunes et autres gradins, l’ordre est assuré par les gendarmes et les policiers venus du commissariat central et des commissariats d’arrondissements. A la main courante, ce sont les éléments du Groupement mobile d’intervention (Gmi) n°2. Donc, quand il y a trouble dans un secteur et que les autres éléments en poste ailleurs arrivent tardivement à la rescousse, on a l’impression qu’il y avait complicité.
Maintenant, quand on parle de violences dans les stades, il faut savoir que cela dépend du tempérament de tout un chacun. Il y a des gens qui partent de chez eux avec les problèmes et dans les gradins au stade, dès qu’ils sont mécontents, ils extériorisent cela. Les violences sont souvent occasionnées par les mauvaises décisions des arbitres qui ne respectent pas les 17 lois de jeu de l’International board. Il revient donc aux fédérations qui ont des règlements généraux de sévir sévèrement. Les violences dans les stades peuvent entraîner des guerres civiles. Il faut mettre des garde-fous pour les empêcher. Cela implique que chacun fasse son travail dans un stade. Que les arbitres et les joueurs respectent les lois.
Pour ce qui est du stade de la Réunification, êtes-vous satisfait du travail des forces de maintien de l’ordre?
Sincèrement, pour ce qui est du travail des policiers à la main courante, je suis satisfait. Dans les tribunes, les gendarmes et policiers font pour le mieux leur travail. Mais, comme l’être humain est ondoyant et divers, il y a encore quelques hommes en tenue qui favorisent l’accès au stade des personnes non habilitées. Nous nous battons pour palier ces petites insuffisances. Pour ce qui est de l’extérieur, nous avons mis les militaires en veilleuse. Car, certains qui n’étaient pas de service venaient créer des problèmes aux entrées du stade. Nous sommes actuellement en pourparlers avec la hiérarchie militaire pour régler ce problème.
La direction du stade est-elle souvent sollicitée par la fédération pour régler des litiges nés des violences dans le stade?
Si! Nous sommes souvent sollicités dans ce sens-là. Nos rapports sont complémentaires. Car, il y a ceux des arbitres, du commissaire du match et autres que la commission de discipline et d’homologation prend d’abord en compte. Quand il y a des jets de pierres, des escalades et autres actes de vandalisme, l’infrastructure souffre. Il y a aussi des violences dangereuses dans les gradins qui peuvent se poursuivre dans les quartiers et devenir plus tard une guerre civile. Le directeur du stade a un avis important, en tant que gardien de l’infrastructure.
En tant que cadre du Minjes, entraîneur de football et membre de la Fécafoot, que pensez-vous des violences enregistrées dans divers stades de la République depuis le démarrage du 44e championnat national d’élite de football en cours?
C’est regrettable. J’invite les diverses parties prenantes à prendre conscience de que c’est juste le sport. Et puis, les forces de l’ordre doivent, par tous les moyens, mettre hors d’état de nuire tous les spectateur qui dérangent. A Douala par exemple, il y a un spectateurs à la tribune B qui passe son temps à siffler pour bloquer des actions. Il l’a fait lors des matches Caïman * Canon et Union * Fovu. Un tel individu devrait être repéré et sanctionné. Nous nous attelons à cela, avec l’aide des forces de l’ordre. J’invite enfin les arbitres à respecter les 17 lois de jeu pour ne pas frustrer les supporters de telle ou telle équipe. A ces supporters, je réitère que c’est le sport et rien que le sport.
Honoré Foimoukom