La « bonne » nouvelle a été répandue dans l’opinion camerounaise au journal radio nationale de 15 heures.
Le fonctionnaire, administrateur civil presqu’âgé de
58 ans en retraite, Siegfried David Etamè Massoma remplace Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt à la tête du ministère de la Jeunesse et des sports.
Il s’agit en réalité d’une gifle de Paul Biya, à Bidoung Mkpatt. Une gifle que ses détracteurs trouvent méritée. Il faut dire que l’opinion camerounaise était pourrie par une histoire de sanction de la Commission de discipline de la Fifa, retirant six points aux Lions indomptables assortie d’une amende de près de 80 millions de Fcfa, sanction dont on cherche, presque sans trouver, les tenants et les aboutissants.
D’ailleurs ce matin du 23 avril, au ministère de la Jeunesse et des sports, Dr Bidoung Mkpatt était, une fois de plus, en réunion, avec les 12 membres constituant le Comité d’appel de cette décision, comité installé le 20 avril 2003 afin de revoir les stratégies susceptibles de renverser favorablement la situation en faveur du Cameroun, par des éléments utiles et convaincants du dossier d’appel de la fédération camerounaise de football. Tout ceci se passe aux environs de 10h30, conjointement avec l’équipementier Puma floqué de son avocat.
Peu avant midi, Bidoung Mkpatt a reçu le président sortant de la Fédération camerounaise de football Iya Mohammed. Rien n’a filtré de la discussion. Cependant, certaines sources affirment que l’assemblée élective de la Fécafoot de demain 24 avril était au menu. En même temps le Premier ministre Peter Mafany Musonguè était reçu en audience par le président de la République, au palais de l’unité.
Peu avant le journal de la mi-journée sur le poste national, celui qui était encore ministre de la Jeunesse et des sports du Cameroun a reçu les présidents des équipes, représentant le Cameroun en coupes africaines des clubs, dont les matches retour des 16èmes des finales se jouent ce dimanche. Il était question de leur remettre des subventions du gouvernement, une bouffée d’oxygène de près de 13 millions pour chacune des équipes qualifiées.
C’est quelques minutes avant la fin de cette réunion que la puce serait parvenue aux oreilles de Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt. Les poignées de mains qu’il distribue souvent au sortir des rencontres du genre se sont faites moindres. Il est alors rentré dans son bureau et serait sorti par la porte arrière. Quelques temps auparavant, l’une de ses secrétaires, une certaine Francine est sortie les larmes aux yeux… Signe annonciateur.
A 15 heures, le journal de langue anglaise sur la Crtv a joué les prolongations, en français. Paul Biya a sévi. Celui qu’une certaine presse nationale qualifiait de « ministre du football » ou « ministre des Lions indomptables » a été démis, sans raisons avancées. La “couverture” de l’épouse du chef de l’Etat qu’on lui attribuait avait-elle un peu trop chauffé? L’opinion nationale vient de pousser un ouf de soulagement. L’homme Lion a opiné de la tête et s’offre ainsi celle du ministre le plus controversé de ces dernières années.
Etamè Massoma le nouvel homme fort du minjes
Siegfried David Etamè Massoma reprend du service, après près de trois ans à la retraite. Le champagne coule à flot à son domicile, au quartier Bastos à Yaoundé. C’est la fête, et tous les amis y sont invités!
En réalité, celui qui prend les mentonnières du ministère de la Jeunesse et des sports est un nouveau en la matière. Il est à sa première expérience à gérer un département ministériel. Son plus grand poste dans le commandement n’était jusque-là que celui de gouverneur. Sorti de l’Enam (École nationale d’administration et de la magistrature) où il a passé deux ans, il est premier adjoint préfectoral dans le Noun à Foumban en 1979 dans la province de l’Ouest, chef du cabinet de cette même province l’année suivante et trois ans plus tard, en 1983, il est nommé préfet du département des Bamboutos à l’Ouest. En 1985, il prend le pouvoir à l’Ouest comme gouverneur. En 1991, il est muté dans le Sud-ouest, deux ans après à l’Est. Il rejoint la capitale comme gouverneur en 1998 où il est appelé à faire valoir ses droits à la retraite en novembre 2001.
Sa retraite, il la passe comme tout bon vieux fonctionnaire. Consultant par ci, intervenant dans les séminaires par là. Il est un inconditionnel du sport, notamment du lawn tennis. Sa nomination devrait apporter un plus à la relève des sports dits « mineurs ».
Né le 08 août 1946 à Ndoungué, dans le département du Moungo, province du Littoral, il est titulaire d’une licence en Sciences économiques de l’Université de Yaoundé.
Il devrait être installé dans ses fonctions ce samedi
24 avril à 10 heures. Ce qui devrait provoquer le report de l’assemblée générale élective du bureau exécutif de la Fécafoot prévue ce samedi.
Il a devant lui des dossiers assez brûlants, comme celui qui consiste à redonner au Cameroun son honneur et une certaine image lourdement écornés par son prédécesseur.
Kisito NGALAMOU, à Yaoundé