Le 19 février dernier, Jacques Bernard Anouma, a été reconduit à la tête de la présidence de la fédération ivoirienne de football (Fif). Par acclamation ! Faut-il préciser. Le président de la Fif qui récolte par là-même les fruits du travail abattu en équipes nationales et en clubs depuis quelques années annonce déjà de grands chantiers d’envergure pour les quatre prochaines années. Pendant ce temps au Cameroun, la Fécafoot devenue un cocktail Molotov est au centre des guerres de clans et d’intérêts.
Avant 2003, année du début de son premier mandat, la Côte d’Ivoire, depuis la disparition de la génération des Youssouf Fofana, Abdoulaye Traoré, Gadji Céli, etc avait cessé d’être un ogre sur le plan continental. La traversée du désert qui a duré une dizaine d’années n’a pris fin qu’au début des années 2000. Pour mémoire, les Eléphants de la côte d’Ivoire n’ont pas pris part à l’édition de 2004 de la Coupe d’Afrique des nations en Tunisie. L’année d’après, un homme fait rêver tout un peuple : Jacques Bernard Anoumah, c’est son nom. Finaliste de la Can 2006 et participation honorable pour la première de l’histoire à une phase finale de la coupe du monde de football. Une génération de star est née. Avec pour chef de file Didier Drogba, Didier Zokora, Kolo Touré, Blaise Kouassi, Arouna Koné, Eboué, Yaya Touré, etc.
De grands chantiers en vue
Sur le plan continental, les clubs ivoiriens reviennent en force. Pour boucler la boucle, le président de la Fif, par ailleurs Directeur Financier de la Présidence de la Côte d’Ivoire et président de l’UFOA (Union des fédérations de football ouest africaine) est élu récemment (en même temps que le nigérian Amos Adamu) comme membre du bureau exécutif de la Fifa, en remplacement de Ismail Bhamjee du Botswana et Molefi Oliphant de l’Afrique du Sud. Pour tous ces prestigieux lauriers, Jacques Bernard Anoumah s’est logiquement retrouvé seul comme candidat à sa propre succession lors des élections du 19 février dernier. Et c’est sans surprise qu’il fut plébiscité par les délégués pour un nouveau mandat de quatre ans par acclamation.
A peine réélu, Jacques Bernard Anoumah annonce déjà des « grands chantiers qui permettront à la Côte d’Ivoire de rester au sommet africain et grandir au niveau mondial ». Première mesure, les subventions annuelles des clubs sont revues à la hausse. 38 millions de Fcfa contre 33 millions auparavant pour les clubs de D1 et 8 contre 5 millions auparavant pour les clubs de D2. N’en déplaise à Jean Lambert Nang, directeur général de la fédération camerounaise de football (Fécafoot) qui lors d’une récente interview accordée à Camfoot.com, tout en souhaitant « qu’on remette la balle au centre » a mis les journalistes au défi de lui montrer une seule fédération au monde qui subventionne les clubs, la fédération ivoirienne quant à elle revoit plutôt à la hausse son aide au club. Dans cette mouvance, le statut juridique des clubs sera revisité pour que les équipes évoluant dans le championnat ivoirien aient une existence légale.
Le président de la Fif tient aussi à s’attaquer à la formation anarchique des jeunes en mettant de l’ordre dans les multiples Centres de formations qui poussent à Abidjan comme des champignons. Les infrastructures ne sont pas en reste. Jacques Bernard promet augmenter le parc des infrastructures sportives de la Côte d’Ivoire. Pour l’anecdote, lors de son séjour à Yaoundé pour le match Cameroun-côte d’Ivoire en 2004, le président Jacques Anoumah à qui on faisait visiter le siège de la Fécafoot à eu cette boutade gonflée de moquerie : « C’est tout ça le siège de votre fédération après quatre participations à une coupe du monde et quatre Can remportées ? » Rien à voir avec l’imposant siège de la Fif qui trône à Abidjan !
Bravo Monsieur Anoumah !
Le ‘’must » dans le tourbillon de révolution que connaît progressivement le football ivoirien est celle du championnat qui va dorénavant se jouer sous la forme d’une ligue nationale professionnelle et chapeauté par la Fif. Exactement comme en France où la Ligue de Football Professionnel rassemble les clubs français à statut professionnel soit les 20 clubs de la Ligue 1, les 20 clubs de la Ligue 2 et 6 des 20 clubs du National (D3). Elle gère, sous l’autorité de la Fédération française de football, les Championnats de France de Ligue 1 et de Ligue 2 ainsi que la Coupe de la Ligue. Depuis les accords signés entre la Ligue et la FFF début juillet 2005, la Ligue s’occupe désormais également des équipes de France de jeunes (toutes, sauf les A) et des équipes de France féminines (seniors incluses).
Même si l’application de cette nouvelle formule ne sera certes pas aisée à ses débuts, il faut tirer un coup de chapeau aux dirigeants ivoiriens qui veulent professionnaliser absolument leur championnat. Pendant ce temps au Cameroun, l’équipe nationale n’a pas d’entraîneur (on fini même par oublier que le poste est vacant depuis la démission d’Arie Haan), le championnat vient à peine de démarrer (alors que d’autres pays africains sont à plus de 15 journées déjà), le bras de fer entre le Minsep et la Fécafoot atteint son paroxysme, la tête du Dg de la Fécafoot est réclamé au prix fort par l’Acpd (association des clubs de première division) et certains membres du bureau exécutif qui eux-mêmes, sont tiraillés entre différents clans, les ligues provinciales sont aux abois (le Littoral par exemple vient d’annuler le championnat 2006, donc, incongruité suprême, aucun club ne descendra en D3, et la liste n’est pas exhaustive. Pendant ce temps, disions-nous, la Côte d’Ivoire avance, évolue et prépare déjà la coupe du monde 2010. Chapeau Monsieur Jacques Anoumah ! Chapeau pour ce bel exemple de gestion.
Eric Roland Kongou, à Douala
Crédit photo: Africafoot.com