Vice capitaine des lions indomptables, sociétaire de Chelsea, club de première division anglaise, il parle de sa saison sportive, des lions, du futur entraîneur des lions, de Pierre Wome Nlend et des équipes africaines à la coupe du monde.
Votre club, Chelsea, a été sacré champion d’Angleterre. Personnellement, comment jugez-vous votre saison sportive ?
Je peux vous dire que j’ai passé une bonne saison sportive. Elle était mieux, pour moi, que celle de l’année dernière. Pour une seconde fois consécutive, nous sommes champions d’Angleterre. Un titre que tout footballeur aimerait avoir. Surtout que c’est le championnat anglais qui est l’un des plus disputé du monde.
Serez-vous toujours sociétaire de Chelsea l’année prochaine ?
A aucun moment, je n’ai été sur la liste des transferts. Je suis lié à Chelsea pour deux ans encore. J’espère les faire, et peut être avoir le soutien des dirigeants pour prolonger mon séjour dans ce club. Chelsea est un club dont les ambitions augmentent chaque année. L’année dernière, il était question de jouer tous les titres à notre portée. Malheureusement, nous avons fait un parcours court à la Champion’s Leage. Pour l’année prochaine, nous calculons le titre de champion d’Angleterre et de l’Europe.
Comment vivez-vous la non-qualification des Lions Indomptables pour la coupe du monde ?
Je ne voudrais pas en parler. Actuellement encore, j’en souffre. Je ne regarde pas le mondial. Pour moi c’est une blessure qu’on essaie d’étouffer.
Comment percevez-vous la prestation des équipes africaines ?
Jusque-là, on n’enregistre pas les résultats souhaités. Il faut rester attentif pour la suite de la compétition pour le Ghana, la Tunisie et certainement l’Angola. Je supporte toute l’équipe africaine. Je dois déjà vous dire que je vois les grandes lignes à la fin des rencontres, je crois que la Côte d’Ivoire a eu des potentialités qui lui permettaient d’aller loin dans cette compétition. Mais ils sortent de la coupe du monde dès le premier tour.
Côte d’Ivoire – Argentine, pour qui votre cœur battait, ce d’autant plus que vous aviez un coéquipier dans chacune des deux équipes nationales ?
Sincèrement, je n’ai jamais souhaité que la Côte d’Ivoire trébuche. Surtout que là, c’était leur premier match de la compétition. L’Argentine pouvait se rattraper après. En outre, je suis africain. Didier Drogba et moi sommes des frères. Et quand un frère est devant, il a besoin du soutien ou du petit conseil. Je suis en contact avec lui. Parfois il m’appelle pour me demander comment j’ai trouvé le match. Et ça, c’est très important. Moi je donne mon opinion. Etant hors du terrain, et en ma qualité de joueur, il y a des choses que je décèle facilement. Nous partageons les expériences.
Au mois de septembre prochain, le Cameroun prendra part aux éliminatoires pour la coupe d’Afrique des nations 2008. Votre poule vous la connaissez : Rwanda, Guinée Equatoriale, et le Libéria. Pour vous c’est gagné d’avance ?
Vous savez aujourd’hui le Cameroun est devenu la bête noire de tous les pays africains. Ce qui fait que tous nos matches sont difficiles. Nous sommes avertis. Ce qui fait que nous nous impliquons sérieusement face à toutes les équipes. Il n’y a pas de petite équipe. Avec le coup que nous avons connu lors des éliminatoires couplées Can coupe du monde, on ne va plus prendre les choses à la légère.
On vous a vu jouer à l’axe central lors du match amical contre les Pays-Bas, une reconversion ?
Je suis professionnel. Ce jour-là, nous avions des absents. Le capitaine était blessé. On a fait avec. A la deuxième mi-temps, nous avons trouvé les automatismes. Pour moi, ce n’était pas un poste nouveau. Quand j’étais sociétaire du Real de Madrid, j’ai évolué à plusieurs reprises comme libero.
Jules Nyongha a engagé un stage avec les professionnels non encore sélectionnés au sein des lions. Comment percevez-vous cela ?
C’est une très bonne idée. Il faut encourager de telles initiatives. Aujourd’hui, les Camerounais évoluent dans de nombreux championnats du monde et on ne les connaît pas. C’est l’opportunité ou jamais de regrouper ces jeunes qui sont en vacances. Il faut préparer la relève. Une équipe nationale, ce n’est pas toujours les mêmes. Ça se prépare. Il y a ceux qui sont en train de partir. Pour moi, c’est une idée que j’ai beaucoup appréciée.
Pensez-vous que le stage prochain des joueurs locaux soit également important pour les lions ?
C’est clair. Vous savez, c’est l’équipe nationale du Cameroun, et non celle des joueurs camerounais évoluant à l’étranger. Elle est celle de tout joueur camerounais capable d’apporter quelque chose. Ça fait toujours du bien de voir un joueur évoluant dans le championnat national, intégrer le groupe. Quand on jouait dans l’équipe nationale, nous appartenions aux clubs locaux. C’est très important pour les jeunes joueurs. Nous tous nous sommes passés par là. On n’essaie de leur faciliter l’intégration en blaguant. Si tout passe à ce niveau, ça marchera sur le terrain. Le football est un sport collectif. On a besoin de tout le monde.
Quel contact entretenez-vous avec Pierre Wome Nlend ?
Nous avons de très bonnes relations. Sans être le sélectionneur, les portes ne lui sont pas fermées. C’est un grand joueur. Il a fait une très bonne saison avec Inter de Milan. Il a signé dans Werder de Brême qui prendra part à la Champion’s Leage. Il est disponible. Personnellement, j’aimerais qu’il soit à la disposition des entraîneurs pour apporter son énergie au groupe.
Mais avant la Can, le président de la Fécafoot s’est attribué la paternité de sa mise à l’écart de la sélection nationale. Qu’est ce qui s’est passé ?
Sincèrement, c’est un dossier qui m’a échappé. Mais quand on a cherché à savoir, nous avons appris que c’était une manière de le protéger, par rapport à ce qui s’est passé. C’est la raison qu’on nous a donnée. Il fallait le comprendre ainsi. Maintenant, il est à la disposition des lions.
Samuel Eto’o Fils, lors d’une conférence de presse donnée à Yaoundé, a dit que le Cameroun compte de très grands entraîneurs pour diriger les lions. Quelle est votre position ?
Je crois qu’à ce niveau, c’est un problème de confiance. On a vu ça partout. La politique de chaque pays, c’est d’avoir à la tête des sélections nationales des nationaux. Pourquoi pas au Cameroun ? On n’a connu des nationaux qui ont fait des bons résultats avec les lions. Je pense qu’on peut leur refaire confiance. Et les laisser gérer librement leurs sélections ? J’ai la certitude qu’ils feront de bons résultats.
Qui sont les entraîneurs qui vous auront le plus marqués au sein de la sélection nationale ?
J’ai connu le trio d’entraîneurs : Jean Manga Onguené, Jean Pierre Sadi et Akono Jean Paul. Aujourd’hui, c’est Jules Frédéric Nyongha. Je crois qu’ils sont qualifiés. Ils ont l’expertise pour diriger les lions. Je ne veux pas dire que les autres n’ont pas d’arguments. Mais je ne peux pas les juger puisque nous n’avons pas eu à travailler à ce niveau.
Plusieurs entraîneurs étrangers ont été annoncés. Quelle est votre position ?
Sincèrement, je souhaiterais que ce soit un compatriote. Par ce qu’il a une idée déjà de l’équipe nationale camerounaise. L’expatrié sera quelqu’un qu’on ne connaît pas. Vous savez, quand on joue les qualifications, on n’a pas le temps de faire les connaissances. C’est-à-dire les expatriés n’ont pas le temps d’entraîner l’équipe nationale. On n’a qu’une semaine pour préparer les matches. Pourtant le compatriote a une idée générale. Il connaît l’équipe et la majorité des joueurs. Pour moi, un Camerounais fera une bonne affaire. Si on prend un étranger, il faudra lui donner le temps de faire une sélection et de connaître les joueurs. C’est un très long travail. Un Camerounais, ça arrangerait beaucoup de choses.
Et la non-désignation d’un entraîneur jusqu’à ce jour ?
Je crois jusqu’à présent, il n’y a pas de problème. Nous sommes en vacances. Ce n’est que la coupe du monde qui se joue actuellement. Ils sont en train de travailler. Laissons leur le temps. Je crois qu’au moment opportun, ils prendront la décision.
Pensez-vous que la discipline soit revenue au sein de Lions Indomptables ?
Comme vous avez pu le constater, quand on parle de l’organisation ou de la discipline, il s’agit des points où on a fait d’énormes progrès. Il faut le reconnaître. Quand on regarde notre préparation des éliminatoires couplées Can – coupe du monde, il y a beaucoup de choses qui ont été améliorées.
Comment vivez-vous les problèmes entre les responsables du ministère et ceux de la Fécafoot ?
C’est clair que cela ne nous concerne pas quand on est joueur. Chacun doit faire son métier. Le nôtre est sur le terrain. Maintenant, il faut encourager les dirigeants à s’organiser pour que l’équipe fonctionne mieux.
Un message à l’endroit des camerounais ?
Je leur demande de rester soudés, qu’on travaille ensemble pour qualifier le pays. Par ce que le drame que nous avons eu de la non-qualification n’est pas encore passé chez la plupart des Camerounais. Pour guérir cette blessure, il faut se qualifier pour la prochaine Can. Le public sait que nous avons une bonne équipe. Quand il regarde les matches de la coupe du monde, il sait qu’on pouvait faire mieux pour l’image de l’Afrique.
Par Interview réalisée par Sandeau Nlomtiti