Moins de vingt-quatre heures après avoir regagné le Cameroun, Otto Pfister, le sélectionneur de l’équipe nationale de football a donné un point de presse. Excédé d’avoir été le principal point de mire des journaux camerounais ces derniers jours, le technicien allemand a choisi de mettre les points sur les i, le vendredi 7 mars 2008, dans la salle de conférence du ministère des Sports et de l’Education physique.
Caché derrière des lunettes fumées, il était impossible de déchiffrer l’expression de son visage. Mais, le ton utilisé permettait de constater qu’il n’était pas content, alors pas du tout, de vivre dans un pays dont les ressortissants ne veulent pas que les choses marchent dans le domaine du football. « Je n’abandonne jamais. Sauf si on me remercie. Je ne suis pas Arie Haan. Je suis un technicien et je m’en tiendrai à cela », a-t-il soutenu, péremptoire.
« Je ne veux pas faire de polémique, parce que si je le fais, je vais perdre ma concentration. Avant notre participation à la Coupe d’Afrique des Nations, beaucoup parmi vous pensait que nous n’avions aucune chance. Or, nous sommes arrivés en finale », a-t-il indiqué. Ce n’était d’ailleurs pas le fruit du hasard. Selon lui : « lors du stage préparatoire à Ouagadougou au Burkina Faso, nous avons travaillé dur. Certains joueurs ont même perdu du poids. C’était le cas de Modeste Mbami « , poursuit celui qui a deux principaux objectifs pour la sélection nationale fanion : « Que les lions gagnent la Coupe d’Afrique en Angola en 2010 et la même année, qu’ils soient dans le dernier carré d’as lors de la Coupe du monde en Afrique du Sud. »
Pour atteindre ce but, Otto Pfister compte » renforcer l’équipe avec quelques nouveaux joueurs.
J’ai d’ailleurs commencé à sillonner l’Europe pour chercher d’autres en dehors de ceux qu’on connaît déjà. Même si je reconnais qu’après les Jeux olympiques, je verrai un peu plus clair. Tous ceux qui brilleront en Chine rejoindront automatiquement la sélection nationale. Le reste m’importe peu. » Même si de prime abord, il a voulu balayer d’un revers de la main la création de la commission Roger Milla par la Fédération camerounaise de football (Fécafoot). Otto Pfister s’est rétracté en indiquant qu’il est prêt à collaborer avec tout le monde, surtout s’il y a de bonnes propositions pour le football. Il a d’ailleurs reconnu avoir une réunion ce jour, lundi 10 mars 2008 avec les membres de cette commission, mise sur pied pour élaborer les stratégies devant permettre au Cameroun de mieux préparer la Can et la Coupe du monde 2010.
Comme Directeur technique national, après avoir signalé qu’il s’installera de manière permanente au Cameroun dès le 1er avril 2008, Otto Pfister compte : animer des stages de recyclage avec les entraîneurs de première division, observer les séances d’entraînement dans les différents clubs de l’élite. Otto Pfister reconnaît d’ailleurs qu’à cet effet, il faut beaucoup de moyens financiers. Il s’est d’ailleurs interrogé sur la disponibilité des fonds.
Par ailleurs, à propos de « l’affaire Fernand Taninche », Otto Pfister a reconnu être entré en contact avec lui. « J’étais encore au Soudan quand ce monsieur m’a appelé pour me demander si je voulais entraîner les Lions indomptables. Il m’a dit qu’il voulait 20% de prime de signature si j’étais retenu. Or, ici, il n’existe pas de prime de signature. Je ne lui dois donc rien », a-t-il tranché. « Pourquoi m’attaque-t-on? Laissez-moi tranquille. Sinon, c’est le football camerounais qui va perdre », déclare-t-il en guise d’avertissement. D’ailleurs, la sélection iranienne lui a fait une offre mirobolante d’un million de dollar qu’il a décliné parce qu’assurant l’encadrement des Lions indomptables.
Priscille G. Moadougou