Bien que cela ne soit plus une information, on ne peut néanmoins s’empêcher de relever que le football camerounais est un grand malade. Malgré son état préoccupant, il ne reçoit toujours pas de soins. Le football est toujours assis à la salle d’accueil des urgences d’un hôpital, attendant d’être pris en charge.
Pourtant, le Minsep et la Fécafoot, les deux médecins de garde ont déjà pris sa température. Ils ont même dressé le diagnostic mais tardent toujours à donner l’ordonnance. Le football camerounais a besoin d’un traitement de choc. Les deux spécialistes, semble-t-il, cherchent encore la bonne manière pour s’y prendre. Pendant que la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) annonce l’organisation d’une » vaste réflexion « , le MINSEP, lui, penche plutôt sur l’organisation » des états généraux « . Depuis qu’ils ont arrêté leur protocole d’intervention, annoncé presque de façon simultanée -une semaine d’intervalle seulement-, les deux médecins n’ont plus réapparu à la salle d’accueil des urgences. Vendredi dernier, un secouriste passait par là. Très touché par l’état de santé du malade couché sur la civière, le Comité national Pierre de Coubertin, c’est le nom de ce secouriste, a administré les premiers soins au malade pendant une journée.
Cette image caricaturale, résume, à notre avis, la désolante situation dans laquelle se trouve le football camerounais. Sans perdre de temps, le secouriste a posé son diagnostic. Il a écarté la thèse de la » réflexion » et des » états généraux « . Il a travaillé à partir d’une autre hypothèse : le » sommet sur la gouvernance du football camerounais « . L’objectif ? » Donner une autre chance au football « . L’équipe des secouristes, conduite par Evele Malik Atour, président du Comité national Pierre De Coubertin, est multicolore. Elle comprend des enseignants d’EPS, des juristes, des journalistes, des entraîneurs. Les présidents des fédérations sportives nationales ont même été appelés au chevet de ce malade. Deux exposés ont particulièrement retenu l’attention des participants à ce sommet. Celui de François Dikoumé, ancien directeur des Sports. L’exposant a traité des chapitres relatifs à la gestion des stades, au transfert des joueurs, véritable » nébuleuse « , à la formation et au recyclage des personnels administratifs et techniques, au chevauchement des compétences entre le MINSEP et la FECAFOOT. François Dikoumé a remis sur la platine un vieux disque qu’on entend tous les jours. L’une des solutions pour sortir de la crise passe, à son avis, par l’élaboration et la mise en application de bonnes lois. La signature de la charte des sports, constituera, à ses yeux, une avancée.
L’un des points forts de cette journée a été le passage de Jules Frédéric Nyongha. L’entraîneur national par intérim a développé le thème relatif à la gouvernance du football qui, à ses dires, devrait être portée par un triptyque : la vision, sa matérialisation et ses moyens. Clairement, Jules Nyongha, a affirmé, sans mettre de gants que » la politique du football camerounais manque de vision et de moyens « . Le technicien a prescrit une refonte des compétitions (D1, D2, Interpoules,), un redéploiement optimal de la Direction technique nationale (DTN), la construction des infrastructures et l’adoption d’attitudes professionnelles. Dans sa longue marche vers la guérison, le football camerounais n’a reçu vendredi dernier que des calmants. Depuis qu’il est interné, il attend toujours la prescription du Minsep et celle de la Fécafoot. Le secouriste est venu leur » voler » un malade pour l’emmener dans une clinique privée.
Brice MBEZE